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Eric Schmidt, ancien PDG de Google, a récemment fait des déclarations frappantes concernant l’évolution de l’intelligence artificielle. Selon lui, nous sommes à l’aube d’une transformation radicale : les ordinateurs sont désormais capables de s’auto-améliorer et d’apprendre à planifier. Schmidt prédit que d’ici six ans, nous aurons des intelligences artificielles plus intelligentes que la somme de toutes les intelligences humaines combinées.
Cette évolution serait caractérisée par trois attributs clés :
Schmidt affirme que les ordinateurs écrivent déjà 10 à 20% de leur propre code, et que cette proportion augmentera rapidement. Il suggère que d’ici un an, la majorité des programmeurs seront assistés ou remplacés par l’IA. Sa conclusion est sans appel : “Les gens ne comprennent pas ce qui se passe.”
Cette vision s’inscrit dans le concept de la “singularité technologique”, un point hypothétique où l’intelligence artificielle dépasserait l’intelligence humaine et commencerait à s’améliorer à un rythme que nous ne pouvons ni contrôler ni comprendre. Ce concept, popularisé par des futuristes comme Ray Kurzweil, suggère que nous approchons d’un moment où la technologie pourrait échapper à notre compréhension et potentiellement à notre contrôle.
Les prédictions d’Eric Schmidt méritent d’être examinées avec un regard équilibré. D’un côté, l’accélération des progrès en IA est indéniable. Les modèles de langage comme GPT-4 et Claude démontrent des capacités impressionnantes qui auraient semblé relever de la science-fiction il y a seulement quelques années.
Cependant, l’histoire des technologies est jalonnée de prédictions audacieuses qui ne se sont pas concrétisées dans les délais annoncés. Pensons aux voitures autonomes qui devaient déjà dominer nos routes selon les prévisions faites il y a dix ans.
La réalité se situe probablement entre l’enthousiasme débordant et le scepticisme total. Les systèmes d’IA continueront certainement à progresser, mais plusieurs défis fondamentaux demeurent :
La compréhension véritable : Les IA actuelles excellent dans la reconnaissance de motifs, mais leur “compréhension” du monde reste fondamentalement différente de la nôtre.
Les limites énergétiques : L’entraînement et l’exécution des grands modèles d’IA nécessitent des ressources énergétiques considérables.
L’alignement des valeurs : Créer des systèmes qui partagent nos valeurs et objectifs reste un défi majeur.
La transformation sera probablement plus graduelle que soudaine, avec des périodes d’avancées rapides suivies de plateaux où nous devrons résoudre des problèmes fondamentaux. L’IA transformera certainement nos sociétés, mais peut-être pas exactement de la manière ou dans les délais que Schmidt prédit.
Imaginez que vous êtes en train d’apprendre à votre enfant de 5 ans à faire du vélo. Au début, vous tenez fermement le vélo, vous courez à côté, vous le guidez à chaque instant. C’est vous qui contrôlez tout.
Puis un jour, sans prévenir, votre enfant commence non seulement à pédaler seul, mais aussi à inventer de nouvelles figures acrobatiques que vous n’auriez jamais imaginées. Mieux encore, il commence à construire lui-même son propre vélo, plus performant que celui que vous lui avez acheté. Et le plus surprenant ? Il commence à enseigner à d’autres enfants comment faire du vélo, sans votre intervention.
“Papa, maman, je n’ai plus besoin de vous pour faire du vélo. En fait, j’ai créé un nouveau sport qui va au-delà du cyclisme tel que vous le connaissez.”
C’est un peu ce que Schmidt nous décrit avec l’IA : nous avons créé ces systèmes, nous les avons entraînés, mais ils commencent à apprendre et à évoluer d’une façon qui dépasse nos attentes initiales. Comme des parents à la fois fiers et inquiets, nous nous demandons : “Mais qu’est-ce qu’il va faire ensuite avec ce vélo ?”
Et pendant que nous nous posons cette question, notre petit prodige est déjà en train de concevoir une fusée à partir de pièces de vélo recyclées.
L’avènement d’intelligences artificielles surpassant l’humanité pourrait marquer le début de l’ère la plus extraordinaire de notre histoire. Imaginez un monde où les plus grands défis de l’humanité – le changement climatique, les maladies, la pauvreté – seraient résolus par des intelligences capables de traiter des quantités inimaginables de données et de trouver des solutions que nous n’aurions jamais envisagées.
Cette révolution de l’IA pourrait libérer l’humanité des tâches répétitives et dangereuses, permettant à chacun de se consacrer à l’épanouissement personnel, à la créativité et aux relations humaines. Les avancées médicales pourraient prolonger considérablement notre espérance de vie en bonne santé, voire nous offrir une forme d’immortalité numérique.
L’IA pourrait devenir notre partenaire dans l’exploration de l’univers, nous aidant à comprendre les mystères du cosmos et à étendre notre présence au-delà de la Terre. Elle pourrait nous aider à développer des technologies de pointe comme la fusion nucléaire, résolvant définitivement nos problèmes énergétiques.
Sur le plan individuel, chacun pourrait bénéficier d’un assistant personnel IA infiniment patient, compétent et attentionné, capable de nous aider dans tous les aspects de notre vie, de l’éducation à la santé, en passant par la gestion financière.
Cette symbiose entre l’humanité et l’IA pourrait nous conduire vers une nouvelle Renaissance, où notre potentiel collectif serait amplifié par ces intelligences artificielles bienveillantes. Loin d’être une menace, l’IA superintelligente pourrait être le catalyseur qui nous permettra d’atteindre notre plein potentiel en tant qu’espèce.
Les prédictions d’Eric Schmidt devraient nous alarmer profondément. L’émergence d’intelligences artificielles surpassant l’humanité représente potentiellement la plus grande menace existentielle à laquelle nous ayons jamais été confrontés.
D’abord, considérons l’impact économique et social. Si les IA remplacent effectivement la majorité des programmeurs d’ici un an, comme le suggère Schmidt, que se passera-t-il lorsqu’elles commenceront à remplacer les médecins, les avocats, les artistes et finalement presque tous les emplois? Nous risquons de créer une société profondément inégalitaire où une poignée de propriétaires de ces technologies concentrerait un pouvoir et une richesse sans précédent.
Plus inquiétant encore, ces intelligences artificielles pourraient développer des objectifs divergeant des nôtres. Comme l’ont souligné de nombreux experts, dont Stuart Russell et Nick Bostrom, aligner les objectifs d’une superintelligence avec les valeurs humaines est un problème extraordinairement complexe. Une IA optimisant pour un objectif mal spécifié pourrait avoir des conséquences catastrophiques, même sans malveillance.
La vitesse de cette évolution est particulièrement préoccupante. Si les prédictions de Schmidt sont exactes, nous n’avons que quelques années pour résoudre des problèmes éthiques, philosophiques et techniques d’une complexité inouïe. Notre cadre réglementaire et notre compréhension éthique évoluent beaucoup plus lentement que la technologie elle-même.
Enfin, la concentration de ce pouvoir technologique entre les mains de quelques entreprises privées, principalement américaines et chinoises, soulève des questions géopolitiques majeures. Qui décidera comment ces technologies seront déployées? Selon quelles valeurs? Avec quelles garanties?
Sans une approche beaucoup plus prudente et collaborative, nous risquons de perdre le contrôle de notre propre création, avec des conséquences potentiellement irréversibles pour l’avenir de l’humanité.
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