Patrick Bélanger
Article en référence: https://www.theguardian.com/technology/2025/jul/16/zuckerberg-meta-data-center-ai-manhattan
Mark Zuckerberg, PDG de Meta (anciennement Facebook), a annoncĂ© son intention de construire un centre de donnĂ©es de la taille de Manhattan pour alimenter ses ambitions en intelligence artificielle. Cette infrastructure colossale nĂ©cessiterait un investissement de plusieurs centaines de milliards de dollars, reprĂ©sentant lâun des plus grands projets technologiques jamais entrepris par une entreprise privĂ©e.
Un centre de donnĂ©es est essentiellement un entrepĂŽt gĂ©ant rempli de serveurs informatiques qui stockent et traitent des informations. Pour vous donner une idĂ©e de lâampleur : Manhattan fait environ 60 kilomĂštres carrĂ©s. Imaginez cette superficie entiĂšre dĂ©diĂ©e uniquement Ă des ordinateurs ultra-puissants travaillant 24h/24 pour entraĂźner des modĂšles dâIA.
Cette annonce sâinscrit dans une course effrĂ©nĂ©e entre les gĂ©ants technologiques (Meta, Google, OpenAI, Microsoft) pour dĂ©velopper lâintelligence artificielle gĂ©nĂ©rale (AGI) - une IA qui pourrait Ă©galer ou surpasser lâintelligence humaine dans tous les domaines. Lâapproche actuelle mise sur le âscalingâ : lâidĂ©e que plus on augmente la puissance de calcul et la quantitĂ© de donnĂ©es, plus lâIA devient performante.
Le projet soulĂšve des questions majeures sur la consommation Ă©nergĂ©tique (il faudrait probablement plusieurs centrales nuclĂ©aires pour lâalimenter), lâimpact environnemental et les ressources en eau nĂ©cessaires au refroidissement. Câest un pari technologique et financier sans prĂ©cĂ©dent qui pourrait redĂ©finir lâavenir de lâhumanité⊠ou devenir le plus coĂ»teux Ă©chec de lâhistoire corporative.
Cette annonce rĂ©vĂšle la rĂ©alitĂ© brutale de la course Ă lâIA : nous sommes entrĂ©s dans une phase oĂč seules les entreprises disposant de ressources quasi-illimitĂ©es peuvent jouer dans la cour des grands. Meta mise tout sur une hypothĂšse : que lâintelligence artificielle gĂ©nĂ©rale Ă©mergera naturellement si on lui fournit suffisamment de puissance de calcul.
Lâhistoire nous enseigne que les rĂ©volutions technologiques suivent souvent des cycles dâinvestissements massifs suivis de consolidation. Nous vivons probablement le moment oĂč lâindustrie dĂ©termine qui survivra Ă cette transition. Zuckerberg, ayant dĂ©jĂ investi des dizaines de milliards dans le mĂ©tavers avec des rĂ©sultats mitigĂ©s, semble appliquer la mĂȘme stratĂ©gie : investir massivement en espĂ©rant crĂ©er la prochaine plateforme dominante.
La question centrale nâest pas de savoir si cette approche fonctionnera, mais plutĂŽt quelles seront les consĂ©quences de cette concentration de pouvoir computationnel entre les mains de quelques acteurs. Si Meta rĂ©ussit, lâentreprise contrĂŽlera potentiellement lâune des technologies les plus transformatrices de lâhistoire humaine. Si elle Ă©choue, les rĂ©percussions Ă©conomiques et technologiques se feront sentir bien au-delĂ de Silicon Valley.
Cette dynamique force Ă©galement nos sociĂ©tĂ©s Ă repenser la rĂ©gulation technologique. Comment encadrer des investissements de cette ampleur qui façonneront lâavenir de millions de personnes ? La dĂ©mocratie peut-elle coexister avec une telle concentration de pouvoir technologique ?
Imaginez que votre voisin dĂ©cide de construire une piscine dans sa cour arriĂšre. Puis il rĂ©alise quâune plus grande piscine serait mieux, alors il abat la clĂŽture et sâĂ©tend sur le terrain du voisin dâĂ cĂŽtĂ©. Puis il se dit : âPourquoi pas une piscine olympique ?â et rachĂšte tout le pĂątĂ© de maisons. Finalement, il conclut quâil lui faut carrĂ©ment un lac artificiel de la taille du lac Saint-Jean pour avoir la âvraieâ expĂ©rience aquatique.
Câest essentiellement ce que fait Zuckerberg avec lâIA. Il a commencĂ© avec quelques serveurs pour faire tourner Facebook, puis Instagram, puis le mĂ©tavers. Maintenant, il veut construire lâĂ©quivalent numĂ©rique du barrage de la Baie-James pour alimenter son cerveau artificiel gĂ©ant.
Le plus drĂŽle, câest quâil nâest mĂȘme pas sĂ»r que son lac artificiel produira des poissons magiques qui parleront et rĂ©soudront tous les problĂšmes du monde. Peut-ĂȘtre quâil se retrouvera juste avec le plus grand et plus coĂ»teux Ă©tang Ă grenouilles de lâhistoire, pendant que son petit voisin malin aura dĂ©couvert comment Ă©lever des poissons tropicaux dans un aquarium de salon.
Mais bon, quand on a les poches aussi profondes que Zuckerberg, pourquoi ne pas creuser le plus grand trou possible et voir ce qui en sort ? Au pire, ça fera une belle attraction touristique pour les futurs archéologues qui se demanderont ce que faisaient ces étranges humains du 21e siÚcle avec tous ces ordinateurs.
Nous assistons Ă un moment historique ! Zuckerberg ne construit pas simplement un centre de donnĂ©es, il pose les fondations de la prochaine rĂ©volution humaine. Cette infrastructure colossale pourrait ĂȘtre le catalyseur qui nous propulse vers lâĂąge dâor de lâintelligence artificielle.
Pensez aux possibilitĂ©s infinies : une IA capable de rĂ©soudre le changement climatique en optimisant chaque aspect de notre consommation Ă©nergĂ©tique, de dĂ©couvrir des traitements rĂ©volutionnaires contre le cancer en analysant des millions de combinaisons molĂ©culaires, ou de personnaliser lâĂ©ducation pour chaque enfant sur la planĂšte. Cette puissance de calcul pourrait dĂ©mocratiser lâaccĂšs Ă une intelligence surhumaine, transformant chaque smartphone en assistant personnel plus intelligent quâEinstein.
Lâinvestissement massif de Meta crĂ©era des milliers dâemplois hautement qualifiĂ©s, stimulera lâinnovation dans les technologies vertes (ils devront bien alimenter tout ça proprement !), et positionnera lâhumanitĂ© pour faire le grand saut vers une civilisation de type I sur lâĂ©chelle de Kardashev.
Les sceptiques comparent cela au mĂ©tavers, mais ils oublient que Meta a rĂ©volutionnĂ© les rĂ©seaux sociaux, dĂ©mocratisĂ© la rĂ©alitĂ© virtuelle avec Quest, et dĂ©veloppĂ© des outils dâIA qui transforment dĂ©jĂ des industries entiĂšres. Cette fois, ils visent encore plus haut : crĂ©er lâinfrastructure qui permettra Ă lâhumanitĂ© de transcender ses limitations biologiques.
Dans 20 ans, nous regarderons cette annonce comme le moment oĂč tout a basculĂ© vers un futur dâabondance technologique inimaginable !
Cette annonce confirme nos pires craintes sur la direction que prend notre sociĂ©tĂ©. Zuckerberg, lâhomme qui a contribuĂ© Ă polariser le dĂ©bat public et Ă Ă©roder la vie privĂ©e de milliards de personnes, veut maintenant concentrer entre ses mains une puissance computationnelle capable de surpasser lâintelligence humaine collective.
Lâironie est cruelle : pendant que des millions de personnes peinent Ă se loger, Ă se soigner ou Ă Ă©duquer leurs enfants, des centaines de milliards sont investis dans un projet dont lâobjectif ultime semble ĂȘtre de remplacer lâintelligence humaine. Cette course Ă lâIA ressemble dangereusement Ă une fuite en avant technologique dĂ©connectĂ©e des vrais besoins de lâhumanitĂ©.
Lâimpact environnemental sera catastrophique. Un centre de donnĂ©es de cette taille consommera lâĂ©quivalent Ă©nergĂ©tique dâun petit pays, aggravant la crise climatique au moment oĂč nous devrions rĂ©duire drastiquement notre empreinte carbone. Sans compter lâĂ©puisement des ressources en eau nĂ©cessaires au refroidissement et lâextraction massive de mĂ©taux rares pour les composants.
Pire encore, cette concentration de pouvoir computationnel entre les mains dâune seule entreprise pose des risques existentiels pour la dĂ©mocratie. Si Meta rĂ©ussit Ă crĂ©er une IA surhumaine, qui contrĂŽlera cette technologie ? Quelles garanties avons-nous quâelle sera utilisĂ©e pour le bien commun plutĂŽt que pour maximiser les profits et le contrĂŽle social ?
Lâhistoire du mĂ©tavers nous rappelle que les visions grandioses de Zuckerberg peuvent se transformer en gouffres financiers. Sauf que cette fois, lâĂ©chec pourrait entraĂźner dans sa chute bien plus que les actionnaires de Meta.
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