DeepMind simule une mouche à fruits, mais simuler un humain complet? Avec 86 milliards vs 100 000 neurones, c est un bond gigantesque. On n arrive même pas à simuler un ver à 302 neurones! L IA avance vite, mais les implications éthiques vous inquiètent-elles? #IA #Simulation

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Récapitulatif factuel

DeepMind, la division d’intelligence artificielle de Google, a récemment annoncé avoir développé un système capable de simuler le comportement d’une mouche à fruits (drosophile). Cette simulation se concentre principalement sur les mouvements et comportements externes de l’insecte, plutôt que sur une modélisation complète de sa biologie interne ou de son réseau neuronal.

Cette avancée s’inscrit dans un contexte où les chercheurs ont également cartographié récemment le connectome complet (la carte des connexions neuronales) du cerveau d’une mouche à fruits adulte. Cependant, il est important de noter que la simulation actuelle de DeepMind n’utilise pas directement ce connectome, mais s’appuie plutôt sur l’analyse de vidéos du comportement de l’insecte.

Pour mettre cette réalisation en perspective, rappelons quelques chiffres : le cerveau d’une mouche à fruits contient environ 100 000 neurones, tandis que le cerveau humain en possède approximativement 86 milliards. Cette différence d’échelle (près d’un million de fois plus complexe) illustre l’ampleur du défi que représenterait la simulation complète d’un cerveau humain.

D’autres projets similaires existent, comme OpenWorm, qui tente de simuler le ver nématode C. elegans avec ses 302 neurones. Malgré la relative simplicité de cet organisme et des décennies de recherche, une simulation complète et fonctionnelle n’a pas encore été réalisée, ce qui souligne la complexité de ces défis.

Point de vue neutre

La simulation d’une mouche à fruits par DeepMind représente une étape intéressante, mais modeste, dans notre compréhension des systèmes biologiques complexes. Il s’agit davantage d’une modélisation comportementale que d’une véritable simulation biologique complète.

Le chemin vers la simulation d’un être humain entier est probablement beaucoup plus long que 10 à 15 ans. Une approche progressive semble plus réaliste : d’abord simuler des cellules individuelles, puis des tissus, des organes, et éventuellement des systèmes entiers. Le cerveau humain, avec sa complexité inouïe, constituerait l’ultime défi.

Si nous suivions une progression exponentielle similaire à la loi de Moore (doublement des capacités tous les deux ans), il faudrait environ 40 ans pour passer de la simulation d’une mouche à fruits à celle d’un cerveau humain. Mais cette estimation est probablement optimiste, car la complexité ne se résume pas au nombre de neurones.

La simulation comportementale d’êtres humains (comme dans les personnages non-joueurs des jeux vidéo) continuera de s’améliorer, mais une simulation biologique complète nécessitera des percées significatives en informatique quantique ou d’autres technologies de calcul avancées, ainsi qu’une compréhension bien plus profonde des mécanismes biologiques fondamentaux.

Exemple

Imaginez que vous souhaitiez recréer le Festival d’été de Québec. Vous pourriez adopter deux approches très différentes :

Approche 1 - La simulation comportementale (ce que fait DeepMind avec la mouche) : Vous filmez le festival pendant plusieurs années, puis vous créez un programme qui génère des animations de foules qui se déplacent de façon réaliste entre les scènes, qui dansent au bon rythme selon le type de musique, et qui forment des files d’attente crédibles devant les kiosques de nourriture. De loin, ça ressemble beaucoup au vrai festival!

Approche 2 - La simulation biologique complète : Vous décidez de recréer chaque festivalier individuellement, avec son système digestif qui traite la poutine, son système cardiovasculaire qui s’accélère pendant les concerts énergiques, ses neurones qui s’activent quand il reconnaît sa chanson préférée, et même ses émotions qui fluctuent selon la température et la qualité des performances. Vous simulez aussi les interactions entre tous ces systèmes.

Ce que DeepMind a réalisé, c’est l’équivalent de l’approche 1 pour une mouche à fruits. C’est comme si vous aviez créé une animation convaincante d’une personne qui danse au festival, mais sans simuler ses organes internes ni ses processus cognitifs.

Simuler un humain complet selon l’approche 2 serait comme passer de l’organisation d’une soirée karaoké à la mise en place du Festival d’été complet, avec ses multiples scènes, ses centaines d’artistes et ses milliers de spectateurs… multiplié par un facteur de complexité astronomique!

Point de vue optimiste

Cette simulation de mouche à fruits représente une première étape fascinante vers la compréhension des systèmes biologiques complexes! DeepMind démontre encore une fois sa capacité à repousser les frontières de ce qui est possible en intelligence artificielle.

Dans les 10 à 15 prochaines années, nous pourrions assister à des progrès exponentiels dans ce domaine. Les avancées en informatique quantique, combinées à l’amélioration constante des algorithmes d’IA, pourraient nous permettre de simuler des organismes de plus en plus complexes. Imaginez les possibilités pour la recherche médicale! Nous pourrions tester virtuellement des traitements sur des organes humains simulés avant même de passer aux essais cliniques.

La cartographie complète du connectome de la mouche à fruits est également une réalisation remarquable qui ouvre la voie à une meilleure compréhension des mécanismes neuronaux. En intégrant ces connaissances aux simulations comportementales, nous pourrions créer des modèles toujours plus fidèles à la réalité biologique.

Cette technologie pourrait révolutionner notre compréhension de la conscience elle-même! Si nous parvenons à simuler des systèmes neuronaux complexes, nous pourrions enfin élucider comment l’activité neuronale donne naissance à l’expérience subjective. Les implications philosophiques sont vertigineuses et pourraient transformer notre vision de l’humanité et de notre place dans l’univers.

Point de vue pessimiste

La simulation d’une mouche à fruits par DeepMind est bien loin d’être la prouesse technologique qu’on nous présente. Il s’agit essentiellement d’une modélisation de mouvements basée sur des vidéos, pas d’une véritable simulation biologique.

Rappelons que malgré des décennies d’efforts, nous n’avons toujours pas réussi à simuler correctement le ver C. elegans avec ses 302 neurones. Le projet OpenWorm, lancé il y a plus de 10 ans, n’a toujours pas atteint son objectif. Comment pourrions-nous alors envisager de simuler un cerveau humain avec ses 86 milliards de neurones dans un avenir proche?

Cette annonce s’inscrit dans une tendance inquiétante d’exagération des capacités de l’IA. Ces simulations superficielles risquent de créer des attentes irréalistes et de détourner l’attention et les ressources des véritables défis scientifiques.

Plus préoccupant encore, ces recherches pourraient avoir des applications militaires non avouées. Pourquoi s’intéresser spécifiquement aux mouches? Peut-être pour améliorer la technologie des drones de surveillance ou d’attaque. Comme le suggèrent certains commentaires, ces travaux pourraient servir à développer des systèmes autonomes pour la guerre, soulevant d’importantes questions éthiques.

Enfin, si nous parvenions un jour à simuler complètement un être humain, nous serions confrontés à un dilemme moral majeur : une telle simulation consciente d’elle-même ne mériterait-elle pas les mêmes droits qu’un humain biologique? Créer de telles entités pour ensuite les “éteindre” à notre guise serait profondément problématique.

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