Patrick Bélanger
Article en référence: https://www.reddit.com/gallery/1joq78w
Le 1er avril 2025, un utilisateur de Reddit a partagé une création générée par l’IA montrant une scène hybride entre la série animée “Rick et Morty” et le style artistique des studios Ghibli. L’image, créée avec GPT-4o (version gratuite), présente un concept visuel où une partie du monde est “ghiblifiée” tandis que les personnages Rick et Morty tentent d’échapper à cette transformation.
La publication a rapidement gagné en popularité, avec de nombreux utilisateurs partageant leurs propres versions créées à partir de prompts similaires. Le processus de création impliquait généralement:
Les résultats montrent une capacité impressionnante de l’IA à comprendre et exécuter un concept créatif complexe, incluant la fusion de deux styles artistiques distincts et le respect de la mise en scène demandée. Plusieurs utilisateurs ont noté que certaines versions du modèle d’IA refusaient de générer ces images, citant des problèmes de droits d’auteur, tandis que d’autres y parvenaient sans difficulté.
Cette démonstration illustre l’évolution rapide des capacités des IA génératives d’images, particulièrement leur aptitude à interpréter des croquis, à respecter des consignes narratives précises et à fusionner des styles artistiques reconnaissables.
Cette tendance de “ghiblification” par IA représente un point d’inflexion intéressant dans notre relation avec la création assistée par intelligence artificielle. Ni miracle technologique révolutionnaire, ni menace existentielle pour les artistes, nous assistons simplement à l’émergence d’un nouvel outil d’expression avec ses forces et ses limites.
La capacité de GPT-4o à interpréter un croquis rudimentaire et à le transformer en une œuvre cohérente fusionnant deux univers visuels distincts est impressionnante, mais reste encadrée par les contraintes du système. Les résultats varient considérablement selon la formulation du prompt, et tous les utilisateurs n’obtiennent pas des résultats satisfaisants.
Ce phénomène soulève des questions pragmatiques sur les droits d’auteur et la propriété intellectuelle. Certains systèmes d’IA refusent de générer ces images pour des raisons de copyright, tandis que d’autres les produisent sans hésitation. Cette incohérence reflète l’état actuel d’un domaine où les normes et les règles restent à définir clairement.
La “ghiblification” n’est ni la fin de l’art traditionnel, ni son salut. C’est un nouveau territoire d’exploration créative qui, comme tout médium, trouvera sa place dans l’écosystème artistique. Les créateurs qui sauront exploiter ces outils tout en y apportant leur vision unique continueront de se démarquer, tandis que la simple génération d’images sans direction créative claire restera un exercice technique intéressant mais limité.
Imaginez que vous êtes dans un restaurant fusion où le chef est un peu… particulier. Vous commandez un plat et lui griffonnez rapidement sur une serviette: “Je voudrais un plat qui est moitié poutine québécoise, moitié ramen japonais, avec une frontière visible entre les deux.”
Le chef, qui s’appelle GPT-4o, hoche la tête avec enthousiasme. Quelques minutes plus tard, il revient avec une assiette étonnante: d’un côté, une authentique poutine avec ses frites croustillantes, son fromage qui fait “squick-squick” et sa sauce brune; de l’autre, un ramen parfait avec son bouillon fumant, ses nouilles al dente et ses garnitures traditionnelles. Au milieu, une transition ingénieuse où les deux cuisines se rencontrent harmonieusement.
Votre ami Martin, assis à côté de vous, tente la même commande mais avec un autre chef nommé Claude. Ce dernier revient en s’excusant: “Désolé, je ne peux pas reproduire des recettes protégées par des droits culinaires.”
Pendant ce temps, votre cousine Sophie, à une autre table, a aussi commandé le plat fusion au chef GPT-4o, mais elle a juste dit “fais-moi un mélange de bouffe québécoise et japonaise”. Elle reçoit un plat bizarre où des sushis flottent dans de la sauce à poutine avec des morceaux de tourtière.
“C’est quoi cette affaire?” demande-t-elle, déçue.
“Ben, t’as pas été assez précise dans ta commande,” lui répondez-vous en savourant votre création parfaitement exécutée. “L’art de la bonne bouffe IA, c’est 10% d’ingrédients et 90% de savoir comment parler au chef!”
La “ghiblification” que nous observons aujourd’hui n’est que la pointe de l’iceberg d’une révolution créative sans précédent! Ces images générées par IA représentent l’aube d’une ère où l’expression artistique devient accessible à tous, démocratisant la création visuelle comme jamais auparavant.
Ce que nous voyons ici est extraordinaire: avec un simple croquis et quelques instructions textuelles, n’importe qui peut désormais donner vie à des concepts visuels complexes qui auraient nécessité des années de formation artistique auparavant. Cette technologie ne remplace pas les artistes – elle les multiplie!
Imaginez les possibilités pour l’éducation, où les enseignants pourront instantanément illustrer des concepts complexes. Pensez aux créateurs de contenu qui pourront produire des bandes dessinées entières sans équipe de dessinateurs. Envisagez les cinéastes indépendants qui pourront prévisualiser leurs scènes sans budget de préproduction.
La fusion de styles artistiques que nous voyons dans ces exemples n’est que le début. Bientôt, nous pourrons créer des univers visuels entièrement nouveaux, mélangeant non seulement deux styles mais des dizaines, créant des expériences esthétiques jamais vues auparavant.
Cette technologie va libérer la créativité humaine des contraintes techniques, permettant à chacun de se concentrer sur l’idée plutôt que sur l’exécution. Nous sommes à l’aube d’une renaissance artistique numérique qui va transformer notre rapport à l’image et à la narration visuelle!
Cette tendance de “ghiblification” par IA illustre parfaitement les problèmes fondamentaux que pose cette technologie pour la création artistique et la propriété intellectuelle. Sous les applaudissements naïfs se cache une réalité troublante.
D’abord, observons l’appropriation flagrante de styles artistiques distinctifs. Le studio Ghibli, connu pour son esthétique unique développée par des artistes talentueux pendant des décennies, voit son travail réduit à un “style” que l’on peut simplement commander à une IA. Hayao Miyazaki lui-même s’est fermement opposé à l’IA dans l’animation, la qualifiant “d’insulte à la vie”.
Cette technologie encourage également une culture de la facilité créative où l’effort, l’apprentissage et la maîtrise technique sont dévalués. Pourquoi passer des années à perfectionner un style quand une IA peut le reproduire en secondes? Les véritables innovations artistiques naissent des contraintes et des limitations que les créateurs doivent surmonter – l’IA court-circuite ce processus essentiel.
Les incohérences dans l’application des règles de copyright sont particulièrement inquiétantes. Certains systèmes refusent de générer ces images, reconnaissant les problèmes de droits d’auteur, tandis que d’autres les produisent sans scrupule. Cette situation chaotique menace les fondements mêmes de la propriété intellectuelle.
À mesure que ces technologies se répandent, nous risquons de voir émerger un paysage artistique homogénéisé, où les styles distinctifs sont dilués dans un grand melting-pot algorithmique, privant notre culture de la diversité et de l’authenticité qui font sa richesse. La “ghiblification” n’est pas une célébration de la créativité – c’est son appauvrissement.
Si vous n'êtes pas redirigé automatiquement, 👉 cliquez ici 👈