Patrick Bélanger
Article en référence: https://i.redd.it/wwuobelnir3f1.png
Une nouvelle Ă©tude menĂ©e par des chercheurs de Harvard et Stanford rĂ©vĂšle que les modĂšles de langage de grande taille (LLM) surpassent dĂ©sormais les mĂ©decins dans les tĂąches de diagnostic mĂ©dical. LâĂ©tude, qui a testĂ© le modĂšle o1 dâOpenAI contre des mĂ©decins expĂ©rimentĂ©s, montre des rĂ©sultats frappants : lâIA a identifiĂ© le bon diagnostic dans 65,8% des cas en triage dâurgence, 69,6% lors de consultations et 79,7% en soins intensifs, comparativement Ă seulement 54,4%, 60,8% et 75,9% pour le premier mĂ©decin testĂ©.
Les LLM, ou modĂšles de langage de grande taille, sont des systĂšmes dâintelligence artificielle entraĂźnĂ©s sur dâĂ©normes quantitĂ©s de texte mĂ©dical - journaux scientifiques, dossiers mĂ©dicaux, Ă©tudes de cas. Contrairement Ă un mĂ©decin qui peut consulter quelques milliers de cas dans sa carriĂšre, ces systĂšmes ont accĂšs Ă des millions de dossiers mĂ©dicaux et peuvent traiter cette information instantanĂ©ment.
LâĂ©tude souligne que les erreurs mĂ©dicales constituent la troisiĂšme cause de dĂ©cĂšs aux Ătats-Unis, avec environ 100 000 dĂ©cĂšs hospitaliers annuels dus Ă des erreurs de diagnostic. Les participants Ă la discussion Reddit rapportent des expĂ©riences personnelles oĂč ChatGPT a fourni de meilleurs conseils que leurs mĂ©decins traitants, notamment pour des conditions chroniques non diagnostiquĂ©es ou mal traitĂ©es.
La recherche met Ă©galement en lumiĂšre les limites actuelles du systĂšme mĂ©dical : surcharge de travail des mĂ©decins, temps de consultation limitĂ©, et difficultĂ© Ă rester Ă jour avec la littĂ©rature mĂ©dicale en constante Ă©volution. LâIA, elle, nâa pas ces contraintes humaines et peut consacrer toute son âattentionâ Ă chaque cas.
Cette avancĂ©e marque probablement un tournant dans lâĂ©volution de la mĂ©decine, mais la rĂ©alitĂ© sera plus nuancĂ©e que les titres sensationnalistes le suggĂšrent. LâIA excelle dans lâanalyse de donnĂ©es structurĂ©es et la reconnaissance de patterns, ce qui correspond effectivement Ă une grande partie du travail diagnostique. Cependant, la mĂ©decine ne se rĂ©sume pas aux diagnostics sur papier.
La vraie question nâest pas de savoir si lâIA remplacera les mĂ©decins, mais plutĂŽt comment elle transformera leur rĂŽle. Les mĂ©decins passeront probablement moins de temps Ă mĂ©moriser des symptĂŽmes et plus de temps Ă interprĂ©ter les recommandations de lâIA, Ă communiquer avec les patients et Ă prendre des dĂ©cisions complexes impliquant des facteurs humains que lâIA ne peut pas saisir.
LâimplĂ©mentation se fera graduellement, dâabord comme outil dâaide Ă la dĂ©cision, puis possiblement comme systĂšme de premiĂšre ligne pour les cas simples. Les systĂšmes de santĂ© publique comme celui du QuĂ©bec pourraient bĂ©nĂ©ficier Ă©normĂ©ment de cette technologie pour rĂ©duire les dĂ©lais dâattente et amĂ©liorer lâaccĂšs aux soins.
Les dĂ©fis rĂ©glementaires et de responsabilitĂ© lĂ©gale ralentiront lâadoption, mais lâargument Ă©conomique et mĂ©dical devient difficile Ă ignorer. Si lâIA peut rĂ©duire les erreurs mĂ©dicales et amĂ©liorer les rĂ©sultats patients, la rĂ©sistance au changement deviendra Ă©thiquement questionnable.
Imaginez que vous ĂȘtes dans une bibliothĂšque gĂ©ante avec des millions de livres mĂ©dicaux. Un mĂ©decin humain, mĂȘme brillant, peut lire quelques milliers de ces livres dans sa carriĂšre et se souvenir dâune fraction de ce quâil a lu. Quand un patient arrive avec des symptĂŽmes mystĂ©rieux, le mĂ©decin fouille dans sa mĂ©moire, consulte quelques rĂ©fĂ©rences, et fait de son mieux avec les outils Ă sa disposition.
Maintenant, imaginez un bibliothĂ©caire robotique qui a lu TOUS les livres de la bibliothĂšque, se souvient de chaque dĂ©tail, et peut instantanĂ©ment croiser toutes les informations pertinentes. Quand le mĂȘme patient arrive, le robot peut comparer ses symptĂŽmes avec des millions de cas similaires, identifier des patterns subtils que lâhumain aurait manquĂ©s, et proposer des diagnostics que mĂȘme le meilleur mĂ©decin nâaurait pas envisagĂ©s.
Câest un peu comme comparer un excellent joueur dâĂ©checs humain Ă un ordinateur : lâhumain a lâintuition et lâexpĂ©rience, mais la machine a la capacitĂ© de calculer des millions de possibilitĂ©s en quelques secondes. Sauf quâici, au lieu de gagner une partie dâĂ©checs, on parle de sauver des vies.
Le hic ? Le bibliothĂ©caire robotique ne peut pas vous tenir la main quand vous avez peur, ne comprend pas que votre grand-mĂšre refuse certains traitements pour des raisons culturelles, et ne sait pas comment annoncer de mauvaises nouvelles avec empathie. Câest lĂ que lâhumain reste irremplaçable⊠pour lâinstant.
Nous assistons Ă lâaube dâune rĂ©volution mĂ©dicale qui pourrait Ă©liminer la souffrance Ă©vitable de millions de personnes ! Cette technologie va dĂ©mocratiser lâaccĂšs Ă des soins de qualitĂ© mondiale, peu importe oĂč vous vivez. Fini les diagnostics ratĂ©s parce que votre mĂ©decin de famille nâa pas pensĂ© Ă cette maladie rare, ou parce quâil Ă©tait fatiguĂ© aprĂšs une garde de 24 heures.
LâIA mĂ©dicale va crĂ©er un systĂšme de santĂ© vĂ©ritablement Ă©quitable. Un patient dans un village isolĂ© du QuĂ©bec aura accĂšs au mĂȘme niveau dâexpertise quâun patient Ă lâHĂŽpital gĂ©nĂ©ral de MontrĂ©al. Les coĂ»ts de santĂ© vont chuter drastiquement quand lâIA pourra traiter 80% des cas de routine, libĂ©rant les mĂ©decins pour les cas complexes et les soins humains.
Imaginez : diagnostic instantanĂ© 24/7, mĂ©decine personnalisĂ©e basĂ©e sur votre gĂ©nome et votre historique mĂ©dical complet, dĂ©tection prĂ©coce de maladies avant mĂȘme lâapparition des symptĂŽmes. LâIA va analyser vos donnĂ©es de santĂ© en continu et vous alerter : âHĂ©, tes biomarqueurs suggĂšrent un risque cardiaque, va voir un cardiologue cette semaine.â
Les mĂ©decins vont enfin pouvoir se concentrer sur ce quâils font de mieux : soigner lâhumain derriĂšre la maladie. Plus de temps pour Ă©couter, expliquer, rassurer. La mĂ©decine va redevenir un art humaniste, supportĂ© par une science parfaite. Câest le futur que nous mĂ©ritons tous !
Cette ârĂ©volutionâ cache des dangers systĂ©miques inquiĂ©tants qui pourraient transformer la mĂ©decine en une industrie dĂ©shumanisĂ©e et dangereusement centralisĂ©e. Quand les compagnies dâassurance rĂ©aliseront quâelles peuvent remplacer des mĂ©decins Ă 300 000$ par an par des algorithmes, devinez qui va disparaĂźtre en premier ? Ce ne sera pas les actionnaires.
LâIA mĂ©dicale va crĂ©er une mĂ©decine Ă deux vitesses : les riches auront encore accĂšs Ă de vrais mĂ©decins humains, tandis que les masses devront se contenter de diagnostics automatisĂ©s. Pire encore, ces systĂšmes seront contrĂŽlĂ©s par quelques gĂ©ants technologiques qui dĂ©cideront qui mĂ©rite quels soins, basĂ© sur des algorithmes opaques et potentiellement biaisĂ©s.
Les erreurs dâIA seront catastrophiques et systĂ©miques. Quand un mĂ©decin se trompe, il affecte un patient. Quand un systĂšme dâIA bugge ou a un biais dans ses donnĂ©es dâentraĂźnement, il peut affecter des millions de personnes simultanĂ©ment. Et qui sera responsable ? LâhĂŽpital dira que câest la faute du logiciel, le fabricant du logiciel dira que câest un cas dâusage imprĂ©vu.
Nous risquons de perdre des gĂ©nĂ©rations de connaissances mĂ©dicales humaines. Si nous cessons de former des mĂ©decins parce que âlâIA fait tout mieuxâ, que se passera-t-il quand les systĂšmes tomberont en panne ou seront hackĂ©s ? Nous serons complĂštement dĂ©pendants de machines que nous ne comprenons plus, dans un domaine oĂč les erreurs se paient en vies humaines.
La mĂ©decine va devenir un algorithme froid, oĂč votre valeur en tant que patient sera calculĂ©e par une machine qui ne comprend ni votre histoire, ni vos peurs, ni votre humanitĂ©.
Si vous n'ĂȘtes pas redirigĂ© automatiquement, đ cliquez ici đ