Article en référence: https://i.redd.it/gqoey30pnnoe1.png

Récapitulatif factuel

Le 14 mars 2025, un utilisateur de Reddit a partagé une capture d’écran montrant les capacités de Gemini 2.0 Flash Experimental, la nouvelle version du modèle d’intelligence artificielle de Google. La publication illustre comment cette technologie peut générer des images réalistes à partir d’une photo et d’une description textuelle.

Dans ce cas précis, l’utilisateur a simulé un scénario où une personne en retard au travail utilise l’IA pour créer une fausse excuse visuelle. L’image générée montre une station de métro avec un panneau d’affichage indiquant la date (14 mars 2025) et un message suggérant des perturbations sur la ligne. Cette démonstration met en lumière la capacité de l’IA à produire des images contextuelles qui pourraient servir d’alibis visuels.

Les commentaires sous la publication révèlent des réactions diverses. Certains utilisateurs expriment leur étonnement face à cette fonctionnalité, tandis que d’autres signalent qu’ils n’arrivent pas à reproduire ce résultat, Gemini leur répondant qu’il “ne peut pas encore aider avec des images de personnes”. Plusieurs commentateurs soulignent également les imperfections de l’image générée, comme les visages déformés en arrière-plan ou les incohérences architecturales de la station.

Il est important de noter que cette technologie de génération d’images contextuelles représente une évolution significative par rapport aux modèles précédents. Elle permet de créer des images qui intègrent des éléments spécifiques demandés par l’utilisateur (date, lieu, situation) dans un contexte visuel cohérent, même si la qualité n’est pas encore parfaite.

Point de vue neutre

L’émergence de ces outils de génération d’images contextuelles marque un tournant dans notre relation avec la vérité visuelle. Nous assistons à une démocratisation de la manipulation d’images qui était autrefois réservée aux experts en Photoshop. Cette évolution était prévisible et s’inscrit dans la continuité logique du développement des IA génératives.

Ce que nous observons ici n’est ni une révolution miraculeuse ni une menace existentielle, mais simplement une nouvelle étape dans notre adaptation collective aux technologies numériques. Tout comme nous avons appris à ne plus considérer les appels téléphoniques comme des preuves irréfutables (avec l’arrivée des imitateurs vocaux), puis les messages écrits (avec l’usurpation d’identité numérique), nous devrons maintenant développer une nouvelle littératie visuelle.

Les images générées par IA comportent encore des signatures reconnaissables - visages légèrement déformés, incohérences architecturales, perspectives étranges - qui permettent à l’œil averti de les identifier. Mais ces marqueurs s’estomperont progressivement avec l’amélioration des modèles.

La société s’adaptera probablement comme elle l’a toujours fait : en développant de nouveaux mécanismes de vérification, en ajustant ses attentes quant à la valeur probante des images, et en établissant de nouvelles normes sociales autour de l’utilisation de ces technologies. Les entreprises pourraient, par exemple, mettre en place des systèmes de vérification plus robustes pour les absences justifiées par des “preuves visuelles”.

Ce n’est ni la fin de la confiance sociale ni l’aube d’une ère de créativité sans limites - c’est simplement un nouveau chapitre dans notre relation complexe avec la technologie et la vérité.

Exemple

Imaginez que vous êtes au Vieux-Port de Montréal avec des amis un samedi soir. Votre belle-mère, avec qui vous aviez promis de garder le chat pendant son voyage, vous appelle en panique depuis l’aéroport. Elle a oublié de vous donner la clé de son appartement!

Avant l’ère de l’IA générative:

Vous: “Désolé, je ne peux pas venir tout de suite, je suis coincé dans un embouteillage sur le pont Jacques-Cartier.” Belle-mère: “Mais je t’entends rire et j’entends de la musique!” Vous: “Euh… c’est la radio?” Belle-mère: [doute intensément]

Avec l’IA générative en 2025:

Vous: “Désolé, je suis coincé dans un embouteillage sur le pont Jacques-Cartier, regarde!” Vous envoyez une image générée par IA montrant votre visage frustré dans une voiture, avec le pont Jacques-Cartier clairement visible, des voitures immobiles tout autour, et même un panneau électronique indiquant “Temps d’attente estimé: 45 minutes” Belle-mère: “Oh mon dieu, quel cauchemar! Bon, je vais demander à la voisine alors.”

C’est comme si vous aviez un ami photographe professionnel prêt à mettre en scène n’importe quelle excuse, n’importe où, n’importe quand, en quelques secondes. Sauf que cet ami vit dans votre téléphone et a parfois tendance à dessiner des oreilles bizarres aux passants en arrière-plan.

La différence? Avant, mentir demandait de l’improvisation verbale. Maintenant, c’est devenu un art visuel accessible à tous. Comme disait ma grand-mère: “Une image vaut mille mots, mais une image générée par IA vaut mille excuses.”

Point de vue optimiste

Cette technologie représente une formidable démocratisation de la créativité visuelle! Imaginez toutes les possibilités qu’elle ouvre au-delà des simples excuses pour retards au travail. Nous sommes à l’aube d’une révolution dans la communication visuelle personnalisée.

Les professionnels du marketing pourront créer des visuels contextuels en temps réel pour leurs clients. Les enseignants pourront générer des illustrations pédagogiques adaptées précisément à leurs leçons. Les personnes à mobilité réduite pourront “visiter” virtuellement des lieux et s’y voir intégrées de façon réaliste. Les créateurs de contenu disposeront d’un outil puissant pour illustrer leurs idées sans budget de production.

Cette technologie va également stimuler notre créativité collective. En rendant accessible à tous ce qui était autrefois réservé aux experts en effets spéciaux, nous verrons émerger de nouvelles formes d’expression artistique et narrative. Des millions de personnes qui n’avaient jamais eu accès à des outils de création visuelle sophistiqués pourront maintenant donner vie à leurs idées.

Sur le plan éducatif, ces outils permettront de visualiser des concepts abstraits, de recréer des événements historiques ou de simuler des expériences scientifiques, rendant l’apprentissage plus immersif et accessible.

Les imperfections actuelles ne sont que temporaires - chaque génération de ces modèles apporte des améliorations spectaculaires. Dans quelques années, la qualité sera indiscernable de la réalité, et nous aurons développé collectivement de nouveaux protocoles sociaux et technologiques pour naviguer dans ce monde où l’image n’est plus nécessairement une preuve, mais un nouveau langage expressif à la portée de tous.

Cette démocratisation de la création visuelle pourrait être aussi transformatrice que l’a été l’invention de l’imprimerie pour l’écrit!

Point de vue pessimiste

Cette technologie marque le début d’une ère troublante où la preuve visuelle, dernier bastion de la vérité objective dans notre société numérique, s’effondre complètement. Nous entrons dans un monde où “voir pour croire” devient un concept obsolète.

Les conséquences sociales risquent d’être dévastatrices. La confiance, déjà fragilisée par les fake news et la désinformation, va s’éroder davantage. Comment faire confiance à un collègue qui prétend être malade quand il peut générer une image parfaite de lui-même dans une salle d’attente médicale? Comment croire un témoignage visuel dans une affaire judiciaire? Comment valider l’authenticité d’une preuve photographique d’un événement controversé?

Sur le plan professionnel, cette technologie va créer une course à l’armement entre les systèmes de vérification et les outils de falsification. Les entreprises devront investir dans des technologies coûteuses pour authentifier les communications visuelles, creusant davantage le fossé technologique entre grandes organisations et petites structures.

Les implications pour la vie privée sont également alarmantes. N’importe qui pourrait se retrouver “placé” dans des situations compromettantes grâce à ces outils. Les célébrités et figures publiques seront les premières victimes, mais personne ne sera vraiment à l’abri.

Plus inquiétant encore, cette technologie arrive dans un contexte où notre capacité collective à distinguer le vrai du faux s’affaiblit. Les algorithmes des réseaux sociaux favorisent déjà le contenu émotionnel au détriment de la vérité factuelle. Ajouter à cela des images générées indiscernables de la réalité risque d’accélérer la fragmentation de notre réalité commune.

Nous nous dirigeons vers un monde où la vérité visuelle devient subjective, où l’authenticité devient un luxe, et où la méfiance devient la posture par défaut dans nos interactions sociales et professionnelles. La technologie évolue plus vite que notre capacité collective à développer les garde-fous éthiques et sociaux nécessaires.