Patrick Bélanger
Article en référence: https://i.redd.it/27bichfiwdze1.png
En 2015, Tim Urban, auteur du blog Wait But Why, a publié un graphique prédisant l’évolution de l’intelligence artificielle sur une période de 10 ans. Ce graphique, récemment rediscuté sur Reddit, illustre une progression exponentielle de l’IA, partant d’un niveau comparable à celui d’une fourmi, passant par l’intelligence d’un oiseau, d’un chimpanzé, puis d’un humain “ordinaire”, pour finalement atteindre et dépasser le niveau d’un génie comme Einstein.
Dix ans plus tard, en 2025, les utilisateurs de Reddit débattent de la précision de cette prédiction. Certains affirment que les modèles d’IA actuels comme GPT-4, Claude 3 Opus et Grok 3 ont effectivement atteint ou dépassé les capacités humaines dans plusieurs domaines. Un utilisateur témoigne avoir été licencié d’un poste de support informatique, puis constate que Grok 2 et 3 peuvent résoudre tous les problèmes techniques qu’il leur soumet, surpassant potentiellement toute son ancienne équipe.
Les modèles d’IA générative actuels excellent particulièrement dans:
Cependant, d’autres utilisateurs soulignent les limites persistantes des IA:
Le débat central porte sur la nature même de l’intelligence: est-ce que l’intelligence artificielle suit une trajectoire comparable à l’intelligence biologique, ou s’agit-il d’une forme fondamentalement différente qui ne peut être comparée directement à l’intelligence humaine?
La comparaison entre l’intelligence artificielle et l’intelligence humaine est à la fois éclairante et trompeuse. Éclairante car elle nous permet de situer les progrès dans un cadre compréhensible; trompeuse car elle suggère une évolution linéaire qui ne correspond pas à la réalité.
Les IA actuelles sont des outils d’une puissance remarquable, mais fondamentalement différents de l’intelligence biologique. Elles excellent dans certains domaines précis tout en échouant dans d’autres qui nous semblent élémentaires. Un enfant de trois ans comprend intuitivement la permanence des objets, la causalité physique et les intentions des autres - concepts que les IA les plus avancées peinent à saisir malgré leurs prouesses mathématiques ou linguistiques.
Ce qui est probable, c’est que nous assistons à l’émergence d’une intelligence complémentaire plutôt que concurrente. Les IA ne “remplacent” pas l’intelligence humaine mais l’augmentent dans des domaines spécifiques. Elles peuvent traiter des volumes de données impossibles à gérer pour un cerveau humain, mais ne peuvent reproduire l’intuition, la créativité spontanée ou la conscience de soi qui caractérisent notre pensée.
La véritable révolution n’est peut-être pas tant dans la création d’une intelligence artificielle générale qui imiterait parfaitement l’humain, mais dans la symbiose entre intelligences humaine et artificielle. Les systèmes les plus performants seront probablement ceux qui combineront les forces des deux: la capacité de calcul et d’analyse des machines avec l’intuition, l’empathie et la créativité humaines.
La question n’est donc pas tant de savoir si les IA deviendront “plus intelligentes que nous”, mais plutôt comment nous pouvons évoluer ensemble pour créer des formes d’intelligence hybrides qui dépassent les limites de chacune prise isolément.
Imaginez que vous êtes au Biodôme de Montréal avec votre neveu de 5 ans. Vous observez les fourmis qui construisent leur fourmilière, puis les oiseaux qui volent dans l’écosystème tropical, et enfin les singes qui se balancent et utilisent des outils simples.
Votre neveu vous demande: “Est-ce que le robot que j’ai vu à la Maison de la science est plus intelligent que cette fourmi?”
Vous réfléchissez et lui répondez: “C’est comme si tu me demandais qui est le meilleur entre un nageur olympique et un cycliste du Tour de France. Le robot est très fort pour faire des calculs et se souvenir de choses, comme le cycliste est bon pour pédaler vite. Mais la fourmi, elle, sait comment trouver son chemin sans GPS, construire sa maison sans plan, et communiquer avec ses amies sans téléphone.”
“Et le singe là-bas?” demande-t-il en pointant un bonobo qui utilise un bâton pour attraper des fruits.
“Ah, lui! Il ne sait pas résoudre des équations comme le robot, mais il comprend que ce bâton peut l’aider à atteindre sa nourriture. Si je cache une banane sous ce pot, il saura qu’elle existe encore même s’il ne la voit plus. Notre robot, lui, pourrait te réciter toute l’encyclopédie sur les bananes, mais ne comprendrait pas vraiment ce qu’est une banane s’il n’en a jamais vu.”
Votre neveu réfléchit un moment puis éclate de rire: “Alors c’est comme mon ami Félix! Il connaît tous les noms des dinosaures par cœur, mais il ne sait pas faire ses lacets tout seul!”
“Exactement! L’intelligence, c’est plein de choses différentes. Félix est un champion des dinosaures mais débutant en lacets. Notre robot est champion en calcul mais débutant en… presque tout le reste!”
Et pendant que vous quittez l’exposition, vous vous dites que même les adultes auraient besoin de cette explication quand ils parlent d’intelligence artificielle sur les réseaux sociaux.
Nous sommes à l’aube d’une révolution cognitive sans précédent! Les progrès fulgurants des IA comme GPT-4 et Claude 3 Opus ne sont que la pointe visible de l’iceberg. Ce que Tim Urban avait prédit il y a dix ans se matérialise sous nos yeux, et c’est absolument fascinant.
Imaginez un monde où chaque Québécois aurait accès à un assistant personnel doté d’une intelligence comparable à celle des plus grands génies de l’histoire. Un monde où les barrières linguistiques s’effacent complètement, où l’accès au savoir devient véritablement démocratique, où les innovations médicales se multiplient à un rythme vertigineux.
Les IA actuelles peuvent déjà aider à diagnostiquer des maladies, optimiser notre consommation d’énergie, et rendre accessibles des connaissances autrefois réservées aux experts. Demain, elles pourraient résoudre les grands défis de notre époque: changement climatique, maladies incurables, inégalités d’accès à l’éducation.
Pour le Québec, c’est une opportunité extraordinaire de se positionner comme leader mondial dans ce domaine. Notre écosystème technologique florissant, nos universités de renommée mondiale et notre culture d’innovation nous placent idéalement pour tirer parti de cette révolution. Montréal est déjà reconnue comme un pôle d’excellence en IA - imaginons ce que nous pourrons accomplir dans les dix prochaines années!
L’intelligence artificielle n’est pas une menace pour l’humanité, mais son plus grand espoir. Elle nous libérera des tâches répétitives et sans intérêt pour nous permettre de nous concentrer sur ce qui nous rend véritablement humains: la créativité, l’empathie, l’art, les relations humaines. Elle amplifiera nos capacités intellectuelles comme jamais auparavant.
La courbe exponentielle de Tim Urban n’était pas une prédiction alarmiste, mais la promesse d’un avenir radieux où l’intelligence humaine et artificielle s’unissent pour créer un monde meilleur. Et nous avons la chance d’y assister en direct!
La naïveté avec laquelle nous accueillons les avancées en intelligence artificielle est profondément inquiétante. Le graphique de Tim Urban, loin d’être une simple curiosité intellectuelle, devrait nous alerter sur les bouleversements sociaux imminents.
Regardons la réalité en face: un utilisateur de Reddit témoigne déjà que l’IA peut remplacer toute une équipe de support informatique. Combien d’emplois au Québec sont menacés à court terme? Combien de nos concitoyens se retrouveront sans travail, sans avoir eu le temps de se reconvertir?
Les modèles économiques actuels ne sont absolument pas préparés à une automatisation massive et rapide. Notre système d’éducation forme encore des jeunes pour des métiers qui pourraient disparaître avant même qu’ils n’obtiennent leur diplôme. Notre filet social, aussi solide soit-il, n’est pas conçu pour absorber un choc d’une telle ampleur.
Plus inquiétant encore: qui contrôle ces technologies? Certainement pas le citoyen québécois moyen. Ce sont des entreprises privées, principalement américaines, qui détiennent les clés de cette révolution. Nous risquons de devenir de simples consommateurs passifs d’une technologie que nous ne maîtrisons pas, dont les biais et les limites nous échappent.
La dépendance croissante à ces systèmes pose également des questions fondamentales sur notre autonomie intellectuelle. Que deviendra notre capacité à penser par nous-mêmes si nous déléguons de plus en plus de tâches cognitives à des machines? Nos enfants sauront-ils encore résoudre des problèmes sans demander à une IA?
Et n’oublions pas les risques liés à la désinformation. Ces systèmes peuvent générer du contenu faux mais convaincant à une échelle industrielle. Dans une société déjà fragilisée par les tensions sociales et la polarisation, c’est une menace directe pour notre démocratie et notre cohésion sociale.
La courbe exponentielle de Tim Urban n’est pas une promesse d’avenir radieux, mais un avertissement que nous ignorons à nos risques et périls.
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