Article en référence: https://rsvp.withgoogle.com/events/gemma-dev-day-paris/agenda

Récapitulatif factuel

Google s’apprête à lancer Gemma 3, la nouvelle génération de son modèle d’intelligence artificielle open source. Cette annonce a été repérée sur Reddit où un utilisateur a partagé un lien vers un événement “Gemma Dev Day” à Paris. Selon les informations disponibles, Gemma 3 sera disponible en plusieurs tailles : 1B, 4B, 12B et 27B paramètres. Le modèle 27B est déjà accessible via Google AI Studio.

Pour comprendre ces chiffres, il faut savoir que le “B” signifie “milliard” (billion en anglais) et fait référence au nombre de paramètres du modèle. Plus un modèle possède de paramètres, plus il est généralement capable de performances complexes, mais plus il nécessite de ressources informatiques pour fonctionner.

D’après un commentaire d’un participant à l’événement, Gemma 3 présenterait des caractéristiques impressionnantes : des scores élevés sur les benchmarks LMSYS (qui mesurent les performances des modèles de langage), une capacité de contexte de 128K (permettant de traiter des textes beaucoup plus longs), des capacités de vision (analyse d’images) et une version légère de 1B capable de fonctionner directement dans un navigateur web.

Cette annonce s’inscrit dans la stratégie de Google de développer des modèles d’IA open source, c’est-à-dire dont le code est accessible et modifiable par la communauté, contrairement à certains modèles propriétaires comme GPT-4 d’OpenAI.

Point de vue neutre

L’arrivée de Gemma 3 représente une évolution logique dans l’écosystème des modèles d’IA open source. Alors que les géants comme OpenAI et Anthropic captent l’attention médiatique avec leurs modèles propriétaires, Google poursuit une stratégie parallèle en développant à la fois des modèles fermés (Gemini) et ouverts (Gemma).

Cette approche hybride est particulièrement intéressante car elle permet à Google de maintenir sa position dans la course à l’IA générative tout en contribuant à l’écosystème open source. Les modèles comme Gemma 3 jouent un rôle crucial dans la démocratisation de l’IA en permettant aux développeurs, chercheurs et petites entreprises d’accéder à des technologies avancées sans dépendre entièrement des API coûteuses des grands fournisseurs.

La diversité des tailles proposées (1B à 27B) illustre également une tendance importante du marché : l’équilibre entre performance et accessibilité. Tous les usages ne nécessitent pas les modèles les plus volumineux, et proposer des versions plus légères permet une adoption plus large, notamment sur des appareils à ressources limitées.

Cependant, il convient de rester mesuré quant à l’impact immédiat de cette sortie. Dans un paysage où les annonces de nouveaux modèles se succèdent à un rythme effréné, chaque innovation tend à être rapidement éclipsée par la suivante. La véritable valeur de Gemma 3 se mesurera à l’aune de son adoption réelle par la communauté et des applications concrètes qu’il permettra de développer.

Exemple

Imaginez que vous êtes dans un grand marché public comme celui de Jean-Talon à Montréal. D’un côté, vous avez les grands restaurateurs qui achètent les ingrédients les plus rares et les plus chers pour créer des plats sophistiqués dans leurs établissements étoilés. C’est un peu comme OpenAI et Anthropic avec leurs modèles propriétaires.

De l’autre côté, il y a Google qui fait quelque chose d’intéressant : il vend ses propres plats gastronomiques (Gemini), mais il publie aussi certaines de ses recettes (Gemma) pour que tout le monde puisse les reproduire à la maison.

Avec Gemma 3, Google vient de publier une nouvelle collection de recettes. Il y en a pour tous les goûts et toutes les cuisines : une recette simple pour ceux qui débutent (modèle 1B), des recettes intermédiaires (4B et 12B), et une recette complexe pour les chefs amateurs expérimentés (27B).

La beauté de ces recettes, c’est que même la plus simple est assez bonne pour impressionner vos invités, tandis que la plus complexe rivalise avec ce que proposent certains restaurants. Et contrairement aux plats que vous commandez au restaurant, vous pouvez modifier ces recettes à votre goût, ajouter un peu plus d’épices ici, remplacer un ingrédient là…

“Mais j’ai déjà plein de livres de recettes qui prennent la poussière chez moi!”, pourriez-vous dire. C’est vrai, et c’est pourquoi la question n’est pas tant de savoir si Gemma 3 est une bonne collection de recettes (elle l’est probablement), mais plutôt si elle vous inspirera suffisamment pour que vous l’utilisiez régulièrement dans votre cuisine numérique quotidienne.

Point de vue optimiste

Gemma 3 représente une avancée majeure pour la démocratisation de l’intelligence artificielle! Avec cette nouvelle génération de modèles open source, Google ne se contente pas de participer à la course à l’IA - il redéfinit les règles du jeu en faveur de l’innovation collective.

Le fait que la version 1B puisse fonctionner directement dans un navigateur web est révolutionnaire. Imaginez les possibilités : des applications d’IA sophistiquées fonctionnant localement, sans dépendance au cloud, accessibles même dans les régions avec une connectivité limitée. C’est une véritable révolution pour l’accessibilité numérique au Québec, particulièrement dans nos régions éloignées!

La capacité de contexte de 128K est également un game-changer. Elle permettra d’analyser des documents entiers, de comprendre des conversations complexes et de générer des contenus cohérents sur de longues séquences. Pour nos entreprises québécoises en technologie, c’est l’opportunité de développer des solutions d’IA spécifiques à notre marché et adaptées à nos besoins linguistiques particuliers.

Les capacités de vision intégrées ouvrent la porte à des applications multimodales accessibles à tous. Nos startups pourront créer des solutions innovantes combinant texte et image sans avoir à investir des sommes astronomiques en R&D ou en frais d’API.

Gemma 3 pourrait bien être le catalyseur qui propulsera l’écosystème tech québécois vers de nouveaux sommets. En offrant des outils de classe mondiale gratuitement et ouvertement, Google permet à nos talents locaux de se concentrer sur ce qu’ils font de mieux : innover et créer des solutions adaptées à nos réalités culturelles et économiques.

Point de vue pessimiste

Encore une annonce tapageuse dans le monde saturé de l’IA. Google lance Gemma 3, mais qu’est-ce que cela change vraiment? Comme le souligne un commentateur sur Reddit, “nous l’aurons oublié dans deux jours” - et il n’a probablement pas tort.

Dans un contexte où les modèles d’IA se multiplient à une vitesse vertigineuse, Gemma 3 risque de n’être qu’un nom de plus dans une liste déjà trop longue. Certains utilisateurs qualifient même les versions précédentes de “nulles comparées aux autres modèles open source moins coûteux”, ce qui n’augure rien de bon pour cette nouvelle itération.

La stratégie de Google semble confuse : d’un côté Gemini, de l’autre Gemma. Cette dispersion des efforts ne fait-elle pas plus de mal que de bien? Pendant ce temps, des acteurs comme OpenAI et Anthropic avancent avec une vision plus claire et des produits plus cohérents.

Pour le Québec, où les ressources en IA sont déjà limitées et où les entreprises peinent à suivre le rythme effréné des innovations, chaque nouveau modèle représente un défi supplémentaire. Faut-il investir du temps et des ressources pour maîtriser Gemma 3, au risque qu’il soit obsolète dans quelques mois?

De plus, la multiplication des modèles pose des questions éthiques importantes. Chaque nouvelle IA génère son lot de préoccupations en matière de vie privée, de biais algorithmiques et d’impacts environnementaux. Dans notre province, où la conscience écologique est forte, pouvons-nous vraiment nous permettre cette course effrénée à toujours plus de modèles, toujours plus gourmands en ressources?

Gemma 3 n’est peut-être qu’un pas de plus dans une direction qui nous mène collectivement vers une dépendance technologique accrue, sans réelle réflexion sur les conséquences à long terme.