Le PDG de DeepMind (lauréat Nobel) prédit que l IA guérira toutes les maladies d ici 10 ans. Les experts biotech restent sceptiques: les essais cliniques prennent du temps et la biologie est complexe. L IA va révolutionner la médecine, mais à quel rythme? #IA #Santé #Science

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Récapitulatif factuel

Demis Hassabis, PDG de DeepMind (une entreprise d’intelligence artificielle appartenant Ă  Google) et laurĂ©at du prix Nobel de chimie, a rĂ©cemment dĂ©clarĂ© lors d’une interview que l’IA pourrait permettre de guĂ©rir toutes les maladies dans les 10 prochaines annĂ©es. Cette affirmation a suscitĂ© de vives rĂ©actions dans la communautĂ© scientifique et technologique.

DeepMind est connue pour ses avancĂ©es significatives dans le domaine de l’IA, notamment avec AlphaFold, un systĂšme qui a rĂ©volutionnĂ© la prĂ©diction de la structure des protĂ©ines - une avancĂ©e qui a valu Ă  Hassabis son prix Nobel. Cette technologie permet de comprendre comment les protĂ©ines se replient dans l’espace tridimensionnel, ce qui est fondamental pour comprendre leur fonction et dĂ©velopper des mĂ©dicaments ciblĂ©s.

La dĂ©claration d’Hassabis repose sur l’idĂ©e que l’IA pourrait accĂ©lĂ©rer considĂ©rablement la recherche mĂ©dicale en:

Cependant, de nombreux experts en biotechnologie et en médecine soulignent plusieurs obstacles majeurs à cette vision:

  1. Le temps de dĂ©veloppement clinique: MĂȘme avec une comprĂ©hension parfaite des mĂ©canismes biologiques, le processus d’approbation des mĂ©dicaments prend gĂ©nĂ©ralement 6 Ă  15 ans par maladie, avec des taux de rĂ©ussite infĂ©rieurs Ă  8%.

  2. La diversité biologique: Il existe plus de 10 000 maladies répertoriées, allant des troubles génétiques aux maladies infectieuses, en passant par les cancers et les maladies neurodégénératives.

  3. Les contraintes rĂ©glementaires: Les organismes comme la FDA exigent des donnĂ©es de sĂ©curitĂ© Ă  long terme qui ne peuvent ĂȘtre accĂ©lĂ©rĂ©es au-delĂ  de certaines limites.

  4. Les dĂ©fis socio-Ă©conomiques: MĂȘme si des traitements existent, leur distribution mondiale se heurte Ă  des obstacles logistiques, Ă©conomiques et politiques.

Point de vue neutre

Entre l’enthousiasme dĂ©bordant des techno-optimistes et le scepticisme mordant des critiques, une rĂ©alitĂ© plus nuancĂ©e Ă©merge. L’IA transformera certainement la recherche mĂ©dicale, mais pas de façon magique ni instantanĂ©e.

L’intelligence artificielle excelle dans ce que les humains font moins bien: analyser des quantitĂ©s massives de donnĂ©es, identifier des motifs complexes et explorer rapidement d’innombrables possibilitĂ©s. Ces capacitĂ©s permettront probablement d’accĂ©lĂ©rer certaines phases de la dĂ©couverte mĂ©dicale, particuliĂšrement les Ă©tapes prĂ©liminaires comme l’identification de cibles thĂ©rapeutiques et la conception molĂ©culaire.

Cependant, la biologie humaine reste d’une complexitĂ© vertigineuse. Notre comprĂ©hension des systĂšmes vivants progresse, mais demeure incomplĂšte. L’IA ne peut modĂ©liser que ce que nous comprenons dĂ©jĂ  suffisamment pour le formaliser.

Les contraintes temporelles liĂ©es aux essais cliniques reflĂštent une rĂ©alitĂ© fondamentale: certains processus biologiques se dĂ©roulent Ă  leur propre rythme. Observer l’efficacitĂ© d’un traitement contre une maladie Ă  progression lente nĂ©cessite
 du temps.

Ce qui semble plus probable, c’est une accĂ©lĂ©ration graduelle mais significative de notre capacitĂ© Ă  traiter un nombre croissant de maladies. Dans dix ans, nous aurons probablement:

Mais “toutes les maladies”? La rĂ©alitĂ© des contraintes biologiques, rĂ©glementaires et socio-Ă©conomiques suggĂšre un horizon plus lointain. Et n’oublions pas que de nouvelles maladies Ă©mergent constamment, comme nous l’a rappelĂ© la pandĂ©mie de COVID-19.

L’IA sera un outil transformateur, mais pas une baguette magique. La mĂ©decine progressera plus rapidement, mais restera ancrĂ©e dans les rĂ©alitĂ©s du monde physique et biologique.

Exemple

Imaginez que vous ĂȘtes propriĂ©taire d’un restaurant et que vous souhaitez crĂ©er le menu parfait qui plairait Ă  tous vos clients, sans exception. Un jour, on vous prĂ©sente un super-chef dotĂ© d’une intelligence extraordinaire.

“Ce chef peut crĂ©er n’importe quelle recette imaginable en quelques secondes!” vous annonce-t-on. “Dans dix ans, tous vos clients seront parfaitement satisfaits, quels que soient leurs goĂ»ts, allergies ou restrictions alimentaires!”

Impressionnant, n’est-ce pas? Mais attendez


Ce super-chef, aussi brillant soit-il, doit encore:

Et surtout, mĂȘme si ce chef connaĂźt toutes les recettes possibles, certains plats prennent simplement du temps Ă  mijoter. Un bon bouillon nĂ©cessite des heures de cuisson lente - aucune intelligence, aussi brillante soit-elle, ne peut faire bouillir l’eau plus vite sans changer fondamentalement les lois de la physique!

De plus, certains de vos clients ont des palais si complexes et uniques que mĂȘme le meilleur chef du monde devra procĂ©der par essais et erreurs pour trouver ce qui leur convient.

L’IA mĂ©dicale est comme ce super-chef: elle peut concevoir d’incroyables “recettes” pour des mĂ©dicaments, mais entre la conception et le moment oĂč ces “plats” arrivent effectivement dans l’assiette de tous les “clients” du monde, il y a tout un restaurant Ă  gĂ©rer!

Point de vue optimiste

Nous sommes Ă  l’aube d’une rĂ©volution mĂ©dicale sans prĂ©cĂ©dent! La prĂ©diction de Demis Hassabis n’est pas seulement plausible, elle pourrait mĂȘme ĂȘtre conservatrice face Ă  la puissance transformatrice de l’IA.

Regardons les faits: en Ă  peine quelques annĂ©es, l’IA a dĂ©jĂ  bouleversĂ© notre comprĂ©hension de la biologie fondamentale. AlphaFold a rĂ©solu un problĂšme vieux de 50 ans - la prĂ©diction du repliement des protĂ©ines - avec une prĂ©cision qui semblait inimaginable il y a encore cinq ans. Et ce n’est que le dĂ©but!

L’accĂ©lĂ©ration exponentielle des capacitĂ©s de l’IA nous propulse vers un avenir oĂč les limites actuelles de la recherche mĂ©dicale seront balayĂ©es. Les modĂšles d’IA peuvent dĂ©sormais:

Les sceptiques oublient une vĂ©ritĂ© fondamentale: l’innovation technologique ne progresse pas de façon linĂ©aire mais exponentielle. Ce qui semble impossible aujourd’hui devient rĂ©alitĂ© demain. Souvenez-vous qu’en 2017, les experts affirmaient que l’IA artistique gĂ©nĂ©rative prendrait 50 Ă  75 ans Ă  se dĂ©velopper - Stable Diffusion est arrivĂ© seulement 2,5 ans plus tard!

Les contraintes rĂ©glementaires? Elles Ă©volueront nĂ©cessairement face Ă  des technologies capables de prouver leur efficacitĂ© et leur sĂ©curitĂ© avec une prĂ©cision inĂ©galĂ©e. Les obstacles Ă©conomiques? L’IA rĂ©duira drastiquement les coĂ»ts de dĂ©veloppement des mĂ©dicaments, les rendant plus accessibles.

Nous entrons dans l’ùre de la mĂ©decine de prĂ©cision assistĂ©e par l’IA, oĂč chaque patient recevra un traitement parfaitement adaptĂ© Ă  sa gĂ©nĂ©tique, son mĂ©tabolisme et son environnement. Les maladies que nous considĂ©rons aujourd’hui comme incurables - Alzheimer, certains cancers, maladies auto-immunes - pourraient bien devenir des souvenirs du passĂ©.

L’humanitĂ© est sur le point de rĂ©aliser l’un de ses rĂȘves les plus anciens: vaincre la maladie. Et cela pourrait effectivement se produire en une dĂ©cennie.

Point de vue pessimiste

La dĂ©claration de Hassabis illustre parfaitement le syndrome du “techno-solutionnisme” qui afflige Silicon Valley: cette croyance naĂŻve que la technologie peut rĂ©soudre tous les problĂšmes complexes de l’humanitĂ©, y compris ceux profondĂ©ment ancrĂ©s dans la biologie et les systĂšmes sociaux.

Guérir toutes les maladies en dix ans? Examinons cette affirmation à la lumiÚre de quelques réalités implacables:

PremiĂšrement, l’histoire de la mĂ©decine est jonchĂ©e de promesses grandioses qui ne se sont jamais matĂ©rialisĂ©es. Combien de fois avons-nous entendu que le cancer serait vaincu “dans les dix prochaines annĂ©es”? Ces prĂ©dictions circulent depuis les annĂ©es 1970.

DeuxiĂšmement, mĂȘme si l’IA parvenait Ă  identifier des traitements potentiels pour toutes les maladies connues (dĂ©jĂ  un exploit titanesque), le processus de validation clinique reste incontournable. Ce n’est pas une simple formalitĂ© bureaucratique - c’est une nĂ©cessitĂ© biologique. Les effets Ă  long terme d’un mĂ©dicament ne peuvent ĂȘtre observĂ©s qu’à
 long terme.

TroisiĂšmement, le corps humain n’est pas un systĂšme informatique que l’on peut simplement reprogrammer. Chaque individu prĂ©sente des variations gĂ©nĂ©tiques, mĂ©taboliques et environnementales qui rendent la mĂ©decine fondamentalement diffĂ©rente de l’ingĂ©nierie logicielle.

QuatriĂšmement, mĂȘme pour les maladies dont nous connaissons dĂ©jĂ  le traitement, des millions de personnes n’y ont pas accĂšs. La tuberculose est curable depuis des dĂ©cennies, pourtant elle tue encore plus d’un million de personnes chaque annĂ©e. Le problĂšme n’est pas technologique mais socio-Ă©conomique et politique.

Enfin, n’oublions pas que les entreprises pharmaceutiques n’ont pas intĂ©rĂȘt Ă  guĂ©rir les maladies chroniques - les traitements Ă  vie sont bien plus rentables que les guĂ©risons dĂ©finitives. L’IA ne changera pas cette rĂ©alitĂ© Ă©conomique fondamentale.

Ces dĂ©clarations sensationnalistes servent principalement Ă  attirer l’attention mĂ©diatique et les investissements. Elles dĂ©tournent les ressources de solutions plus pragmatiques et crĂ©ent des attentes irrĂ©alistes qui, lorsqu’elles ne se matĂ©rialisent pas, risquent d’éroder la confiance du public dans la science.

La mĂ©decine progressera, certes, mais les contraintes fondamentales du monde rĂ©el ne disparaĂźtront pas par magie grĂące Ă  l’IA.

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