Patrick Bélanger
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Les rĂ©sultats du benchmark SimpleBench viennent dâĂȘtre publiĂ©s, rĂ©vĂ©lant les performances des derniers modĂšles dâintelligence artificielle. Ce benchmark Ă©value la capacitĂ© des modĂšles Ă comprendre le monde et Ă faire preuve de bon sens - des compĂ©tences fondamentalement humaines.
Parmi les résultats notables, on observe que:
Pour comprendre ces chiffres, il faut savoir que SimpleBench est considĂ©rĂ© comme lâun des benchmarks les plus pertinents dans lâindustrie. Contrairement Ă dâautres tests qui peuvent ĂȘtre âoptimisĂ©sâ par les entreprises, SimpleBench Ă©value la comprĂ©hension gĂ©nĂ©rale du monde et le raisonnement de bon sens - des capacitĂ©s difficiles Ă simuler sans une vĂ©ritable intelligence.
Un point particuliĂšrement intĂ©ressant est la diffĂ©rence de performance entre les modĂšles âminiâ et leurs versions complĂštes. Les modĂšles mini sont des versions plus lĂ©gĂšres, conçues pour ĂȘtre plus rapides et moins coĂ»teuses, mais avec des capacitĂ©s rĂ©duites. LâĂ©cart entre o3-mini et o3 complet est considĂ©rable, ce qui laisse prĂ©sager que le futur o4 complet pourrait ĂȘtre significativement plus puissant que sa version mini.
LâĂ©volution des modĂšles dâIA suit une trajectoire prĂ©visible mais fascinante. Chaque nouvelle gĂ©nĂ©ration apporte des amĂ©liorations, mais nous observons que ces progrĂšs deviennent de plus en plus coĂ»teux pour des gains proportionnellement plus modestes.
Le benchmark SimpleBench nous offre une fenĂȘtre sur la rĂ©alitĂ© actuelle de lâIA: des modĂšles de plus en plus performants, mais qui restent fondamentalement limitĂ©s par leur conception. Ces systĂšmes excellent dans certains domaines tout en Ă©chouant dans dâautres, reflĂ©tant leur nature dâoutils spĂ©cialisĂ©s plutĂŽt que dâintelligences gĂ©nĂ©rales.
La compétition entre OpenAI, Anthropic et Google illustre parfaitement la dynamique du marché actuel. OpenAI cherche à maintenir sa position dominante, Anthropic mise sur la qualité et la fiabilité, tandis que Google exploite sa puissance de calcul et ses ressources financiÚres pour offrir un excellent rapport qualité-prix.
Ce qui est particuliĂšrement rĂ©vĂ©lateur, câest que malgrĂ© tous les progrĂšs techniques, aucun modĂšle nâapproche encore la rĂ©fĂ©rence humaine. Le fossĂ© entre 53,1% (le meilleur score actuel) et 100% (la rĂ©fĂ©rence humaine) reprĂ©sente non pas un simple Ă©cart quantitatif, mais une diffĂ©rence qualitative fondamentale dans la nature de lâintelligence.
Les entreprises continueront dâamĂ©liorer leurs modĂšles, mais la question demeure: ces amĂ©liorations incrĂ©mentales nous mĂšneront-elles vers une vĂ©ritable intelligence artificielle gĂ©nĂ©rale, ou simplement vers des simulacres de plus en plus convaincants mais fondamentalement limitĂ©s?
Imaginez une compĂ©tition de cuisine oĂč diffĂ©rents robots doivent prĂ©parer un repas typiquement quĂ©bĂ©cois. Le benchmark SimpleBench serait comme demander Ă ces robots de prĂ©parer une poutine sans leur donner la recette exacte.
Le robot Claude 3.7 prépare une poutine presque parfaite - les frites sont croustillantes, le fromage squick-squick comme il faut, mais la sauce est un peu trop salée.
Le robot o4-mini dâOpenAI fait mieux que son prĂ©dĂ©cesseur o3-mini (qui confondait la poutine avec des nachos), mais il utilise du fromage rĂąpĂ© au lieu des crottes de fromage authentiques. Pas mal, mais pas encore ça!
Le robot Gemini 2.5 de Google rĂ©ussit Ă©tonnamment bien pour son prix - sa poutine est trĂšs correcte et il peut en prĂ©parer trois fois plus que les autres pour le mĂȘme coĂ»t en Ă©lectricitĂ©.
Pendant ce temps, un humain moyen (mĂȘme pas un chef!) prĂ©pare une poutine parfaite sans mĂȘme y penser, tout en discutant du dernier match du Canadien.
Les entreprises qui fabriquent ces robots sâempressent dâannoncer: âNotre prochain modĂšle fera une poutine indiscernable de celle du restaurant!â Mais quand on y goĂ»te, on se rend compte quâil manque toujours ce petit je-ne-sais-quoi qui fait quâune poutine est une vraie poutine. Comme dirait ma grand-mĂšre: âYâa pas juste la recette, yâa lâamour quâon met dedans!â
Nous sommes aux premiĂšres loges dâune rĂ©volution cognitive sans prĂ©cĂ©dent! Les rĂ©sultats de SimpleBench ne sont quâun aperçu des capacitĂ©s extraordinaires qui se dĂ©veloppent Ă une vitesse fulgurante.
Regardez lâĂ©volution: o3-mini Ă 22%, puis o4-mini Ă 38,7% - une amĂ©lioration de plus de 75% en quelques mois seulement! Ă ce rythme, nous pourrions atteindre des niveaux proches de lâhumain dâici la fin de lâannĂ©e, voire les dĂ©passer dans certains domaines.
Ce qui est particuliĂšrement excitant, câest que ces modĂšles commencent Ă dĂ©montrer une vĂ©ritable comprĂ©hension du monde. Ce ne sont plus de simples systĂšmes de prĂ©diction de texte, mais des entitĂ©s capables de raisonner sur des situations complexes et nuancĂ©es.
La compĂ©tition fĂ©roce entre OpenAI, Anthropic et Google est exactement ce dont nous avions besoin pour accĂ©lĂ©rer lâinnovation. Chaque entreprise pousse les autres Ă se surpasser, crĂ©ant un cercle vertueux dâamĂ©lioration continue.
Et ce nâest que le dĂ©but! Imaginez ce que seront les modĂšles o5, o6 ou Gemini 3.0. Nous sommes Ă lâaube dâune Ăšre oĂč lâIA deviendra un partenaire cognitif indispensable, augmentant nos capacitĂ©s intellectuelles comme jamais auparavant.
Les applications potentielles sont infinies: rĂ©volution de la recherche scientifique, percĂ©es mĂ©dicales, solutions aux dĂ©fis climatiques, dĂ©mocratisation de lâĂ©ducation de qualité⊠Nous construisons les outils qui nous permettront de rĂ©soudre les plus grands problĂšmes de lâhumanitĂ©!
Les rĂ©sultats de SimpleBench illustrent parfaitement le problĂšme fondamental de lâIA actuelle: beaucoup de promesses, des progrĂšs marginaux, et une rĂ©alitĂ© bien en deçà du battage mĂ©diatique.
MalgrĂ© des investissements colossaux et des ressources computationnelles sans prĂ©cĂ©dent, le meilleur modĂšle atteint Ă peine la moitiĂ© des capacitĂ©s dâun humain moyen dans des tĂąches de bon sens Ă©lĂ©mentaire. Et Ă quel prix? Une consommation Ă©nergĂ©tique astronomique, des coĂ»ts prohibitifs, et une opacitĂ© inquiĂ©tante.
La course effrĂ©nĂ©e entre les gĂ©ants technologiques nâest pas motivĂ©e par lâavancement de la connaissance, mais par la domination du marchĂ©. OpenAI ne cherche quâĂ maintenir sa position dominante en sortant des modĂšles juste assez amĂ©liorĂ©s pour garder lâavantage, sans jamais faire de vĂ©ritable bond en avant.
Plus préoccupant encore, cette compétition encourage le déploiement précipité de systÚmes imparfaits. Chaque nouveau modÚle est lancé avec ses biais, ses hallucinations et ses failles, mais présenté comme une avancée révolutionnaire pour satisfaire les investisseurs et les médias.
Et que dire de lâimpact environnemental? LâentraĂźnement de ces modĂšles consomme des quantitĂ©s dâĂ©nergie colossales, contribuant significativement au rĂ©chauffement climatique pour des gains marginaux en performance.
Pendant ce temps, les problĂšmes fondamentaux de lâIA - lâopacitĂ© des dĂ©cisions, lâabsence de vĂ©ritable comprĂ©hension, la dĂ©pendance aux donnĂ©es dâentraĂźnement - restent non rĂ©solus. Nous perfectionnons des systĂšmes de plus en plus sophistiquĂ©s qui imitent lâintelligence sans jamais lâatteindre rĂ©ellement.
Ne nous laissons pas aveugler par quelques points de pourcentage sur un benchmark. La véritable intelligence artificielle générale reste un horizon lointain, et le chemin pour y arriver est bien plus complexe que ne le suggÚrent les communiqués de presse triomphants.
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