92,5% des nouvelles capacités énergétiques en 2024 étaient renouvelables! 🌞 La Chine en tête avec 64% des ajouts. Rappel important: capacité ≠ production réelle. L électricité ne représente que 20% de notre consommation énergétique totale. On progresse, mais restons lucides! #ÉnergieVerte

Article en référence: https://cleantechnica.com/2025/03/26/92-5-of-new-power-capacity-added-worldwide-in-2024-was-from-renewables/

Récapitulatif factuel

En 2024, 92,5% des nouvelles capacités de production d’énergie ajoutées dans le monde provenaient de sources renouvelables, selon un rapport récent de CleanTechnica. Cette statistique impressionnante mérite d’être décortiquée pour bien comprendre sa portée.

L’énergie solaire photovoltaïque a dominé ces ajouts avec une augmentation de 451,9 gigawatts (GW) sur l’année. La Chine s’est particulièrement démarquée en contribuant à elle seule 278 GW, suivie par l’Inde avec 24,5 GW. En comparaison, l’ensemble des pays du G7 n’a représenté que 14,3% des nouvelles capacités mondiales.

Il est important de clarifier ce que signifie “capacité de production”. Cette mesure représente la puissance maximale théorique que peuvent produire les installations, et non l’énergie effectivement générée. Par exemple, une centrale solaire de 100 MW de capacité ne produit pas constamment cette puissance, car sa production varie selon l’ensoleillement.

Cette distinction est cruciale car le taux d’utilisation (ou facteur de charge) diffère considérablement selon les technologies: environ 25-30% pour l’éolien, 15-20% pour le solaire, contre 60-90% pour les centrales thermiques traditionnelles ou nucléaires. Ainsi, 1 GW de capacité solaire ne remplace pas directement 1 GW de capacité fossile en termes de production réelle.

Notons également que la capacité de production électrique ne représente qu’environ 20% de la consommation énergétique totale mondiale, le reste étant principalement constitué des transports, du chauffage et des processus industriels, encore largement dépendants des combustibles fossiles.

Point de vue neutre

Cette transition énergétique s’explique moins par une prise de conscience écologique soudaine que par une évolution économique inéluctable. Les énergies renouvelables, particulièrement le solaire et l’éolien, sont devenues tout simplement moins chères à déployer que les centrales thermiques traditionnelles.

Le cas de la Chine est particulièrement révélateur. Sa domination dans le déploiement des énergies renouvelables répond à plusieurs impératifs: réduire sa dépendance aux importations d’hydrocarbures (vulnérabilité géostratégique), améliorer la qualité de l’air dans ses mégapoles, et sécuriser sa position de leader industriel dans les technologies d’avenir.

Le Texas, malgré son image de bastion pétrolier, illustre également cette réalité économique. L’État américain a massivement investi dans l’éolien et le solaire, non par conviction environnementale, mais parce que ces technologies offrent désormais le meilleur retour sur investissement. Ironie du sort, la législature texane vient d’adopter une loi exigeant que toute nouvelle capacité renouvelable soit accompagnée d’une capacité équivalente en gaz naturel ou charbon “propre”.

Cette transition n’est ni aussi rapide que les optimistes le souhaiteraient, ni aussi lente que les pessimistes le craignent. Elle suit simplement la courbe d’adoption classique des nouvelles technologies: lente au début, puis exponentielle lorsque les avantages économiques deviennent évidents. Nous sommes probablement au début de cette phase d’accélération.

Cependant, il reste un défi majeur: remplacer les capacités existantes, et non seulement ajouter de nouvelles capacités. Tant que nous n’aurons pas commencé à fermer massivement les centrales fossiles, nos émissions continueront d’augmenter, même si leur croissance ralentit.

Exemple

Imaginez que vous dirigez une flotte de taxis dans une grande ville. Pendant des décennies, vous n’avez acheté que des voitures à essence, fiables et éprouvées. Chaque année, vous remplacez 10% de votre flotte vieillissante et ajoutez quelques véhicules pour répondre à la demande croissante.

Un jour, les véhicules électriques deviennent suffisamment abordables et pratiques pour attirer votre attention. Vous décidez que, cette année, 92,5% des nouvelles voitures que vous achèterez seront électriques. Formidable nouvelle pour l’environnement, non?

Pas si vite! Si votre flotte compte 1000 taxis et que vous en achetez 100 nouveaux cette année (dont 93 électriques), cela signifie que vous aurez 93 taxis électriques… et encore 907 à essence qui continuent de rouler et de polluer.

De plus, vos chauffeurs vous font remarquer que les taxis électriques, bien qu’excellents pour les trajets urbains, sont moins pratiques pour les longues courses en banlieue. Ils passent plus de temps à se recharger qu’à transporter des clients lors de ces trajets. Donc même si 9,3% de votre flotte est maintenant électrique, ces véhicules ne réalisent peut-être que 5% des courses totales.

C’est exactement ce qui se passe avec notre transition énergétique. Nous ajoutons beaucoup de capacité renouvelable, mais nous n’avons pas encore commencé à retirer massivement les anciennes centrales fossiles. Et comme le soleil ne brille pas la nuit et que le vent ne souffle pas toujours, ces nouvelles capacités renouvelables ne produisent pas autant d’électricité que leur puissance nominale pourrait le suggérer.

La vraie victoire viendra quand nous commencerons à mettre à la casse nos vieux taxis à essence… euh, je veux dire, nos vieilles centrales à charbon et à gaz!

Point de vue optimiste

Cette statistique de 92,5% est rien de moins qu’une révolution énergétique en marche! Nous assistons en direct à l’un des plus grands bouleversements technologiques de l’histoire humaine, comparable à l’avènement de l’électricité ou d’internet.

Le coût du solaire a chuté de plus de 90% en une décennie, rendant cette technologie non seulement compétitive, mais souvent moins chère que toutes les alternatives. Cette tendance va s’accélérer grâce aux économies d’échelle et aux innovations continues. Les batteries suivent la même trajectoire, avec des coûts en baisse de 97% depuis 1991.

La domination chinoise dans ce secteur, loin d’être une menace, est un catalyseur qui accélère la transition mondiale. Elle crée une pression concurrentielle qui pousse les autres nations à investir massivement dans ces technologies d’avenir. L’Inflation Reduction Act aux États-Unis et le Green Deal européen en sont des exemples parfaits.

Nous approchons rapidement de plusieurs points de bascule: le moment où il deviendra moins cher de construire de nouvelles installations renouvelables que de continuer à faire fonctionner des centrales fossiles existantes; le moment où les véhicules électriques seront moins chers à l’achat que leurs équivalents thermiques; le moment où l’hydrogène vert deviendra compétitif pour décarboner l’industrie lourde.

Les défis d’intermittence sont en train d’être résolus grâce à une combinaison intelligente de solutions: stockage par batteries à court terme, hydroélectricité pompée pour le moyen terme, hydrogène pour le stockage saisonnier, et réseaux intelligents pour équilibrer l’offre et la demande en temps réel.

Cette transition est désormais inéluctable, portée par les forces du marché plus que par les politiques publiques. Même le Texas, bastion traditionnel des énergies fossiles, devient un leader des énergies renouvelables simplement parce que c’est économiquement rationnel. La question n’est plus si nous allons réussir cette transition, mais à quelle vitesse.

Point de vue pessimiste

Ne nous laissons pas éblouir par ce chiffre de 92,5% qui masque une réalité bien plus sombre. Ce pourcentage ne concerne que les nouvelles capacités ajoutées, pas la production totale d’électricité, et encore moins la consommation énergétique globale.

La consommation mondiale de charbon a atteint un niveau record en 2023, et celle de pétrole continue d’augmenter année après année. Pendant que nous célébrons l’installation de panneaux solaires, des dizaines de centrales à charbon continuent de fonctionner 24h/24 en Chine, en Inde et ailleurs.

L’électricité ne représente qu’environ 20% de notre consommation énergétique totale. Les 80% restants – transports, chauffage, industrie – restent massivement dépendants des combustibles fossiles. Même les scénarios les plus ambitieux ne prévoient qu’une électrification à 50% d’ici 2050, ce qui est bien trop tard pour éviter les pires impacts du changement climatique.

La domination chinoise dans les technologies renouvelables pose également des questions géopolitiques inquiétantes. Nous sommes en train de remplacer notre dépendance au pétrole du Moyen-Orient par une dépendance aux panneaux solaires et aux batteries chinoises. Cette concentration de la chaîne d’approvisionnement crée de nouvelles vulnérabilités.

Les obstacles politiques restent considérables. Le cas du Texas est emblématique: dès que les énergies renouvelables commencent à menacer sérieusement les intérêts fossiles établis, des barrières réglementaires sont érigées. La récente loi texane obligeant à construire des capacités fossiles en parallèle de tout projet renouvelable est un sabotage délibéré de la transition énergétique.

Enfin, même avec cette croissance impressionnante des renouvelables, nous restons sur une trajectoire de réchauffement supérieur à 3°C d’ici la fin du siècle. Sans une réduction drastique et immédiate de notre consommation énergétique globale, même les technologies les plus propres ne suffiront pas à éviter la catastrophe climatique qui se profile.

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