Article en référence: https://www.tomshardware.com/software/a-project-to-bring-cuda-to-non-nvidia-gpus-is-making-major-progress-zluda-update-now-has-two-full-time-developers-working-on-32-bit-physx-support-and-llms-amongst-other-things

Récapitulatif factuel

ZLUDA, un projet ambitieux visant à faire fonctionner les applications CUDA sur des cartes graphiques non-Nvidia, connaît une progression significative avec désormais deux développeurs à temps plein. Pour comprendre l’enjeu, il faut savoir que CUDA est une plateforme de calcul parallèle développée par Nvidia qui permet d’utiliser la puissance de traitement des cartes graphiques pour des tâches autres que l’affichage, notamment l’intelligence artificielle et l’apprentissage automatique.

Le problème ? CUDA ne fonctionne que sur les cartes graphiques Nvidia, créant un quasi-monopole dans le domaine de l’IA. Les alternatives comme ROCm d’AMD ou OpenCL existent, mais la majorité des logiciels d’IA sont optimisés pour CUDA. ZLUDA agit comme une couche de traduction qui permet aux applications CUDA de fonctionner sur des cartes AMD ou Intel, sans modification du code source.

Le projet a connu des hauts et bas : AMD l’avait initialement soutenu financièrement avant de se retirer et d’exiger la suppression du code public, probablement sous pression légale de Nvidia. Les développeurs ont dû tout réécrire depuis zéro. Actuellement, l’équipe travaille sur le support des applications 32 bits, PhysX et les modèles de langage (LLM), des éléments cruciaux pour l’adoption massive.

La question légale reste complexe : tant que ZLUDA n’utilise pas le code propriétaire de Nvidia et se contente d’implémenter l’API publique, le projet devrait être légalement défendable, à l’image de ce que Wine fait pour Windows sur Linux.

Point de vue neutre

Cette initiative illustre parfaitement les tensions actuelles du marché des semiconducteurs spécialisés. D’un côté, nous avons Nvidia qui a créé un écosystème logiciel extrêmement performant et bien intégré, justifiant en partie sa position dominante. De l’autre, cette domination freine l’innovation et maintient des prix élevés pour les consommateurs et entreprises.

ZLUDA représente une approche pragmatique : plutôt que de convaincre les développeurs de réécrire leurs applications pour d’autres plateformes, le projet leur offre une transition transparente. C’est intelligent, mais aussi risqué. L’histoire nous enseigne que les couches de compatibilité introduisent souvent des problèmes de performance et de stabilité.

Le retrait d’AMD du projet révèle les réalités commerciales : même si une entreprise souhaite briser un monopole, elle doit naviguer prudemment pour éviter les poursuites judiciaires coûteuses. Cette situation crée un cercle vicieux où la domination de Nvidia se renforce par l’inaction forcée de ses concurrents.

Avec seulement deux développeurs, ZLUDA fait face à un défi titanesque. Maintenir la compatibilité avec un écosystème en constante évolution demande des ressources considérables. Le succès dépendra probablement de l’obtention d’un financement stable et de contributions communautaires significatives.

Exemple

Imaginez que vous habitez dans une ville où il n’y a qu’une seule compagnie de taxi, “NvidiaCab”, qui utilise un système de réservation propriétaire ultra-performant. Tous les restaurants, hôtels et entreprises de la ville ont intégré ce système dans leurs applications. C’est pratique, mais NvidiaCab en profite pour charger des tarifs exorbitants.

Un jour, une nouvelle compagnie, “AMDTransport”, arrive en ville avec des voitures moins chères et tout aussi efficaces. Le problème ? Aucune application ne peut les appeler parce qu’elles ne parlent pas le “langage NvidiaCab”. Les clients doivent télécharger de nouvelles applications, les restaurants doivent refaire leurs systèmes… C’est compliqué et coûteux.

C’est là qu’intervient ZLUDA, comme un traducteur universel. Quand vous demandez un “NvidiaCab” dans votre application habituelle, ZLUDA intercepte la demande et la traduit pour qu’AMDTransport puisse la comprendre. Vous gardez vos habitudes, mais vous avez accès à plus d’options et de meilleurs prix.

Évidemment, NvidiaCab n’apprécie pas du tout cette situation. Ils menacent de poursuites, font pression sur les autorités, et même AMDTransport commence à avoir peur et retire son soutien au projet de traduction. Mais deux développeurs passionnés continuent le travail dans leur garage, convaincus que la concurrence bénéficie à tous.

Point de vue optimiste

ZLUDA pourrait bien être le catalyseur qui brisera enfin le monopole de Nvidia dans l’IA ! Avec deux développeurs dédiés et une communauté grandissante, nous assistons peut-être aux prémices d’une révolution démocratique de l’intelligence artificielle.

Imaginez les possibilités : des cartes AMD avec 24 Go de VRAM à une fraction du prix des équivalents Nvidia, permettant aux chercheurs indépendants, aux startups et aux passionnés d’accéder à des modèles d’IA avancés sans se ruiner. Cette démocratisation pourrait accélérer l’innovation de manière exponentielle.

Le timing est parfait : l’IA générative explose, la demande pour des solutions abordables est énorme, et les gouvernements commencent à s’inquiéter des monopoles technologiques. ZLUDA arrive au bon moment pour surfer sur cette vague. De plus, avec l’amélioration constante des cartes AMD et Intel, les performances pourraient bientôt rivaliser avec Nvidia.

L’aspect open source du projet garantit sa pérennité. Même si Nvidia tente de l’étouffer légalement, la communauté peut reprendre le flambeau. C’est exactement ce qui s’est passé avec Linux face à Windows, ou Firefox face à Internet Explorer. L’histoire montre que les alternatives ouvertes finissent souvent par triompher.

Cette initiative pourrait même pousser Nvidia à innover davantage et à baisser ses prix, créant un cercle vertueux pour tous les consommateurs. La concurrence, c’est toujours gagnant-gagnant !

Point de vue pessimiste

Malheureusement, ZLUDA fait face à des obstacles quasi-insurmontables qui risquent de condamner le projet à long terme. L’histoire récente nous montre déjà les signes inquiétants : AMD, pourtant intéressé par une alternative à CUDA, a abandonné le projet sous pression légale. Si même les concurrents directs de Nvidia n’osent pas soutenir ouvertement ZLUDA, comment espérer un succès durable ?

Avec seulement deux développeurs, le projet ne peut tout simplement pas suivre le rythme effréné de développement de l’écosystème CUDA. Nvidia emploie des milliers d’ingénieurs et investit des milliards dans CUDA. Chaque mise à jour, chaque nouvelle fonctionnalité creuse l’écart. C’est David contre Goliath, mais sans la fronde magique.

Les couches de compatibilité introduisent inévitablement des bugs, des problèmes de performance et des incompatibilités. Les développeurs professionnels ne peuvent pas se permettre ces risques dans leurs projets critiques. Pourquoi choisir une solution instable quand CUDA fonctionne parfaitement ?

Nvidia dispose d’un arsenal juridique redoutable et de ressources financières illimitées pour étouffer toute menace. Ils peuvent modifier leur licence, créer des obstacles techniques, ou simplement traîner ZLUDA devant les tribunaux jusqu’à épuisement des ressources. L’exemple d’Oracle contre Google montre que même les géants technologiques peuvent être paralysés par des batailles juridiques interminables.

Finalement, ZLUDA risque de rester un projet de niche, utilisé par quelques passionnés mais ignoré par l’industrie. Le monopole de Nvidia continuera de se renforcer, et nous resterons prisonniers d’un écosystème fermé et coûteux.