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Récapitulatif factuel

Un ancien réalisateur de publicités pharmaceutiques, PJ Ace, a créé une publicité complète en utilisant Veo 3, un outil d’intelligence artificielle de génération vidéo développé par Google. Cette publicité fictive pour un médicament appelé “Puppramin” (censé attirer les chiens vers leur propriétaire) a coûté seulement 500$ en crédits Veo 3 et a été produite en moins d’une journée.

Pour mettre cela en perspective, PJ Ace affirme avoir précédemment travaillé sur des publicités pharmaceutiques coûtant jusqu’à 500 000$. La différence de coût est donc de 1000 fois moins cher avec l’IA.

Veo 3 est un modèle d’IA générative qui crée des vidéos à partir de descriptions textuelles. L’utilisateur écrit ce qu’il veut voir (par exemple “une femme âgée souriante tenant un chien”), et l’IA génère une séquence vidéo correspondante. La technologie peut maintenant produire des visages humains réalistes, des mouvements naturels et même synchroniser les lèvres avec la parole.

La publicité générée comprend plusieurs acteurs virtuels de différents âges et ethnies, des témoignages de patients fictifs, et même un vétérinaire qui explique le produit. Tout cela sans qu’aucune personne réelle n’ait été filmée.

Les commentaires Reddit révèlent un mélange de fascination et d’inquiétude. Certains professionnels de l’industrie notent que bien que impressionnante, la qualité n’atteint pas encore les standards des grandes marques, mais reconnaissent que pour des budgets plus modestes, c’est révolutionnaire.

Point de vue neutre

Cette démonstration marque probablement un tournant dans l’industrie publicitaire, mais pas nécessairement la révolution immédiate que certains prédisent. La réalité se situe quelque part entre l’enthousiasme technologique et la panique professionnelle.

D’un côté, la qualité atteinte est indéniablement impressionnante pour un coût si dérisoire. Les entreprises avec des budgets limités vont certainement adopter cette technologie rapidement. Les cabinets d’avocats locaux, les petites cliniques, et les startups qui n’avaient pas les moyens de produire des publicités professionnelles peuvent maintenant créer du contenu visuellement attrayant.

Cependant, plusieurs facteurs tempèrent cette révolution annoncée. Les grandes marques pharmaceutiques ne changeront pas leurs processus du jour au lendemain. Elles investissent massivement dans leurs publicités non seulement pour la production, mais pour la recherche, les tests d’efficacité, la conformité réglementaire, et souvent les célébrités qui les endossent. Un professionnel de l’industrie pharmaceutique dans les commentaires souligne d’ailleurs que ces publicités doivent respecter des critères stricts de la FDA que cette démonstration ne respecte pas.

La vraie transformation se fera probablement de manière graduelle. Les studios de production intégreront ces outils pour réduire certains coûts, plutôt que de les remplacer entièrement. Les acteurs débutants perdront peut-être certaines opportunités, mais les talents établis conserveront leur valeur ajoutée.

L’aspect le plus intéressant pourrait être la démocratisation de la création publicitaire, permettant à des entrepreneurs et des créateurs indépendants de rivaliser visuellement avec des productions plus importantes.

Exemple

Imaginez que vous êtes propriétaire d’une petite boulangerie à Trois-Rivières. Jusqu’à maintenant, votre budget publicitaire vous permettait tout au plus de faire imprimer des dépliants ou de payer une annonce dans le journal local. Vous rêviez d’avoir une belle publicité télé comme les grandes chaînes, mais le coût était astronomique.

Avec cette technologie, c’est comme si on vous donnait soudainement accès aux studios d’Hollywood pour le prix d’un souper au restaurant. Vous pourriez créer une publicité où un boulanger sympathique (généré par IA) présente vos croissants fraîchement sortis du four, avec des clients satisfaits (également virtuels) qui témoignent de la qualité de vos produits.

C’est un peu comme si quelqu’un avait inventé une machine à photocopier pour les films. Avant, pour reproduire un document, il fallait le réécrire à la main - long et coûteux. Maintenant, n’importe qui peut faire des copies parfaites en quelques secondes.

Mais attention : tout le monde peut maintenant faire des “copies”, ce qui signifie que votre belle publicité IA risque de ressembler à celle de la boulangerie d’à côté qui utilise le même outil. C’est comme quand tout le monde a découvert PowerPoint dans les années 90 - soudainement, toutes les présentations avaient les mêmes transitions et les mêmes cliparts de bonshommes qui applaudissent.

La vraie question devient : maintenant que tout le monde peut faire du “beau”, comment vous démarquez-vous ? Peut-être en retournant aux vraies histoires, aux vrais gens, et à l’authenticité que l’IA ne peut pas encore reproduire parfaitement.

Point de vue optimiste

Cette révolution technologique ouvre des possibilités extraordinaires qui vont transformer positivement notre société ! Nous assistons à la démocratisation ultime de la création audiovisuelle.

Pensez aux entrepreneurs québécois qui ont des idées brillantes mais qui manquent de capital pour les promouvoir efficacement. Maintenant, une startup de Sherbrooke peut créer des publicités qui rivalisent visuellement avec celles de multinationales, et ce, pour une fraction du coût. C’est l’égalisation des chances à son meilleur !

Cette technologie va libérer la créativité humaine plutôt que la remplacer. Les réalisateurs pourront se concentrer sur l’histoire, l’émotion et le message plutôt que sur les contraintes logistiques. Imaginez pouvoir tester 50 versions différentes d’une publicité pour trouver celle qui résonne le mieux avec votre audience, le tout pour le prix d’une seule production traditionnelle.

Pour les consommateurs, c’est une excellente nouvelle ! Plus de concurrence signifie plus d’innovation et de meilleurs prix. Les petites entreprises locales pourront enfin rivaliser avec les géants, créant un écosystème économique plus diversifié et dynamique.

Et soyons honnêtes : la plupart des publicités actuelles sont déjà formulaiques et prévisibles. L’IA ne fait que reproduire ces patterns, mais elle libère du temps et des ressources pour que les créatifs se concentrent sur ce qui compte vraiment : l’innovation, l’authenticité et la connexion émotionnelle.

Dans quelques années, nous regarderons cette période comme le moment où la création de contenu est devenue accessible à tous, déclenchant une renaissance créative sans précédent. C’est l’imprimerie de Gutenberg pour l’ère numérique !

Point de vue pessimiste

Cette démonstration illustre parfaitement la course vers le fond qui caractérise l’adoption de l’IA dans nos industries créatives. Nous assistons à la commoditisation systématique du travail humain au profit de quelques géants technologiques.

Le message sous-jacent est troublant : pourquoi payer des acteurs, des réalisateurs, des techniciens quand une machine peut faire “assez bien” pour une fraction du coût ? Cette logique va détruire des milliers d’emplois dans l’industrie audiovisuelle. Les acteurs débutants qui comptaient sur les publicités pour payer leurs factures vont se retrouver sans revenus.

Plus inquiétant encore, nous normalisons la création de faux témoignages. Ces “patients” qui vantent les mérites du Puppramin n’existent pas, mais ils paraissent réels. Quelle est la différence éthique entre cela et de la désinformation pure ? Dans un contexte où la confiance envers les institutions est déjà fragile, cette technologie va amplifier le problème.

L’argument économique ne tient pas la route non plus. Si tout le monde peut créer des publicités pour 500$, qui aura encore l’argent pour acheter les produits annoncés ? Nous créons un cercle vicieux où l’automatisation détruit les emplois qui génèrent le pouvoir d’achat nécessaire pour soutenir l’économie.

Sans compter les implications légales : ces vidéos ne sont pas protégées par le droit d’auteur. N’importe qui peut les réutiliser, les modifier, les détourner. Imaginez les possibilités de manipulation politique et de propagande.

Nous sommes en train de sacrifier l’authenticité, l’emploi humain et la vérité sur l’autel de l’efficacité technologique. Dans 10 ans, quand nous serons submergés de contenu artificiel indiscernable du réel, nous regretterons peut-être cette course effrénée vers l’automatisation de la créativité humaine.