Patrick Bélanger
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Google a récemment dévoilé sa feuille de route pour l’intelligence artificielle lors de l’AI Engineer World’s Fair 2025, révélant des ambitions technologiques majeures. Au cœur de ces annonces se trouve le concept de contexte infini, une capacité qui permettrait aux modèles d’IA de traiter et de retenir des quantités illimitées d’informations sans perdre de détails importants.
Actuellement, les modèles d’IA comme GPT ou Gemini sont limités par leur fenêtre de contexte - essentiellement leur “mémoire de travail” qui détermine combien d’informations ils peuvent considérer simultanément. Cette limitation force les modèles à “oublier” des parties de conversations longues ou de documents volumineux, créant un goulot d’étranglement majeur dans leurs capacités.
Google propose également des innovations omnimodales, soit la capacité de traiter simultanément du texte, des images, de l’audio, de la vidéo et potentiellement même des données olfactives. Leur nouvelle approche de génération vidéo native promet de créer du contenu vidéo directement, sans passer par des étapes intermédiaires d’images fixes.
Le défi technique réside dans l’architecture actuelle des mécanismes d’attention, qui nécessitent une puissance de calcul croissant de façon quadratique avec la taille du contexte. Pour résoudre cela, Google explore des approches sub-quadratiques et des systèmes de compression intelligente qui pourraient révolutionner la façon dont l’IA gère l’information à long terme.
Cette feuille de route de Google illustre parfaitement où nous en sommes dans l’évolution de l’IA : à un carrefour entre les promesses grandioses et les réalités techniques. Le contexte infini représente effectivement l’un des défis les plus cruciaux à résoudre, mais il faut comprendre que “infini” ici ne signifie pas littéralement sans limite.
Les chercheurs sérieux visent plutôt des contextes sub-linéaires qui pourraient traiter l’équivalent de bibliothèques entières d’informations de manière efficace. C’est un objectif ambitieux mais techniquement plausible avec les bonnes innovations architecturales.
L’approche pragmatique consisterait à développer des systèmes de mémoire associative sophistiqués, similaires à la façon dont notre cerveau oublie les détails non pertinents tout en conservant les concepts importants. Cette compression intelligente pourrait permettre aux modèles d’accéder à des quantités vastes d’informations stockées sur disque, créant l’illusion d’un contexte infini.
La timeline reste floue, et c’est probablement volontaire. Google communique une direction plutôt qu’un calendrier précis, ce qui est sage dans un domaine où les percées peuvent survenir du jour au lendemain ou prendre des années à matérialiser.
Imaginez que votre cerveau fonctionne comme un bureau traditionnel avec un petit bureau de travail. Actuellement, les IA sont comme des employés brillants mais contraints à travailler sur ce minuscule bureau - ils peuvent seulement étaler quelques documents à la fois avant de manquer d’espace.
Quand une nouvelle pile de documents arrive, ils doivent ranger les anciens dans des tiroirs, mais une fois rangés, ces documents deviennent inaccessibles jusqu’à ce qu’ils les ressortent manuellement. C’est pourquoi ChatGPT “oublie” le début de votre conversation quand elle devient trop longue.
Le contexte infini de Google, c’est comme donner à cet employé un bureau magique qui s’agrandit automatiquement selon ses besoins, avec un système de classement intelligent qui peut instantanément retrouver n’importe quel document pertinent dans des archives gigantesques.
Mais voici le hic : construire ce bureau magique nécessite une technologie qui n’existe pas encore complètement. C’est un peu comme promettre des voitures volantes - techniquement possible, mais il faut d’abord résoudre quelques “petits” problèmes d’ingénierie, comme défier les lois de la physique… ou dans ce cas, les limitations actuelles de l’informatique quantique et de l’architecture des processeurs.
Cette feuille de route de Google pourrait bien marquer le début de la véritable révolution de l’IA ! Le contexte infini n’est pas juste une amélioration incrémentale - c’est un changement de paradigme qui pourrait débloquer des capacités qu’on n’ose même pas imaginer aujourd’hui.
Pensez-y : des modèles capables de lire et de retenir l’intégralité de Wikipedia, tous les manuels techniques d’une entreprise, ou l’historique complet d’un projet de recherche de plusieurs années. Ces IA pourraient devenir de véritables partenaires intellectuels, capables de maintenir des conversations cohérentes sur des mois, de suivre l’évolution de projets complexes et d’établir des connexions entre des domaines de connaissance apparemment disparates.
La génération vidéo native couplée aux capacités omnimodales pourrait transformer complètement la création de contenu. Imaginez décrire une idée complexe et voir l’IA créer instantanément une présentation vidéo complète avec narration, animations et exemples visuels parfaitement adaptés à votre audience.
Google a déjà prouvé sa capacité d’innovation avec “Attention is All You Need” - le papier fondateur des transformers. S’ils réussissent à résoudre le défi du contexte infini, ils pourraient bien reprendre leur position de leader et déclencher une nouvelle course à l’innovation qui bénéficiera à tous.
Cette présentation de Google ressemble dangereusement à une liste de souhaits technologiques plutôt qu’à un plan réaliste. Le “contexte infini” bute contre des limitations fondamentales de physique et d’informatique que quelques slides PowerPoint ne résoudront pas magiquement.
Les défis sont énormes : la complexité computationnelle quadratique des mécanismes d’attention, les limites de mémoire des systèmes actuels, et surtout, le coût énergétique astronomique de tels systèmes. Même si Google développait cette technologie, qui pourrait se permettre de l’utiliser à grande échelle ?
L’histoire récente nous montre que les promesses grandioses de l’IA sont souvent suivies de désillusions. Rappelez-vous les prédictions sur la conduite autonome, la traduction parfaite, ou même les chatbots qui devaient révolutionner le service client. La réalité s’avère toujours plus complexe et plus lente que les présentations marketing.
De plus, cette course effrénée vers des modèles toujours plus grands et plus gourmands en ressources soulève des questions environnementales et éthiques majeures. Avons-nous vraiment besoin d’IA capables de traiter des contextes infinis, ou devrions-nous plutôt nous concentrer sur des solutions plus efficaces et durables ?
Le risque est que Google, dans sa quête de domination technologique, nous entraîne dans une spirale de complexité croissante sans bénéfices proportionnels pour la société.
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