Patrick Bélanger
Article en référence: https://www.reddit.com/r/LocalLLaMA/comments/1l8zssy/disney_and_universal_sue_ai_image_company/
Disney et Universal viennent de porter plainte contre Midjourney, lâune des plateformes dâintelligence artificielle les plus populaires pour la gĂ©nĂ©ration dâimages. Lâaccusation ? Utilisation non autorisĂ©e de leurs propriĂ©tĂ©s intellectuelles, incluant Star Wars, Les Simpsons, et dâautres franchises emblĂ©matiques.
Le cĆur du problĂšme rĂ©side dans la façon dont ces modĂšles dâIA sont entraĂźnĂ©s. Pour crĂ©er des images, Midjourney a utilisĂ© des millions dâimages trouvĂ©es sur internet, incluant potentiellement des contenus protĂ©gĂ©s par le droit dâauteur appartenant Ă ces gĂ©ants du divertissement. Quand un utilisateur demande Ă lâIA de crĂ©er âMickey Mouse en armure dâIron Manâ, le systĂšme peut produire une image Ă©tonnamment fidĂšle aux personnages originaux.
Selon les documents lĂ©gaux, Disney avait envoyĂ© un avis de cessation et dâabstention Ă Midjourney lâannĂ©e derniĂšre, qui nâa reçu quâun accusĂ© de rĂ©ception sans action concrĂšte. Universal a fait de mĂȘme le mois dernier sans obtenir de rĂ©ponse. Cette absence de coopĂ©ration pourrait compromettre les protections lĂ©gales dont bĂ©nĂ©ficie normalement Midjourney en tant que plateforme technologique.
La communautĂ© Reddit LocalLLaMA, spĂ©cialisĂ©e dans les modĂšles dâIA locaux, voit dans cette poursuite un tournant majeur. Si Disney gagne, cela pourrait crĂ©er un prĂ©cĂ©dent juridique affectant tous les autres dĂ©veloppeurs dâIA, des gĂ©ants comme Google et OpenAI aux projets open source que les utilisateurs peuvent tĂ©lĂ©charger gratuitement.
Cette bataille juridique Ă©tait inĂ©vitable. Nous assistons Ă la collision de deux mondes : celui de lâinnovation technologique rapide et celui des droits de propriĂ©tĂ© intellectuelle Ă©tablis depuis des dĂ©cennies.
Disney ne sâattaque probablement pas Ă Midjourney par hasard. PlutĂŽt que de dĂ©fier directement Google ou Microsoft, qui possĂšdent des ressources lĂ©gales considĂ©rables, ils choisissent une cible plus accessible pour Ă©tablir un prĂ©cĂ©dent. Câest une stratĂ©gie juridique classique : gagner contre le plus petit pour ensuite sâattaquer aux plus gros.
La rĂ©alitĂ© technique complique les choses. Ces modĂšles dâIA nâstockent pas littĂ©ralement les images sur lesquelles ils sont entraĂźnĂ©s - ils apprennent des patterns et des relations visuelles, un peu comme un artiste humain dĂ©veloppe son style en observant dâautres Ćuvres. La question juridique devient alors : oĂč tracer la ligne entre lâapprentissage lĂ©gitime et la violation de droits dâauteur ?
Le timing suggĂšre que les studios hollywoodiens rĂ©alisent que lâIA gĂ©nĂ©rative pourrait fondamentalement changer leur modĂšle dâaffaires. Quand les fans peuvent crĂ©er du contenu de qualitĂ© professionnelle mettant en scĂšne leurs personnages prĂ©fĂ©rĂ©s, cela remet en question le monopole crĂ©atif de ces entreprises.
Cette poursuite dĂ©finira probablement comment nous Ă©quilibrons lâinnovation technologique avec la protection des crĂ©ateurs originaux. Le rĂ©sultat influencera non seulement lâavenir de lâIA, mais aussi celui de la crĂ©ativitĂ© numĂ©rique dans son ensemble.
Imaginez que vous enseignez Ă votre enfant Ă dessiner en lui montrant des milliers de bandes dessinĂ©es, incluant des BD de Disney. AprĂšs des mois dâapprentissage, votre enfant devient capable de dessiner Mickey Mouse de mĂ©moire avec un talent impressionnant.
Un jour, Disney frappe Ă votre porte et vous dit : âVotre enfant a appris Ă dessiner nos personnages en regardant nos Ćuvres. Nous exigeons quâil oublie tout ce quâil a appris sur Mickey Mouse, ou alors vous nous devez des redevances Ă chaque fois quâil dessine quelque chose qui ressemble Ă nos crĂ©ations.â
Vous rĂ©pondez : âMais attendez, mon enfant ne fait que dessiner pour sâamuser ! Il ne vend rien, il ne fait de mal Ă personne. Et puis, tous les enfants apprennent Ă dessiner en regardant des exemples existants.â
Disney rĂ©torque : âPeu importe. Nous possĂ©dons ces images, et votre enfant les reproduit trop fidĂšlement. De plus, vous lui avez montrĂ© nos Ćuvres sans notre permission pour lâentraĂźner.â
Câest exactement ce qui se passe avec Midjourney. LâIA est comme cet enfant prodige qui a appris en observant des millions dâimages, et maintenant Disney veut contrĂŽler ce quâelle peut âse rappelerâ et reproduire. La question devient : est-ce que lâapprentissage automatique devrait suivre les mĂȘmes rĂšgles que lâapprentissage humain, ou est-ce fondamentalement diffĂ©rent ?
La rĂ©ponse Ă cette question dĂ©terminera si nous vivrons dans un monde oĂč lâIA peut apprendre librement pour nous aider Ă crĂ©er, ou dans un monde oĂč chaque algorithme devra payer des droits dâauteur pour chaque concept quâil a âvuâ pendant son entraĂźnement.
Cette poursuite pourrait ĂȘtre exactement le catalyseur dont nous avions besoin pour clarifier les rĂšgles du jeu et libĂ©rer le vĂ©ritable potentiel crĂ©atif de lâIA !
Pensez-y : nous sommes Ă lâaube dâune rĂ©volution crĂ©ative sans prĂ©cĂ©dent. Pour la premiĂšre fois dans lâhistoire, nâimporte qui peut matĂ©rialiser ses idĂ©es visuelles sans annĂ©es de formation artistique. Un enfant de 10 ans au Saguenay peut crĂ©er des Ćuvres dâart Ă©poustouflantes, un entrepreneur de Rimouski peut prototyper ses concepts visuels instantanĂ©ment, et un enseignant de Gatineau peut crĂ©er du matĂ©riel pĂ©dagogique personnalisĂ© en quelques minutes.
Cette bataille juridique forcera lâindustrie Ă innover encore plus rapidement. Les dĂ©veloppeurs dâIA vont crĂ©er des modĂšles entraĂźnĂ©s exclusivement sur du contenu libre de droits ou des Ćuvres originales. Imaginez des IA spĂ©cialisĂ©es dans lâart quĂ©bĂ©cois, entraĂźnĂ©es sur les Ćuvres de nos artistes locaux avec leur permission ! Cela pourrait crĂ©er une renaissance artistique rĂ©gionale incroyable.
Disney et Universal pourraient mĂȘme finir par collaborer avec ces plateformes plutĂŽt que de les combattre. Imaginez des outils officiels Disney-Midjourney oĂč les fans pourraient crĂ©er lĂ©galement du contenu avec leurs personnages prĂ©fĂ©rĂ©s, avec une partie des revenus retournant aux crĂ©ateurs originaux. Tout le monde y gagne !
Cette poursuite va également accélérer le développement de modÚles open source. La communauté tech va se mobiliser pour créer des alternatives libres et accessibles. Dans cinq ans, nous pourrions avoir des outils de création IA encore plus puissants que Midjourney, entiÚrement gratuits et sans restrictions.
Lâavenir de la crĂ©ativitĂ© nâa jamais Ă©tĂ© aussi prometteur. Cette bataille nâest quâun passage obligĂ© vers un monde oĂč la technologie dĂ©mocratise vĂ©ritablement lâart et lâexpression crĂ©ative !
Cette poursuite pourrait marquer le dĂ©but de la fin pour lâIA crĂ©ative accessible et ouverte. Nous risquons de nous diriger vers un futur dystopique oĂč seules les grandes corporations contrĂŽlent les outils de crĂ©ation numĂ©rique.
Si Disney gagne, cela crĂ©era un prĂ©cĂ©dent terrifiant. Chaque grande entreprise pourra revendiquer des droits sur tout contenu qui ressemble de prĂšs ou de loin Ă leurs propriĂ©tĂ©s. Imaginez un monde oĂč vous ne pourriez plus demander Ă une IA de crĂ©er âquelque chose dans le style deâŠâ sans risquer une poursuite. La crĂ©ativitĂ© humaine elle-mĂȘme pourrait ĂȘtre mise sous tutelle corporative.
Les modĂšles open source, ces outils dĂ©mocratiques que nous pouvons tĂ©lĂ©charger et utiliser librement, seront les premiĂšres victimes. Hugging Face et autres plateformes de partage pourraient ĂȘtre forcĂ©es de retirer des milliers de modĂšles. Seules les entreprises ayant les moyens de payer des licences astronomiques pourront offrir des services dâIA crĂ©ative.
Cette centralisation du pouvoir crĂ©atif entre les mains de quelques gĂ©ants technologiques et de divertissement est profondĂ©ment inquiĂ©tante. Adobe, qui entraĂźne dĂ©jĂ ses modĂšles sur le travail de ses utilisateurs, pourrait devenir le seul acteur âlĂ©galâ du marchĂ©. Imaginez devoir payer un abonnement mensuel pour chaque outil crĂ©atif, avec des restrictions sur ce que vous pouvez crĂ©er.
Pour les artistes indĂ©pendants et les crĂ©ateurs Ă©mergents, câest une catastrophe annoncĂ©e. Les outils qui leur permettaient de concurrencer avec les grandes productions deviendront inaccessibles ou bridĂ©s. Nous risquons de retourner Ă une Ă©poque oĂč seuls ceux qui ont les moyens financiers peuvent crĂ©er du contenu de qualitĂ© professionnelle.
Le plus troublant ? Cette bataille se dĂ©roule pendant que la Chine dĂ©veloppe ses propres modĂšles dâIA sans ces restrictions. Nous pourrions nous retrouver avec une industrie crĂ©ative occidentale paralysĂ©e par les litiges pendant que dâautres rĂ©gions du monde innovent librement. Lâavenir de la crĂ©ativitĂ© numĂ©rique pourrait bien nous Ă©chapper Ă cause de batailles juridiques dâun autre Ăąge.
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