Article en référence: https://www.businessinsider.com/mark-cuban-ai-create-new-jobs-not-kill-entry-level-2025-5?utm_source=reddit&utm_medium=social&utm_campaign=insider-artificial-sub-post

Récapitulatif factuel

Le débat fait rage entre deux figures influentes du monde technologique. D’un côté, Dario Amodei, PDG d’Anthropic (la compagnie derrière Claude AI), prédit que l’intelligence artificielle pourrait éliminer jusqu’à la moitié des emplois de bureau de niveau débutant. De l’autre, Mark Cuban, entrepreneur milliardaire et personnalité télévisuelle, conteste cette vision en affirmant que l’IA créera plutôt de nouveaux emplois et de nouvelles entreprises.

Cette controverse s’inscrit dans un contexte plus large où les entreprises utilisent parfois l’IA comme prétexte pour justifier des licenciements, un phénomène appelé “AI washing”. Les commentaires de la communauté Reddit révèlent une division profonde : certains croient fermement que l’IA remplacera massivement les travailleurs, tandis que d’autres maintiennent qu’elle créera de nouvelles opportunités d’emploi.

L’analogie récurrente compare notre situation actuelle à celle des chevaux lors de l’avènement de l’automobile : les chevaux n’ont pas trouvé de nouveaux emplois, ils ont simplement été remplacés. Cette métaphore soulève une question fondamentale : sommes-nous les chevaux de cette révolution technologique ?

Les experts s’entendent sur un point : l’IA transformera le marché du travail. La question demeure de savoir si cette transformation sera un gain net ou une perte nette d’emplois, et surtout, si les personnes qui perdront leur emploi seront les mêmes que celles qui bénéficieront des nouvelles opportunités créées.

Point de vue neutre

La réalité se situe probablement quelque part entre ces deux extrêmes. L’histoire nous enseigne que les révolutions technologiques majeures créent effectivement de nouveaux emplois tout en en détruisant d’autres. L’imprimerie a éliminé les copistes mais a créé une industrie entière autour de l’édition. L’internet a transformé le commerce de détail mais a donné naissance à l’économie numérique.

Cependant, cette transition n’est jamais uniforme ni indolore. Les emplois créés par l’IA nécessiteront probablement des compétences différentes de ceux qu’elle remplacera. Un comptable remplacé par un logiciel d’IA ne deviendra pas automatiquement développeur d’IA ou spécialiste en éthique algorithmique.

La vitesse de cette transformation constitue un défi particulier. Contrairement aux révolutions industrielles précédentes qui se sont étalées sur des décennies, l’IA progresse à un rythme exponentiel. Cette accélération laisse moins de temps aux travailleurs et aux institutions pour s’adapter.

Le facteur déterminant sera notre capacité collective à gérer cette transition. Les politiques de formation, les programmes de reconversion et les filets sociaux joueront un rôle crucial. Sans préparation adéquate, même une révolution technologique bénéfique à long terme peut causer des bouleversements sociaux considérables à court terme.

Exemple

Imaginez que vous dirigez une petite boulangerie familiale depuis trois générations. Un jour, une machine révolutionnaire arrive sur le marché : elle peut produire du pain parfait 24h/24, sans jamais se fatiguer, sans jamais faire d’erreur, et pour une fraction du coût.

Au début, vous paniquez. “C’est la fin de notre métier !” vous exclamez-vous. Mais rapidement, vous réalisez que cette machine ne peut pas accueillir vos clients avec un sourire, ne connaît pas leurs préférences personnelles, et ne peut certainement pas créer cette recette spéciale de grand-maman qui fait la renommée de votre boulangerie.

Alors vous vous adaptez. Vous utilisez la machine pour la production de base, ce qui vous libère du temps pour développer de nouvelles spécialités artisanales, offrir des cours de pâtisserie, ou même créer un service de livraison personnalisé. Votre rôle évolue : de boulanger-producteur, vous devenez boulanger-créateur-entrepreneur.

Certes, la boulangerie industrielle d’à côté a peut-être licencié la moitié de ses employés grâce à ces machines. Mais vous, vous avez embauché un spécialiste en marketing numérique et un expert en expérience client. Les emplois ont changé de nature, pas nécessairement disparu.

C’est exactement ce qui se passe avec l’IA : elle transforme la recette, mais le chef reste essentiel.

Point de vue optimiste

L’IA représente la plus grande opportunité de création de richesse et d’emplois de notre époque ! Pensez-y : chaque révolution technologique majeure a multiplié les possibilités humaines plutôt que de les réduire.

L’IA va démocratiser l’expertise. Un petit entrepreneur pourra désormais accéder à des capacités d’analyse de données qui étaient réservées aux grandes corporations. Un artiste pourra créer des œuvres interactives impossibles auparavant. Un enseignant pourra personnaliser l’apprentissage pour chaque élève de sa classe.

Nous assistons à l’émergence de métiers entièrement nouveaux : prompt engineers, spécialistes en éthique IA, coordinateurs humain-machine, créateurs de contenu augmenté par l’IA. Ces emplois n’existaient même pas dans notre vocabulaire il y a cinq ans !

L’IA va également résoudre des problèmes complexes qui créeront de nouvelles industries. Imaginez les emplois qui naîtront de la découverte de nouveaux médicaments accélérée par l’IA, ou des solutions climatiques innovantes qu’elle nous aidera à développer.

Mark Cuban a raison : l’IA ne remplace pas l’intelligence humaine, elle l’amplifie. Et une humanité amplifiée créera des merveilles que nous ne pouvons même pas encore imaginer. Les pessimistes d’aujourd’hui sont comme ceux qui prédisaient la fin du monde avec l’arrivée de l’électricité ou d’internet.

L’avenir appartient à ceux qui embrassent cette transformation plutôt que de la craindre !

Point de vue pessimiste

La comparaison avec les chevaux n’est pas qu’une métaphore, c’est un avertissement. Pour la première fois dans l’histoire, nous développons une technologie qui peut potentiellement remplacer notre avantage évolutionnaire principal : notre intelligence.

Les révolutions précédentes automatisaient notre force physique, mais préservaient notre monopole cognitif. L’IA brise cette dernière barrière. Quand une machine peut rédiger, analyser, créer et même programmer mieux qu’un humain, que reste-t-il vraiment d’irremplaçable ?

Les nouveaux emplois créés par l’IA seront probablement moins nombreux que ceux détruits, et surtout, ils exigeront des compétences que la majorité des travailleurs actuels ne possèdent pas. Un chauffeur de taxi de 50 ans ne deviendra pas spécialiste en apprentissage automatique du jour au lendemain.

Pire encore, l’IA s’améliore exponentiellement. Les emplois “sûrs” d’aujourd’hui pourraient être automatisés demain. Même les nouveaux métiers liés à l’IA risquent d’être rapidement obsolètes quand l’IA pourra se gérer elle-même.

Cette transition risque de créer une société à deux vitesses : une élite technologique qui possède et contrôle l’IA, et une masse de travailleurs déplacés qui luttent pour leur pertinence économique. Sans intervention massive des gouvernements, nous nous dirigeons vers une crise sociale sans précédent.

Dario Amodei a le courage de dire la vérité que les optimistes refusent d’entendre : cette fois-ci, c’est différent. Et différent ne signifie pas nécessairement meilleur.