Patrick Bélanger
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Dario Amodei, PDG dâAnthropic (la compagnie derriĂšre Claude AI), a rĂ©cemment dĂ©clarĂ© lors dâune entrevue que les entreprises dâintelligence artificielle comme la sienne devront probablement ĂȘtre taxĂ©es pour compenser une crise dâemploi imminente. Sa citation marquante : âJe ne pense pas quâon puisse arrĂȘter le bus de lâIA.â
Cette dĂ©claration survient dans un contexte oĂč plusieurs dĂ©veloppeurs rapportent dĂ©jĂ des rĂ©sultats impressionnants avec des outils dâautomatisation basĂ©s sur lâIA. Un utilisateur mentionne avoir créé un prototype dâoutil dâautomatisation qui, bien que limitĂ© en portĂ©e, sâavĂšre âĂ©tonnamment efficaceâ pour accomplir des tĂąches complexes.
Lâenjeu central touche la disruption technologique - un phĂ©nomĂšne oĂč une nouvelle technologie remplace massivement les mĂ©thodes existantes. Dans ce cas, lâIA gĂ©nĂ©rative (comme ChatGPT, Claude, ou Gemini) commence Ă automatiser des tĂąches traditionnellement rĂ©servĂ©es aux humains, particuliĂšrement dans les emplois de bureau et les postes dâentrĂ©e de gamme.
Le concept de Revenu de Base Universel (RBU) Ă©merge comme solution potentielle. Il sâagit dâun systĂšme oĂč tous les citoyens recevraient un montant fixe du gouvernement, indĂ©pendamment de leur statut dâemploi. LâidĂ©e : taxer les entreprises qui profitent de lâautomatisation pour financer ce filet social.
Les commentaires rĂ©vĂšlent une division intĂ©ressante : certains voient cette transition comme inĂ©vitable et nĂ©cessaire, dâautres y voient une stratĂ©gie marketing pour gĂ©nĂ©rer du battage mĂ©diatique autour des capacitĂ©s de lâIA.
La rĂ©alitĂ© se situe probablement quelque part entre lâapocalypse technologique et lâutopie post-travail. Lâhistoire nous enseigne que les rĂ©volutions technologiques crĂ©ent effectivement des disruptions massives, mais aussi de nouvelles opportunitĂ©s.
Ce qui rend cette situation unique, câest la vitesse et lâampleur potentielle du changement. Contrairement aux rĂ©volutions industrielles prĂ©cĂ©dentes qui se dĂ©ployaient sur des dĂ©cennies, lâIA pourrait transformer le marchĂ© du travail en quelques annĂ©es seulement.
Le dĂ©fi rĂ©side dans la courbe dâapprentissage humaine versus la courbe dâamĂ©lioration technologique. Pendant que les travailleurs tentent de sâadapter et de se reconvertir, lâIA continue de sâamĂ©liorer exponentiellement. Cette asymĂ©trie crĂ©e un Ă©cart difficile Ă combler.
La proposition de taxation nâest pas rĂ©volutionnaire - nous avons dĂ©jĂ des prĂ©cĂ©dents avec les taxes sur lâautomatisation dans certains pays. Ce qui est nouveau, câest quâun PDG dâentreprise technologique lâĂ©voque publiquement, suggĂ©rant une prise de conscience des implications sociales.
Le timing reste crucial. ImplĂ©menter des mesures trop tĂŽt pourrait freiner lâinnovation, trop tard pourrait crĂ©er des tensions sociales majeures. La fenĂȘtre dâaction optimale se rĂ©trĂ©cit rapidement.
Imaginez que vous dirigez une petite boulangerie familiale depuis trois gĂ©nĂ©rations. Votre grand-pĂšre pĂ©trissait Ă la main, votre pĂšre a introduit le pĂ©trin mĂ©canique, et vous venez dâinstaller un four programmable.
Soudain, une nouvelle technologie arrive : un robot-boulanger qui peut produire 1000 croissants parfaits par heure, 24h/24, sans pause cafĂ© ni congĂ©s payĂ©s. Il ne se plaint jamais, ne fait jamais dâerreurs, et coĂ»te moins cher que votre salaire mensuel.
Votre concurrent dâen face lâadopte immĂ©diatement. Ses prix chutent de 50%, sa production explose, et ses croissants sont techniquement parfaits. Vous, avec vos mains expertes et votre savoir-faire artisanal, vous vous retrouvez comme un forgeron face Ă une usine automobile.
Câest exactement ce qui se passe avec lâIA, mais Ă lâĂ©chelle de lâĂ©conomie entiĂšre. Le ârobot-boulangerâ sâappelle maintenant Claude, ChatGPT ou Gemini, et il peut âpĂ©trirâ des rapports, âcuireâ du code informatique, et âservirâ du service client.
La question devient : est-ce quâon taxe le propriĂ©taire du robot-boulanger pour aider lâancien boulanger Ă se reconvertir en⊠quoi exactement ? Parce que mĂȘme le cours de pĂątisserie du coin vient dâacheter le mĂȘme robot.
Cette transition reprĂ©sente la plus grande opportunitĂ© de libĂ©ration humaine depuis lâinvention de lâagriculture ! Nous sommes Ă lâaube dâune Ăšre oĂč lâhumanitĂ© pourra enfin se concentrer sur ce qui nous rend vraiment humains : la crĂ©ativitĂ©, lâinnovation, les relations interpersonnelles et lâĂ©panouissement personnel.
LâIA va dĂ©mocratiser lâexpertise. Imaginez un monde oĂč chaque personne a accĂšs Ă un assistant personnel ultra-intelligent capable de lâaider dans nâimporte quel domaine. Un fermier pourrait avoir accĂšs aux mĂȘmes outils dâanalyse que les grandes corporations, un artiste pourrait crĂ©er des Ćuvres dâune complexitĂ© inimaginable.
Le Revenu de Base Universel financĂ© par la taxation de lâIA crĂ©era une sociĂ©tĂ© oĂč lâentrepreneuriat et lâinnovation exploseront. Plus besoin de sâaccrocher Ă un emploi par nĂ©cessitĂ© - les gens pourront poursuivre leurs passions, crĂ©er, expĂ©rimenter, sans la pression de la survie Ă©conomique.
Les emplois qui subsisteront seront ceux qui nécessitent une touche humaine authentique : thérapeutes, enseignants, artistes, innovateurs, leaders communautaires. Ces rÎles seront valorisés comme jamais auparavant.
Cette rĂ©volution pourrait rĂ©soudre des problĂšmes majeurs : changements climatiques (IA optimisant lâefficacitĂ© Ă©nergĂ©tique), maladies (recherche mĂ©dicale accĂ©lĂ©rĂ©e), inĂ©galitĂ©s (accĂšs dĂ©mocratisĂ© Ă lâinformation et aux outils).
Nous assistons Ă la naissance dâune sociĂ©tĂ© dâabondance oĂč la raretĂ© artificielle disparaĂźtra. LâIA produira tellement de valeur que le partage deviendra non seulement possible, mais inĂ©vitable.
Cette ârĂ©volutionâ risque de crĂ©er la plus grande concentration de pouvoir Ă©conomique de lâhistoire humaine, avec des consĂ©quences sociales catastrophiques.
Le mythe du Revenu de Base Universel cache une rĂ©alitĂ© plus sombre : qui contrĂŽlera ce systĂšme ? Les mĂȘmes entreprises technologiques qui auront Ă©liminĂ© les emplois dĂ©cideront de combien nous âmĂ©ritonsâ pour survivre. Câest remplacer lâautonomie Ă©conomique par une dĂ©pendance totale envers les gĂ©ants technologiques.
Lâhistoire montre que les Ă©lites ne partagent jamais volontairement. Pourquoi les actionnaires dâentreprises IA accepteraient-ils de financer gĂ©nĂ©reusement une population âinutileâ Ă©conomiquement ? Plus probable : un RBU de subsistance qui maintient les masses dans une pauvretĂ© contrĂŽlĂ©e.
La perte de compĂ©tences humaines sera irrĂ©versible. Une gĂ©nĂ©ration entiĂšre grandira sans dĂ©velopper dâexpertise rĂ©elle, dĂ©pendante dâoutils quâelle ne comprend pas. Que se passe-t-il quand ces systĂšmes tombent en panne ou sont manipulĂ©s ?
Les inĂ©galitĂ©s exploseront. Ceux qui possĂšdent lâIA deviendront des quasi-dieux Ă©conomiques, tandis que le reste de lâhumanitĂ© vivra de leurs miettes. La classe moyenne disparaĂźtra complĂštement, remplacĂ©e par une aristocratie technologique et une masse de dĂ©pendants.
Le contrĂŽle social sera total. Une population dĂ©pendante du RBU ne peut pas se rĂ©volter contre ceux qui contrĂŽlent les robinets. Câest la recette parfaite pour un autoritarisme technologique dĂ©guisĂ© en progrĂšs social.
Sans compter les risques gĂ©opolitiques : que se passe-t-il quand des nations entiĂšres deviennent dĂ©pendantes de lâIA contrĂŽlĂ©e par dâautres pays ? La souverainetĂ© nationale devient une illusion.
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