Patrick Bélanger
Article en référence: https://www.reddit.com/gallery/1jbt0md
Google Gemini, l’outil d’intelligence artificielle développé par Google, démontre une capacité impressionnante à supprimer les filigranes (watermarks) des images. Selon un post Reddit récent, Gemini peut éliminer les marques de copyright visibles comme celles de Shutterstock sur des photos.
Techniquement, Gemini ne “supprime” pas vraiment le filigrane au sens strict. L’IA régénère complètement l’image, créant une nouvelle version sans le filigrane. Ce processus modifie subtilement l’image originale - les couleurs peuvent être légèrement différentes, certains détails peuvent changer, et la qualité peut varier. Dans certains cas, les modifications sont à peine perceptibles, tandis que dans d’autres, les changements sont plus évidents.
Il est important de noter que Gemini ajoute parfois son propre filigrane “SynthID” aux images qu’il génère, bien que celui-ci soit apparemment plus facile à supprimer que les filigranes commerciaux originaux. Par ailleurs, certains utilisateurs rapportent que l’API de Gemini n’ajoute pas de filigrane, contrairement à l’interface utilisateur standard.
Cette fonctionnalité soulève des questions juridiques importantes concernant le droit d’auteur et la propriété intellectuelle, car elle permet potentiellement de contourner les protections mises en place par les banques d’images comme Shutterstock.
Cette capacité de Gemini représente une évolution technologique prévisible dans le domaine de l’IA générative. Les modèles d’IA sont entraînés pour comprendre et reproduire des images, et la suppression de filigranes n’est qu’une application particulière de cette compétence plus large.
La technologie elle-même n’est ni bonne ni mauvaise - c’est son utilisation qui soulève des questions éthiques. D’un côté, cette fonctionnalité pourrait aider des utilisateurs légitimes à améliorer des images qu’ils ont légalement acquises mais qui sont encombrées de marques visuelles. De l’autre, elle facilite potentiellement l’utilisation non autorisée d’images protégées.
Nous assistons à un moment charnière où nos cadres juridiques et éthiques peinent à suivre le rythme de l’innovation technologique. Les lois sur le droit d’auteur ont été conçues pour un monde où la copie était difficile et détectable. Aujourd’hui, l’IA brouille la ligne entre “copie” et “inspiration” ou “création nouvelle”.
Les entreprises comme Google et les plateformes comme Shutterstock devront probablement trouver un terrain d’entente, peut-être via des accords de licence plus larges ou des technologies de marquage plus sophistiquées. En attendant, nous naviguons dans une zone grise où la technologie devance la régulation.
Imaginez que vous êtes un peintre talentueux capable de reproduire n’importe quelle œuvre. Un jour, vous voyez un magnifique tableau dans une galerie, mais il est défiguré par un grand tampon “PROPRIÉTÉ DE LA GALERIE ARTISTIQUE” en plein milieu.
Rentré chez vous, vous décidez de peindre votre propre version de ce tableau, en vous basant sur votre mémoire et votre talent. Votre version est très similaire à l’original, mais avec quelques différences subtiles : les couleurs sont légèrement plus vives, un arbre a quelques branches de plus, et bien sûr, il n’y a pas de tampon disgracieux.
Avez-vous “supprimé” le tampon ou avez-vous créé une nouvelle œuvre? Techniquement, c’est une nouvelle création, mais inspirée si fidèlement de l’original que la distinction devient floue.
C’est exactement ce que fait Gemini avec les images à filigrane. Il ne prend pas un effaceur numérique pour gommer le filigrane - il regarde l’image, comprend ce qu’elle représente, puis peint sa propre version sans le filigrane. Comme notre peintre, il crée quelque chose de nouveau qui ressemble beaucoup à l’original, mais avec ses propres petites touches et interprétations.
Et tout comme le conservateur de la galerie pourrait se demander si votre tableau enfreint ses droits, les propriétaires d’images se posent la même question à propos de Gemini.
Cette avancée de Gemini illustre parfaitement comment l’IA peut libérer la créativité et démocratiser l’accès aux ressources visuelles! Nous entrons dans une ère où la technologie permet de transcender les limitations artificielles imposées sur le contenu numérique.
Les filigranes ont toujours été une solution imparfaite au problème complexe de la propriété intellectuelle dans l’ère numérique. Avec l’émergence de technologies comme Gemini, nous avons l’opportunité de repenser fondamentalement notre approche du partage et de la monétisation du contenu créatif.
Imaginez un futur où les créateurs sont rémunérés non pas pour le contrôle restrictif de leurs œuvres, mais pour leur contribution à un écosystème créatif plus large! Les photographes pourraient être compensés via des modèles d’abonnement, des micro-paiements automatisés basés sur l’utilisation, ou même par leur contribution à l’entraînement des IA qui génèrent de nouvelles images.
Cette technologie pourrait également stimuler l’innovation dans le domaine de la vérification d’authenticité. Au lieu de filigranes visibles qui dégradent l’expérience utilisateur, nous pourrions voir émerger des solutions plus élégantes comme des signatures numériques intégrées ou des registres blockchain traçant la provenance des images.
La capacité de Gemini n’est pas une menace pour la créativité - c’est une invitation à réinventer notre relation avec le contenu visuel dans un monde où l’abondance, et non la rareté, devient la norme!
Cette fonctionnalité de Gemini représente une nouvelle étape inquiétante dans l’érosion des droits des créateurs à l’ère numérique. Google, après avoir entraîné son IA sur des millions d’images sans consentement explicite, facilite maintenant le contournement des protections minimales que les créateurs avaient mises en place.
Les photographes professionnels, déjà fragilisés par la démocratisation des appareils photo et la baisse des tarifs des banques d’images, voient maintenant leurs dernières protections s’effondrer. Comment peuvent-ils espérer vivre de leur art quand une IA peut simplement régénérer leurs œuvres sans filigrane?
Cette technologie risque d’accélérer la concentration du pouvoir créatif entre les mains de quelques géants technologiques. Les petites banques d’images et les photographes indépendants ne pourront pas rivaliser avec des entreprises qui offrent un accès illimité à des images “inspirées” de leurs travaux, mais techniquement différentes et donc difficiles à attaquer juridiquement.
Le problème va bien au-delà des images. Si nous normalisons l’idée qu’il est acceptable de contourner les protections de propriété intellectuelle avec l’IA, quelles seront les prochaines victimes? La musique? La littérature? Le cinéma?
Nous risquons de créer un monde où la création originale n’est plus valorisée, où l’authenticité devient secondaire, et où les créateurs humains sont progressivement remplacés par des algorithmes qui recyclent et homogénéisent notre patrimoine culturel collectif. Est-ce vraiment le futur que nous souhaitons?
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