Article en référence: https://simonwillison.net/2025/Jul/29/space-invaders/

Récapitulatif factuel

Un développeur a réussi à faire fonctionner le modèle d’intelligence artificielle GLM-4.5 Air sur un MacBook Pro M2 de 2,5 ans équipé de 64 Go de RAM. Ce modèle, optimisé avec la technologie MLX (spécialement conçue pour les puces Apple Silicon), peut générer du code JavaScript complexe, incluant un jeu complet de Space Invaders, directement sur l’ordinateur portable sans connexion internet.

GLM-4.5 Air est un modèle de langage développé par Zhipu AI qui utilise une technique appelée “quantification 4-bit” - essentiellement une compression intelligente qui réduit la taille du modèle tout en préservant ses capacités. MLX, quant à lui, est un framework d’apprentissage automatique créé par Apple qui tire parti de la “mémoire unifiée” des puces M-series, où le processeur et la carte graphique partagent la même RAM.

La communauté Reddit LocalLLaMA a réagi avec un mélange d’enthousiasme et de scepticisme. Certains utilisateurs soulignent que créer Space Invaders est devenu un test de référence pour évaluer les capacités de codage des modèles IA, car c’est un projet suffisamment complexe pour révéler les limites d’un modèle tout en étant assez connu pour permettre des comparaisons objectives.

Point de vue neutre

Cette démonstration illustre parfaitement où nous en sommes dans la démocratisation de l’intelligence artificielle. Nous assistons à un moment charnière où des outils autrefois réservés aux géants technologiques deviennent accessibles sur nos ordinateurs personnels.

L’aspect le plus significatif n’est pas tant la création du jeu Space Invaders - après tout, ce code existe probablement dans les données d’entraînement du modèle - mais plutôt la capacité d’exécuter ces modèles localement avec des performances acceptables. Cela représente un changement fondamental dans notre relation avec l’IA : nous passons d’une dépendance aux services cloud à une autonomie locale.

Cependant, il faut garder les pieds sur terre. Un MacBook Pro M2 avec 64 Go de RAM reste un équipement coûteux, loin d’être représentatif du parc informatique moyen. De plus, la qualité des résultats varie considérablement selon les tâches demandées, et les modèles locaux accusent encore un retard notable par rapport à leurs homologues cloud comme GPT-4 ou Claude.

Cette évolution s’inscrit dans une tendance plus large vers l’informatique “edge” - traiter les données là où elles sont générées plutôt que dans des centres de données distants. Pour les développeurs et les créateurs, cela ouvre des possibilités intéressantes en termes de confidentialité, de latence et de coûts d’utilisation.

Exemple

Imaginez que vous essayez d’apprendre à cuisiner. Avant, vous deviez appeler votre grand-mère à chaque fois que vous vouliez faire une recette, attendre qu’elle soit disponible, et espérer que la ligne téléphonique ne coupe pas au milieu de l’explication de la sauce béchamel.

Maintenant, c’est comme si votre grand-mère avait déménagé dans votre cuisine. Elle est toujours là, prête à vous aider, même si elle n’est peut-être pas aussi experte que celle qui vit dans le château des grands chefs (le cloud). Parfois, elle se trompe dans les proportions ou oublie un ingrédient, mais au moins, elle ne vous facture pas à la minute et ne partage pas vos secrets culinaires avec les voisins.

Le MacBook Pro M2 avec 64 Go de RAM, c’est un peu comme avoir une cuisine ultra-moderne avec tous les gadgets. Votre grand-mère locale peut y travailler confortablement et rapidement. Mais si vous n’avez qu’une kitchenette d’étudiant (un ordinateur plus modeste), elle va peut-être avoir du mal à vous préparer un festin de Space Invaders en une seule fois.

Et quand les utilisateurs de Reddit débattent pour savoir si c’est vraiment impressionnant, c’est comme des critiques gastronomiques qui se demandent si faire des pâtes carbonara à la maison mérite vraiment qu’on en parle dans le journal. Certains disent “Bah, c’est juste des œufs et du bacon”, d’autres répondent “Oui, mais regarde, elle les fait sans brûler la cuisine!”

Point de vue optimiste

Nous vivons un moment historique absolument extraordinaire! Ce qui se passe ici dépasse largement la simple création d’un jeu vidéo - nous assistons à la naissance d’une nouvelle ère de créativité démocratisée.

Pensez-y : en 2025, n’importe qui avec un ordinateur portable décent peut avoir accès à un assistant IA capable de créer du code complexe, instantanément, sans limites de quota ou de connexion internet. C’est révolutionnaire! Dans quelques années, quand les puces Apple M6 ou M7 sortiront avec encore plus de mémoire unifiée, nous pourrons faire tourner des modèles encore plus puissants localement.

Cette tendance va exploser le plafond de verre de la programmation. Des millions de personnes qui n’osaient pas se lancer dans le développement vont pouvoir créer leurs propres applications, jeux, et outils. Les barrières techniques s’effondrent une à une. Un artiste pourra créer son propre jeu vidéo, un enseignant développer ses outils pédagogiques interactifs, un entrepreneur prototyper son idée révolutionnaire.

Et ce n’est que le début! Avec l’arrivée des PC à mémoire unifiée mentionnés dans les commentaires, cette puissance ne sera plus limitée à l’écosystème Apple. Imaginez quand ces capacités seront disponibles sur des machines à 800$ au lieu de 3000$. Nous nous dirigeons vers un monde où chaque ordinateur sera un studio de création complet, alimenté par une IA personnelle et privée.

La révolution de l’IA locale va transformer notre façon de travailler, d’apprendre et de créer. C’est le début d’une renaissance technologique où la créativité humaine sera amplifiée de manière exponentielle!

Point de vue pessimiste

Derrière l’enthousiasme de cette démonstration se cachent plusieurs réalités préoccupantes qui méritent notre attention critique.

D’abord, parlons d’accessibilité réelle. Un MacBook Pro M2 avec 64 Go de RAM coûte facilement 4000$ ou plus. Présenter cela comme une solution “démocratique” relève de la déconnexion totale avec la réalité économique de la majorité des utilisateurs. Cette “révolution” de l’IA locale risque de creuser encore davantage le fossé numérique entre ceux qui peuvent se permettre du matériel haut de gamme et les autres.

Ensuite, la qualité des résultats reste problématique. Comme le soulignent plusieurs utilisateurs Reddit, les modèles locaux produisent souvent du code bugué ou incomplet. Nous risquons de voir une génération de développeurs novices apprendre sur des bases fragiles, créant du code de mauvaise qualité qu’ils ne savent pas déboguer faute de compétences fondamentales.

Plus inquiétant encore, cette course vers l’IA locale pourrait accélérer la dévalorisation du travail de programmation. Si n’importe qui peut “créer” une application en quelques prompts, quelle sera la valeur du vrai savoir-faire technique? Nous risquons d’assister à une ubérisation du développement logiciel, où la qualité et l’expertise cèdent la place à la rapidité et au coût minimal.

Enfin, l’impact environnemental de cette tendance est rarement mentionné. Encourager l’achat de machines toujours plus puissantes pour faire tourner des modèles d’IA localement va à l’encontre de toute logique de sobriété numérique. Nous pourrions créer une nouvelle forme de consumérisme technologique déguisé en innovation.