Article en référence: https://v.redd.it/kwua3lauc3pe1

Récapitulatif factuel

Une tendance émergente dans le domaine de la réalité augmentée a récemment fait son apparition sur TikTok, puis sur Reddit : l’animation de pochettes de jeux vidéo et de livres grâce à la technologie d’image vers vidéo (img2vid). Un utilisateur Reddit a partagé une vidéo démontrant comment il a utilisé l’outil Veo 2 pour transformer des images statiques en animations captivantes, créant ainsi l’effet d’un cadre photo électronique pour des boîtiers de jeux vidéo.

La technologie img2vid, comme son nom l’indique, permet de convertir une image fixe en une courte séquence vidéo animée. Contrairement aux GIFs traditionnels qui sont des séquences d’images préenregistrées, cette technologie utilise l’intelligence artificielle pour “imaginer” et générer les mouvements à partir d’une seule image source. Veo 2, mentionné dans le post, est l’un des outils d’IA développés pour cette tâche spécifique.

Les commentaires sur le post Reddit suggèrent plusieurs applications potentielles pour cette technologie, notamment :

• L’animation de boîtiers de jeux vidéo rétro
• La transformation de couvertures de livres en versions animées (Harry Potter étant spécifiquement mentionné)
• L’intégration possible avec des plateformes comme Steam pour remplacer les illustrations statiques des jeux
• L’application à des pochettes d’albums sur Spotify pour créer des animations en boucle

Cette technologie s’inscrit dans une tendance plus large de “réanimation” d’œuvres d’art statiques grâce à l’intelligence artificielle, offrant une nouvelle dimension à des créations visuelles existantes.

Point de vue neutre

L’émergence de ces technologies d’animation par IA représente une évolution naturelle à l’intersection de la nostalgie et de l’innovation technologique. Nous vivons à une époque où le passé et le futur se rencontrent constamment, créant des expériences hybrides qui réinventent notre rapport aux objets culturels.

Ces animations de pochettes ne changent pas fondamentalement le contenu des œuvres qu’elles représentent, mais elles ajoutent une couche d’engagement visuel qui peut raviver l’intérêt pour des créations plus anciennes. C’est une forme de réinterprétation qui, contrairement à d’autres usages de l’IA, ne remplace pas le travail original mais le complète.

L’enthousiasme observé dans les commentaires reflète un désir humain fondamental : donner vie à ce qui est inanimé. Depuis les premières peintures rupestres jusqu’aux technologies modernes, nous avons toujours cherché à capturer le mouvement et à insuffler de la vie dans nos représentations. Cette technologie n’est qu’une étape de plus dans cette quête millénaire.

Cependant, il convient de reconnaître que ces animations, aussi impressionnantes soient-elles, restent des interprétations générées par algorithme de l’intention artistique originale. Elles ne remplacent pas la vision de l’artiste initial, mais proposent plutôt une lecture alternative, une extension possible de l’œuvre dans une dimension que son créateur n’avait peut-être pas envisagée.

À terme, ces technologies trouveront probablement leur place dans un écosystème plus large d’outils de réinterprétation artistique, ni révolutionnaires ni anodines, mais simplement une nouvelle façon d’apprécier l’art existant.

Exemple

Imaginez que vous êtes au Musée des beaux-arts de Montréal, en train d’admirer tranquillement “Le Rêve” de Picasso. Soudain, votre neveu de 8 ans, Félix, tire sur votre manche et vous demande : “Pourquoi les tableaux ne bougent pas comme dans Harry Potter?”

Vous souriez, vous rappelez les scènes où les portraits à Poudlard s’animent, discutent et se déplacent d’un cadre à l’autre. “C’est de la magie, Félix,” répondez-vous automatiquement.

Mais le soir même, en rentrant chez vous, vous tombez sur cette vidéo Reddit. Le lendemain, vous montrez à Félix comment vous avez “enchanté” la couverture de son livre Harry Potter préféré sur votre tablette. Ses yeux s’écarquillent quand il voit Hedwige battre des ailes et Harry voler sur son balai.

“T’es un sorcier, toi aussi?” demande-t-il, impressionné.

“Non, Félix,” répondez-vous avec un clin d’œil. “Je suis juste un Moldu qui a découvert comment utiliser la magie des ordinateurs.”

Pendant une semaine, Félix vous harcèle pour animer toutes ses possessions : la boîte de ses céréales préférées, la photo de famille sur le frigo, même l’étiquette de son cahier d’école. Vous finissez par lui expliquer que, contrairement à Poudlard, votre “baguette magique numérique” a besoin d’être rechargée et que vous avez atteint votre quota mensuel de sorts d’animation.

C’est ainsi que, grâce à l’IA, vous êtes devenu le “sorcier de la famille” – un titre que vous portez avec fierté, même si votre neveu vous demande maintenant quand vous allez transformer son hamster en gobelet.

Point de vue optimiste

Cette technologie d’animation par IA représente bien plus qu’un simple gadget visuel – c’est une porte ouverte vers une nouvelle ère d’expériences immersives et de préservation culturelle augmentée! Imaginez un monde où chaque œuvre d’art statique peut prendre vie, où les musées deviennent des espaces dynamiques où l’histoire s’anime sous nos yeux.

Les possibilités sont véritablement révolutionnaires. Dans un futur proche, nous pourrions voir des bibliothèques entières où les couvertures s’animent lorsqu’on les regarde, créant une expérience de découverte littéraire totalement nouvelle. Les collectionneurs de jeux rétro pourront donner une seconde vie à leurs trésors sans altérer les originaux. Les amateurs d’art pourront voir comment “La Nuit étoilée” de Van Gogh aurait pu se mouvoir si l’artiste avait eu accès à cette technologie.

Cette innovation pourrait également démocratiser l’accès à l’art en le rendant plus engageant pour les nouvelles générations. Un adolescent pourrait se passionner pour Monet en voyant ses nénuphars onduler doucement, ou découvrir l’œuvre de Riopelle à travers des animations qui capturent l’énergie de ses coups de pinceau.

Pour les créateurs québécois, c’est une opportunité extraordinaire de faire rayonner notre patrimoine culturel. Imaginez les affiches des films de Xavier Dolan ou les couvertures des albums de Céline Dion prenant vie dans des expositions virtuelles accessibles au monde entier!

Cette technologie n’est que le début d’une révolution dans notre façon d’interagir avec l’art et la culture. Elle nous permet de tisser des liens plus profonds entre le patrimoine du passé et les innovations du futur, créant un continuum culturel vivant et vibrant qui enrichira notre expérience collective.

Point de vue pessimiste

Cette nouvelle mode d’animation de pochettes par IA soulève des questions troublantes sur notre rapport à l’art et à l’authenticité. Sous ses apparences ludiques se cache une tendance inquiétante à la surenchère technologique qui dénature progressivement notre expérience des œuvres originales.

D’abord, considérons l’aspect créatif. Ces animations sont générées par des algorithmes qui n’ont aucune compréhension de l’intention artistique originale. Un illustrateur de jeu vidéo ou un designer de couverture de livre a délibérément choisi de créer une image statique, avec une composition pensée pour ce format. L’animer sans son consentement, c’est imposer une interprétation qui peut trahir sa vision.

Sur le plan de l’attention, ces animations contribuent à notre incapacité croissante à apprécier ce qui ne bouge pas, ce qui ne clignote pas constamment pour attirer notre regard. Sommes-nous devenus si dépendants de la stimulation constante que même nos pochettes de jeux doivent maintenant s’agiter pour retenir notre intérêt?

Il y a également la question de la propriété intellectuelle. Ces outils d’IA ont été entraînés sur des millions d’images et de vidéos, souvent sans le consentement explicite des créateurs. Chaque animation générée perpétue potentiellement cette appropriation problématique.

Enfin, cette technologie s’inscrit dans une tendance plus large de “révisionnisme numérique” où nous semblons incapables d’accepter les œuvres du passé telles qu’elles sont. Colorisation de films noir et blanc, remasterisation excessive, et maintenant animation d’images fixes – nous semblons obsédés par l’idée de “moderniser” le passé plutôt que de l’apprécier dans son contexte original.

Avant de nous précipiter pour animer toutes nos pochettes de jeux, prenons un moment pour nous demander si cette course à la nouveauté technologique ne nous éloigne pas, paradoxalement, d’une appréciation authentique de l’art sous toutes ses formes.