Patrick Bélanger
Article en référence: https://v.redd.it/4fudhe41ogre1
Un utilisateur de Reddit a partagé une vidéo où il a transformé des scènes du film “Tokyo Drift” (de la franchise Fast & Furious) en animation de style Studio Ghibli à l’aide de l’intelligence artificielle. Studio Ghibli est un célèbre studio d’animation japonais connu pour ses films comme “Le Voyage de Chihiro” ou “Mon Voisin Totoro”, reconnaissables par leur style artistique distinctif et poétique.
Dans les commentaires, plusieurs utilisateurs ont demandé quelle technologie avait été utilisée pour réaliser cette transformation. Bien que l’auteur original n’ait pas répondu directement, d’autres commentateurs ont suggéré qu’il s’agissait probablement d’une combinaison de technologies: possiblement 4o (un outil de génération d’images) pour créer les images de base, puis Sora (l’outil de génération vidéo d’OpenAI) pour animer ces images et créer les séquences vidéo complètes.
L’auteur a également partagé une image fixe montrant une RX-7 (voiture emblématique de la culture automobile japonaise) redessinée dans le style Ghibli, ce qui a suscité l’enthousiasme de certains utilisateurs qui ont exprimé le désir d’avoir cette image en poster.
Cette création s’inscrit dans une tendance croissante de “remasterisation” ou de réinterprétation d’œuvres existantes dans des styles différents grâce à l’IA, ouvrant la porte à de nouvelles formes d’adaptations et de créations dérivées.
Cette transformation de “Tokyo Drift” en animation de style Ghibli illustre parfaitement l’évolution actuelle des outils d’IA générative dans le domaine visuel. Nous assistons à un moment charnière où la barrière entre différents médias et styles artistiques devient de plus en plus poreuse.
D’un côté, ces outils permettent d’explorer des concepts créatifs qui auraient nécessité des mois de travail et des équipes entières d’artistes. La démocratisation de ces technologies ouvre un espace d’expérimentation accessible à des créateurs qui n’auraient pas eu les moyens de concrétiser leurs visions auparavant.
De l’autre côté, comme le souligne un commentateur, adapter une œuvre d’un médium à un autre reste un défi artistique complexe, même avec l’IA. Une simple “conversion automatique” ne garantit pas une adaptation de qualité qui capture l’essence de l’œuvre originale tout en respectant les codes du nouveau médium.
Ce que nous observons ici n’est ni une révolution complète qui remplacerait les artistes traditionnels, ni un simple gadget sans conséquence. C’est plutôt l’émergence d’un nouvel outil créatif qui, comme la photographie à ses débuts, trouve progressivement sa place dans l’écosystème artistique, avec ses forces, ses limites et ses questions éthiques propres.
Imaginez que vous êtes un grand chef cuisinier québécois spécialisé dans la poutine. Un jour, vous découvrez une machine capable de transformer instantanément votre recette de poutine traditionnelle en version gastronomique japonaise, avec des frites de patate douce, une sauce dashi au lieu de la sauce brune, et du tofu frit remplaçant les fromages en grains.
Votre ami Martin, propriétaire d’un food truck, s’exclame: “C’est incroyable! Je vais pouvoir proposer 50 versions internationales de la poutine sans engager d’autres cuisiniers!”
Pendant ce temps, votre collègue Sylvie, chef traditionnelle, fronce les sourcils: “Mais ce n’est plus une vraie poutine! Où est l’âme du plat? Où est le savoir-faire?”
Et vous, au milieu, vous réalisez que cette machine ne remplace pas votre expertise – elle ne sait pas si le mélange des saveurs sera harmonieux ou si la texture sera agréable. Mais elle vous permet d’explorer rapidement des directions créatives que vous n’auriez jamais envisagées.
Alors vous décidez d’utiliser cette machine comme point de départ, puis d’affiner les recettes avec votre expertise. Le résultat? Une fusion “poutine-ramen” qui devient virale sur les réseaux sociaux et attire des clients du monde entier dans votre restaurant.
C’est exactement ce qui se passe avec cette transformation de Tokyo Drift en style Ghibli: un outil qui permet d’explorer rapidement des concepts créatifs, mais qui nécessite toujours un œil artistique pour être véritablement réussi.
Cette fusion entre Tokyo Drift et l’esthétique Ghibli n’est que la pointe de l’iceberg d’une révolution créative sans précédent! Nous entrons dans l’ère de la créativité augmentée, où l’imagination humaine se trouve libérée des contraintes techniques traditionnelles.
Imaginez le potentiel pour notre industrie culturelle québécoise! Nos créateurs pourront bientôt adapter nos contes et légendes en animations de classe mondiale, transformer nos films cultes comme “Les Boys” ou “La Grande Séduction” dans différents styles visuels, ou même créer des versions animées de nos romans les plus appréciés.
Cette technologie va démocratiser la création à un niveau jamais vu. Un cinéaste indépendant de Saguenay pourra réaliser des projets visuellement époustouflants avec un budget minimal. Un enseignant de Gaspésie pourra créer du matériel pédagogique captivant pour expliquer l’histoire du Québec.
Plus encore, ces outils vont catalyser de nouvelles formes d’art hybrides que nous ne pouvons même pas imaginer aujourd’hui. Des collaborations entre humains et IA vont émerger, créant des œuvres qui combinent le meilleur des deux mondes: la sensibilité humaine et les capacités techniques de l’IA.
Loin de remplacer les artistes, cette technologie va les propulser vers de nouveaux sommets créatifs, tout en rendant l’art et la création visuelle accessibles à tous. Nous sommes au seuil d’une renaissance artistique numérique qui va enrichir notre culture et notre société de façons extraordinaires!
Cette transformation de Tokyo Drift en style Ghibli soulève des questions préoccupantes sur l’avenir de la création artistique. Derrière l’émerveillement initial se cache une réalité plus sombre pour nos industries culturelles.
D’abord, ces technologies sont entraînées sur des millions d’œuvres d’artistes qui n’ont jamais consenti à ce que leur travail serve à créer des outils qui pourraient potentiellement les remplacer. Le style distinctif de Studio Ghibli, fruit de décennies de travail acharné par des artistes talentueux, se retrouve réduit à une simple “esthétique” que l’on peut appliquer en quelques clics.
Pour notre industrie culturelle québécoise, déjà fragilisée face aux géants américains, ces technologies risquent d’accentuer l’homogénéisation culturelle. Pourquoi engager des animateurs locaux quand une IA peut produire du contenu en masse? Notre identité visuelle unique, nos approches narratives distinctes pourraient se diluer dans un océan de contenus générés rapidement et sans âme.
De plus, nous nous dirigeons vers un monde où la distinction entre le vrai et le faux devient de plus en plus floue. Comment faire confiance aux images et aux vidéos que nous voyons? Comment les créateurs pourront-ils protéger leur propriété intellectuelle face à des outils capables de reproduire leur style?
Enfin, cette course à la génération de contenu rapide et spectaculaire risque de dévaloriser le processus créatif lui-même, la patience et la persévérance nécessaires pour maîtriser un art. Dans notre quête d’efficacité et d’immédiateté, nous pourrions perdre l’essence même de ce qui rend l’art humain si précieux: son imperfection, son authenticité et sa capacité à nous connecter les uns aux autres.
Si vous n'êtes pas redirigé automatiquement, 👉 cliquez ici 👈