Article en référence: https://v.redd.it/p8c4xe7surne1

Récapitulatif factuel

Un développeur a récemment partagé sur Reddit une innovation technique dans le domaine de la génération vidéo par intelligence artificielle : l’effet “squish” (écrasement). Cet effet, qui était auparavant disponible uniquement via des applications comme Pika ou TikTok, a été adapté sous forme de LoRA (Low-Rank Adaptation, une méthode permettant de modifier le comportement d’un modèle d’IA sans le réentraîner complètement) pour le modèle Wan2.1 14B I2V 480p.

Concrètement, l’effet “squish” permet de créer des animations où les objets ou personnages semblent s’écraser puis reprendre leur forme, créant un effet visuel amusant et élastique. Le créateur a rendu cette technologie accessible gratuitement à la communauté en partageant le fichier modèle sur la plateforme Civitai, ainsi qu’un flux de travail ComfyUI légèrement modifié basé sur celui de Kijai.

Pour utiliser cet effet, les utilisateurs doivent disposer d’un environnement capable d’exécuter des modèles d’IA de génération vidéo, comme ComfyUI avec le modèle Wan2.1. Le développeur a également créé un serveur Discord où les intéressés peuvent essayer l’effet sans installation complexe et a invité la communauté à suggérer d’autres LoRAs pour le modèle Wan I2V.

Cette innovation s’inscrit dans la tendance croissante de démocratisation des outils créatifs d’IA, permettant à des effets auparavant exclusifs à certaines plateformes commerciales d’être disponibles pour tous les créateurs.

Point de vue neutre

L’ouverture de l’effet “squish” à la communauté représente une étape intéressante dans l’évolution des outils créatifs d’IA. Ce type de partage illustre parfaitement la tension qui existe actuellement dans l’écosystème de l’IA générative : d’un côté, des entreprises comme Pika qui développent des fonctionnalités exclusives pour attirer des utilisateurs; de l’autre, une communauté open source qui cherche à reproduire et démocratiser ces innovations.

Cette dynamique de “copie créative” n’est ni bonne ni mauvaise en soi. Elle accélère l’innovation tout en posant des questions sur la propriété intellectuelle et la valorisation du travail créatif. Les entreprises innovent, puis la communauté adapte et parfois améliore ces innovations, poussant les entreprises à innover davantage.

Pour les créateurs de contenu, cette accessibilité croissante des outils signifie que la différenciation ne viendra plus de l’accès aux technologies, mais de la créativité dans leur utilisation. L’effet “squish” n’est qu’un outil parmi d’autres - ce qui compte vraiment, c’est ce que les créateurs en feront.

Nous assistons probablement à une normalisation progressive de ces effets spéciaux générés par IA. Ce qui est aujourd’hui une nouveauté virale deviendra demain un outil standard dans la boîte à outils des créateurs numériques, tout comme les filtres photo sont passés du statut d’innovation à celui de fonctionnalité banale.

Exemple

Imaginez que vous êtes dans une cuisine québécoise traditionnelle. D’un côté, vous avez le chef renommé d’un restaurant gastronomique qui a inventé une nouvelle façon de préparer la poutine - disons, une poutine moléculaire où le fromage et la sauce sont transformés en sphères qui éclatent en bouche. C’est exclusif, c’est cher, et les clients font la file pour l’essayer.

De l’autre côté, vous avez votre oncle Marcel qui, après avoir goûté cette poutine, se dit : “Ben voyons donc, j’peux faire ça dans mon garage!” Il bricole pendant quelques semaines et finit par trouver une recette similaire qu’il partage avec toute la famille lors du prochain épluchage de blé d’Inde.

L’effet “squish”, c’est un peu comme si l’oncle Marcel avait décidé de partager sa recette sur Internet. Maintenant, n’importe qui peut faire sa “poutine qui éclate” à la maison. Le restaurant gastronomique va-t-il fermer? Non! Il va probablement inventer autre chose d’encore plus impressionnant.

Et pendant ce temps-là, la grand-mère qui n’a jamais osé entrer dans le restaurant chic peut enfin goûter à cette fameuse poutine, grâce à l’oncle Marcel. Elle va peut-être même l’améliorer à sa façon, en ajoutant un soupçon de sirop d’érable, créant ainsi une toute nouvelle expérience culinaire!

Point de vue optimiste

Cette initiative représente exactement ce dont l’écosystème de l’IA a besoin : plus d’ouverture, plus de partage, plus d’innovation collective! En rendant accessible cet effet “squish” qui était auparavant confiné à des plateformes propriétaires, ce développeur contribue à une véritable démocratisation de la créativité numérique.

Imaginez les possibilités! Des créateurs de contenu indépendants du Québec pourront désormais intégrer ces effets professionnels dans leurs productions sans dépendre de plateformes comme TikTok ou payer pour des services premium. Nos artistes numériques locaux auront accès aux mêmes outils que les grands studios, ce qui pourrait faire émerger une nouvelle vague de créativité typiquement québécoise sur la scène internationale.

Cette tendance vers l’open source dans l’IA créative pourrait transformer radicalement l’industrie du divertissement numérique. Plutôt que quelques grandes entreprises contrôlant les outils de création, nous nous dirigeons vers un écosystème où l’innovation est partagée, améliorée collectivement et accessible à tous.

Les prochaines années pourraient voir l’émergence d’une nouvelle économie créative où la valeur ne réside plus dans le contrôle des outils, mais dans l’originalité des idées et la qualité de l’exécution. C’est une excellente nouvelle pour notre culture numérique québécoise, qui pourra s’exprimer avec des moyens techniques de pointe tout en conservant son identité unique!

Point de vue pessimiste

Cette course à la reproduction des effets viraux soulève plusieurs préoccupations. D’abord, qu’en est-il de l’originalité? Si chaque innovation est immédiatement copiée et distribuée gratuitement, quel incitatif reste-t-il pour les entreprises comme Pika d’investir dans la recherche et le développement de nouvelles fonctionnalités?

On peut également s’interroger sur la qualité et la sécurité de ces adaptations. Le modèle original a probablement fait l’objet de tests rigoureux avant sa commercialisation, mais qu’en est-il de cette version “open source”? Sans cadre réglementaire clair, nous risquons de voir proliférer des outils dont les implications éthiques n’ont pas été pleinement évaluées.

Par ailleurs, cette démocratisation des effets spéciaux d’IA contribue à la banalisation des contenus générés artificiellement. Dans un contexte où la désinformation est déjà problématique, faciliter la création de vidéos modifiées pourrait accentuer la méfiance du public envers les contenus numériques en général.

Pour les créateurs québécois, il y a aussi le risque d’une homogénéisation culturelle. Si tout le monde utilise les mêmes effets, les mêmes outils, où sera la spécificité de notre expression artistique? Nous risquons de nous retrouver noyés dans un océan de contenus visuellement similaires, perdant ainsi ce qui fait la richesse de notre identité culturelle.

Enfin, cette tendance reflète une vision utilitariste de la création, où l’effet technique prime sur le message. Est-ce vraiment la direction que nous souhaitons pour notre culture numérique?