Article en référence: https://www.reddit.com/r/ArtificialInteligence/comments/1l5ri90/ai_does_95_of_ipo_paperwork_in_minutes_wtf/

Récapitulatif factuel

Le PDG de Goldman Sachs, David Solomon, a récemment déclaré que l’intelligence artificielle peut maintenant rédiger 95% d’un prospectus d’introduction en bourse (IPO) en quelques minutes seulement. Cette tâche nécessitait auparavant une équipe de six personnes travaillant pendant plusieurs semaines.

Pour comprendre l’ampleur de cette transformation, il faut savoir qu’un prospectus d’IPO est un document légal complexe de plus de 200 pages qui détaille tous les aspects financiers, juridiques et opérationnels d’une entreprise qui souhaite s’introduire en bourse. C’est littéralement le document qui détermine si des investisseurs vont risquer des millions de dollars dans votre entreprise.

Le PDG de Perplexity, Aravind Srinivas, a même renchéri en affirmant que leur technologie pourrait accomplir 98-99% de ce travail. Ces déclarations soulèvent des questions fondamentales sur l’avenir du travail intellectuel hautement spécialisé.

Les commentaires de la communauté Reddit révèlent une réalité nuancée : plusieurs professionnels du domaine expliquent que beaucoup de ces documents étaient déjà largement basés sur des modèles standardisés et du copier-coller adapté. L’IA ne fait donc qu’automatiser un processus qui était déjà partiellement mécanisé.

Cependant, le défi réside dans les fameux “derniers 5%” - la vérification, la validation des données financières, la conformité réglementaire spécifique à chaque industrie, et la gestion des cas particuliers qui peuvent faire la différence entre un succès et un désastre juridique.

Point de vue neutre

Cette évolution s’inscrit dans une tendance plus large où l’IA transforme progressivement les emplois intellectuels, mais pas nécessairement de la manière dramatique que certains prédisent.

La réalité probable se situe quelque part entre l’euphorie technologique et la panique généralisée. Les équipes de six personnes ne disparaîtront pas du jour au lendemain, mais elles pourraient se réduire à deux ou trois spécialistes senior qui se concentrent sur la supervision, la validation et les aspects stratégiques.

Ce qui émerge, c’est un nouveau modèle de travail où la valeur humaine se déplace vers l’expertise contextuelle, la pensée critique et la capacité à détecter les nuances que l’IA ne peut pas saisir. Les professionnels qui s’adaptent en devenant des “superviseurs d’IA” qualifiés pourraient voir leur valeur augmenter, tandis que ceux qui résistent au changement risquent d’être marginalisés.

L’aspect le plus intéressant n’est pas tant la capacité de l’IA à générer du contenu, mais plutôt comment les organisations vont restructurer leurs processus pour tirer parti de cette technologie tout en maintenant la qualité et la responsabilité légale.

Il est probable que nous assistions à une période de transition où les entreprises expérimentent avec ces outils, apprennent de leurs erreurs, et développent graduellement de nouvelles méthodes de travail hybrides humain-IA.

Exemple

Imaginez que vous dirigez une boulangerie artisanale réputée dans le Vieux-Québec. Pendant des décennies, votre équipe de six boulangers expérimentés se levait à 3h du matin pour pétrir, façonner et cuire chaque pain à la main. C’était un art, une tradition, un savoir-faire transmis de maître à apprenti.

Un jour, quelqu’un vous présente une machine révolutionnaire qui peut produire 95% de vos pains en 10 minutes. Elle mélange parfaitement la pâte, respecte les temps de levée, et sort des baguettes qui ressemblent exactement aux vôtres. Impressionnant, non?

Mais voilà le hic : cette machine ne sait pas ajuster la recette quand l’humidité change, elle ne peut pas détecter si la farine de ce lot particulier réagit différemment, et elle ne comprend pas pourquoi Mme Tremblay préfère ses croissants légèrement moins dorés le mardi matin.

Alors que faites-vous? Vous gardez un ou deux de vos meilleurs boulangers pour superviser la machine, goûter chaque fournée, et s’occuper des commandes spéciales. Votre boulangerie produit maintenant trois fois plus de pain avec moins de personnel, mais la qualité reste au rendez-vous grâce à l’œil expert de vos maîtres boulangers.

C’est exactement ce qui se passe avec les documents d’IPO : l’IA fait le gros du travail répétitif, mais il faut encore des experts pour s’assurer que le “pain” final ne fera pas exploser la boulangerie!

Point de vue optimiste

Nous vivons un moment historique absolument extraordinaire! Cette révolution de l’IA dans les services financiers n’est que le début d’une transformation qui va libérer l’humanité des tâches répétitives et nous permettre de nous concentrer sur ce qui compte vraiment : la créativité, l’innovation et la résolution de problèmes complexes.

Pensez-y : si Goldman Sachs peut automatiser 95% de la paperasse d’IPO, imaginez les possibilités infinies qui s’ouvrent! Les jeunes professionnels n’auront plus à passer des nuits blanches à formater des documents - ils pourront directement se concentrer sur l’analyse stratégique, les relations clients et l’innovation financière.

Cette démocratisation de l’expertise va permettre à des entreprises plus petites d’accéder à des services de qualité institutionnelle. Une startup de Montréal pourra maintenant préparer son IPO avec la même sophistication qu’une multinationale, simplement parce que l’IA aura nivelé le terrain de jeu.

Et ce n’est que le début! Dans cinq ans, nous aurons des IA qui non seulement rédigent les documents, mais qui analysent les tendances du marché en temps réel, optimisent les stratégies d’investissement, et même prédisent les meilleures fenêtres pour les introductions en bourse.

Les professionnels qui embrassent cette transformation vont devenir des super-humains augmentés par l’IA. Ils pourront traiter dix fois plus de dossiers, offrir des conseils plus précis, et créer de la valeur à un niveau jamais vu auparavant. C’est l’aube d’une nouvelle ère de prospérité et d’efficacité!

Point de vue pessimiste

Cette annonce de Goldman Sachs devrait nous inquiéter profondément, car elle révèle à quel point nous sous-estimons la vitesse à laquelle l’IA va déstabiliser notre économie.

Si des tâches aussi complexes et critiques que la rédaction de prospectus d’IPO peuvent être automatisées à 95%, qu’est-ce qui protège encore les emplois intellectuels? Nous parlons ici de documents qui engagent des milliards de dollars et des responsabilités légales majeures - si l’IA peut faire ça, elle peut probablement remplacer la majorité des analystes, conseillers, et même des gestionnaires.

Le problème le plus grave n’est pas la perte d’emplois immédiate, mais la destruction de la chaîne de formation professionnelle. Comment les jeunes diplômés vont-ils acquérir l’expertise nécessaire pour devenir ces fameux “superviseurs des 5% restants” s’ils n’ont jamais eu l’occasion de faire les 95% de base? C’est comme essayer d’apprendre à être chef cuisinier sans jamais avoir épluché une carotte.

De plus, cette concentration du pouvoir entre les mains de quelques géants technologiques est terrifiante. Goldman Sachs a probablement investi des millions pour développer cette capacité - que font les petites firmes qui n’ont pas ces ressources? Elles deviennent dépendantes de technologies qu’elles ne contrôlent pas et ne comprennent pas.

Et soyons honnêtes : les PDG qui font ces annonces ont tout intérêt à survendre les capacités de l’IA pour justifier des licenciements massifs et augmenter leurs profits. Dans quelques années, quand les erreurs coûteuses commenceront à s’accumuler, il sera trop tard - une génération entière d’expertise humaine aura été perdue.