Patrick Bélanger
Article en référence: https://v.redd.it/zm8wr0e26jze1
Une vidĂ©o rĂ©cemment partagĂ©e sur Reddit montre un robot humanoĂŻde Unitree G1 marchant dans ce qui semble ĂȘtre un espace dâexposition ou un salon technologique. Dans cette sĂ©quence, le robot avance parmi des visiteurs et finit par marcher sur le pied dâune jeune fille. La vidĂ©o a suscitĂ© de nombreuses rĂ©actions sur la plateforme.
Le Unitree G1 est un robot bipĂšde dĂ©veloppĂ© par lâentreprise chinoise Unitree Robotics, pesant environ 35 kg. Ce modĂšle dâentrĂ©e de gamme est vendu autour de 16 000 dollars amĂ©ricains. Selon les commentaires, ce modĂšle spĂ©cifique fonctionnerait principalement par tĂ©lĂ©commande plutĂŽt quâen mode autonome, bien que des versions plus avancĂ©es puissent ĂȘtre Ă©quipĂ©es de logiciels permettant une navigation autonome.
Lâincident soulĂšve des questions sur la dĂ©tection dâobstacles et la sĂ©curitĂ© des robots humanoĂŻdes dans des espaces partagĂ©s avec des humains. Plusieurs commentateurs ont notĂ© que le robot ne semblait pas Ă©quipĂ© de capteurs suffisants au niveau des pieds pour dĂ©tecter de petits obstacles comme un pied dâenfant, et quâil a simplement rĂ©agi comme le ferait un robot aspirateur en changeant de direction lorsquâil a rencontrĂ© une rĂ©sistance.
Cet incident, bien que mineur, illustre parfaitement la pĂ©riode de transition technologique dans laquelle nous nous trouvons. Les robots humanoĂŻdes commencent Ă partager nos espaces, mais leur intĂ©gration nâest pas encore parfaite. Ce nâest ni une catastrophe annonciatrice dâune rĂ©bellion des machines, ni une simple anecdote sans importance.
La rĂ©alitĂ© est que nous sommes en pleine phase dâapprentissage collectif. Les ingĂ©nieurs apprennent Ă concevoir des robots plus sĂ»rs, les entreprises dĂ©couvrent les implications juridiques de ces nouvelles technologies, et nous, en tant que sociĂ©tĂ©, apprenons Ă cohabiter avec ces nouvelles prĂ©sences. Cette pĂ©riode dâajustement est inĂ©vitable et nĂ©cessaire.
La vidĂ©o nous montre Ă©galement quelque chose dâintĂ©ressant sur notre psychologie collective : notre tendance Ă anthropomorphiser les machines. Plusieurs commentaires attribuent des intentions ou une personnalitĂ© au robot (âil lâa fait exprĂšsâ, âil semble arrogantâ). Cette projection est naturelle mais peut brouiller notre comprĂ©hension des vĂ©ritables enjeux techniques et sociaux de la robotique.
Le vrai dĂ©fi nâest pas tant de crĂ©er des robots qui ne marchent jamais sur nos pieds â aprĂšs tout, les humains le font rĂ©guliĂšrement â mais plutĂŽt de dĂ©finir collectivement le niveau de risque acceptable et les protocoles de sĂ©curitĂ© adaptĂ©s Ă ces nouvelles technologies qui partagent dĂ©sormais notre quotidien.
Imaginez que vous venez dâadopter un chiot Saint-Bernard de 35 kg. Vous lâamenez dans un centre commercial bondĂ©, tenu en laisse par une personne Ă distance via une tĂ©lĂ©commande. Ce chiot, bien quâadorable, nâa pas encore appris Ă faire attention aux pieds des gens et ne comprend pas vraiment les subtilitĂ©s de la navigation dans un espace encombrĂ©.
Soudain, votre Saint-Bernard tĂ©lĂ©guidĂ© marche sur le pied dâune fillette. Est-ce que câest la faute du chien? De la personne qui le tĂ©lĂ©commande? De la fillette qui nâa pas bougĂ© assez vite? Du centre commercial qui a autorisĂ© un gros chiot maladroit dans ses allĂ©es?
La situation avec le robot Unitree G1 est similaire, Ă la diffĂ©rence prĂšs que nous nâavons pas encore dĂ©veloppĂ© dâintuition sociale pour ces ânouveaux animaux technologiquesâ. Nous nâavons pas encore les rĂ©flexes pour dire âattention au robot!â comme nous dirions âattention au chien!â. Nous nâavons pas non plus de code de conduite Ă©tabli pour les propriĂ©taires de robots comme nous en avons pour les propriĂ©taires dâanimaux.
Et contrairement Ă notre chiot qui apprendra Ă©ventuellement Ă faire attention, chaque robot Unitree G1 devra ĂȘtre reprogrammĂ© individuellement pour Ă©viter ce genre dâincident. Câest comme si chaque chiot devait ĂȘtre envoyĂ© Ă lâusine pour une mise Ă jour avant de pouvoir apprendre de ses erreurs!
Cet incident, aussi anodin soit-il, reprĂ©sente une Ă©tape fascinante dans notre coĂ©volution avec les machines intelligentes. Pensez-y: nous sommes tĂ©moins des premiers pas maladroits dâune technologie qui pourrait transformer radicalement notre sociĂ©tĂ© pour le mieux!
Ces petits accrochages sont exactement ce dont les ingĂ©nieurs ont besoin pour perfectionner la prochaine gĂ©nĂ©ration de robots. Chaque fois quâun Unitree G1 marche sur un pied, câest une donnĂ©e prĂ©cieuse qui permettra dâamĂ©liorer les algorithmes de dĂ©tection dâobstacles et les protocoles de sĂ©curitĂ©. Dans quelques annĂ©es, ces robots navigueront parmi nous avec une grĂące et une prĂ©cision que nous pouvons Ă peine imaginer aujourdâhui.
Plus important encore, ces interactions prĂ©coces nous permettent de dĂ©velopper une nouvelle forme de littĂ©ratie technologique collective. Les enfants qui grandissent aujourdâhui considĂ©reront les robots comme une partie normale de leur environnement, dĂ©veloppant intuitivement des compĂ©tences pour interagir avec eux en toute sĂ©curitĂ©.
Ă terme, ces robots pourraient accomplir des tĂąches dangereuses Ă notre place, aider les personnes Ă mobilitĂ© rĂ©duite, ou mĂȘme intervenir lors de catastrophes naturelles. Le petit incident dâaujourdâhui nâest quâune Ă©tape nĂ©cessaire vers un avenir oĂč la robotique augmentera considĂ©rablement notre qualitĂ© de vie et notre sĂ©curitĂ© collective.
Cet incident, bien que mineur, est un signal dâalarme que nous aurions tort dâignorer. Un robot de 35 kg qui marche sur le pied dâun enfant aujourdâhui pourrait ĂȘtre un robot de 100 kg qui cause des blessures bien plus graves demain.
Lâempressement des entreprises Ă commercialiser ces technologies avant quâelles ne soient vĂ©ritablement prĂȘtes est prĂ©occupant. Un robot humanoĂŻde devrait avoir, au minimum, la capacitĂ© de dĂ©tecter et dâĂ©viter de marcher sur des personnes. Le fait que ce modĂšle Ă 16 000 dollars ne possĂšde pas cette fonctionnalitĂ© de base rĂ©vĂšle une nĂ©gligence inquiĂ©tante en matiĂšre de sĂ©curitĂ©.
Plus troublant encore est lâabsence apparente de cadre rĂ©glementaire adaptĂ©. Qui est responsable lorsquâun robot cause des blessures? Le fabricant? LâopĂ©rateur? LâĂ©tablissement qui lâaccueille? Cette zone grise juridique pourrait devenir un vĂ©ritable cauchemar Ă mesure que ces machines se multiplient dans nos espaces publics.
Nous risquons Ă©galement de normaliser un niveau de risque inacceptable. Si nous haussons les Ă©paules face Ă un robot qui marche sur un pied, oĂč placerons-nous la limite? La course Ă lâinnovation ne devrait jamais se faire au dĂ©triment de la sĂ©curitĂ© publique, surtout lorsquâil sâagit de technologies aussi imposantes et potentiellement dangereuses que des robots humanoĂŻdes partageant nos espaces quotidiens.
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