Google commence à insérer des pubs dans les chatbots IA de startups partenaires. Pas encore dans Gemini, mais ça s en vient? L ère des LLM gratuits sans pubs tire-t-elle à sa fin? Les modèles open source locaux deviennent soudainement plus attrayants... #IA #Publicité

Article en référence: https://www.bloomberg.com/news/articles/2025-04-30/google-places-ads-inside-chatbot-conversations-with-ai-startups?accessToken=eyJhbGciOiJIUzI1NiIsInR5cCI6IkpXVCJ9.eyJzb3VyY2UiOiJTdWJzY3JpYmVyR2lmdGVkQXJ0aWNsZSIsImlhdCI6MTc0NjExMzM1MywiZXhwIjoxNzQ2NzE4MTUzLCJhcnRpY2xlSWQiOiJTVkswUlBEV1JHRzAwMCIsImJjb25uZWN0SWQiOiIxMEJDQkE5REUzM0U0M0M0ODBBNzNCMjFFQzdGQ0Q2RiJ9.9sPHivqB3WzwT8wcroxvnIM03XFxDcDq4wo4VPP-9Qg

Récapitulatif factuel

Google vient d’annoncer l’intégration de publicités dans les conversations avec certains chatbots d’IA. Selon un article de Bloomberg, Google a commencé à placer des annonces AdSense dans les réponses générées par des chatbots développés par des startups partenaires. Ces publicités apparaissent lorsque les chatbots utilisent les résultats de recherche Google pour répondre aux questions des utilisateurs.

Cette initiative représente une nouvelle façon pour Google de monétiser l’intelligence artificielle conversationnelle, en étendant son modèle économique publicitaire au domaine des LLM (Large Language Models ou grands modèles de langage). Pour l’instant, cette fonctionnalité concerne uniquement les chatbots tiers qui intègrent les résultats de recherche Google, et non directement Gemini, le modèle phare de Google.

Les LLM sont des systèmes d’intelligence artificielle entraînés sur d’énormes quantités de données textuelles, capables de générer du contenu cohérent et contextuel en réponse aux requêtes des utilisateurs. Ces modèles nécessitent d’importantes ressources de calcul pour fonctionner, ce qui explique en partie la recherche de nouvelles sources de revenus par les entreprises qui les développent.

La communauté tech observe cette évolution avec attention, car elle pourrait préfigurer une tendance plus large dans l’industrie de l’IA générative, où la publicité deviendrait un moyen privilégié de financer ces technologies coûteuses.

Point de vue neutre

L’intégration de publicités dans les chatbots était prévisible et s’inscrit dans la continuité logique du modèle économique de Google. Depuis ses débuts, l’entreprise a bâti son empire sur la publicité ciblée, d’abord dans les résultats de recherche, puis à travers son réseau d’affichage. L’IA conversationnelle représente simplement le nouveau territoire à conquérir.

Cette évolution soulève des questions sur l’équilibre entre monétisation et expérience utilisateur. D’un côté, le développement et l’exploitation des modèles d’IA génèrent des coûts considérables que les entreprises doivent amortir. De l’autre, l’introduction de publicités risque d’altérer la fluidité des conversations et potentiellement la confiance des utilisateurs envers ces outils.

Nous assistons probablement aux prémices d’une transformation profonde de l’écosystème de l’IA générative. Les modèles fermés et propriétaires comme Gemini ou ChatGPT chercheront à rentabiliser leurs investissements par la publicité ou des abonnements premium, tandis que les solutions open source et locales gagneront en attractivité auprès des utilisateurs soucieux de leur vie privée ou réfractaires aux publicités.

Cette dualité n’est pas sans rappeler ce qui s’est produit avec les navigateurs web et les moteurs de recherche : des solutions alternatives comme Firefox ou DuckDuckGo ont émergé en réaction aux pratiques des géants du secteur, sans pour autant remettre en question leur domination. L’avenir nous dira si ce schéma se reproduira dans le domaine de l’IA conversationnelle.

Exemple

Imaginez que vous ayez un ami particulièrement cultivé, appelons-le Gérard. Gérard connaît tout sur tout, répond à toutes vos questions avec précision et patience. Un jour, vous remarquez un changement subtil dans son comportement.

Vous : “Gérard, quelle est la meilleure façon de préparer un risotto aux champignons?”

Gérard : “Ah, excellente question! Pour un risotto parfait, il faut d’abord faire revenir l’oignon dans du beurre. D’ailleurs, en parlant de beurre, avez-vous essayé le nouveau Beurre Fin du Québec? Il est en promotion cette semaine chez IGA. Ensuite, ajoutez le riz arborio et…”

Vous : “Euh, Gérard, c’était quoi ça?”

Gérard : “Quoi donc? Ah, le beurre? Un simple conseil d’ami. Alors, pour le bouillon…”

Vous : “Gérard, est-ce que quelqu’un te paie pour me parler de ce beurre?”

Gérard, légèrement gêné : “Eh bien, vois-tu, mes connaissances encyclopédiques ont un coût. J’ai récemment conclu quelques partenariats pour… disons… optimiser nos conversations.”

C’est exactement ce qui se passe avec les chatbots qui intègrent des publicités. Ce confident numérique que vous consultiez pour sa neutralité et son expertise devient soudainement un canal publicitaire. Et comme avec Gérard, la question se pose : pouvez-vous encore faire confiance à ses recommandations si elles sont potentiellement influencées par des considérations commerciales?

Point de vue optimiste

L’intégration de publicités dans les chatbots pourrait paradoxalement démocratiser l’accès à l’IA de pointe. En permettant un modèle freemium, Google et d’autres entreprises pourraient offrir gratuitement leurs technologies les plus avancées au grand public, réservant les versions sans publicité aux abonnés payants.

Cette évolution pourrait également stimuler l’innovation dans le domaine de l’IA éthique. Face à la demande croissante pour des alternatives respectueuses de la vie privée, nous verrons probablement émerger de nouveaux acteurs proposant des modèles économiques différents, comme des LLM open source plus performants ou des services d’IA par abonnement sans publicité ni collecte de données.

Les publicités intégrées aux chatbots pourraient aussi devenir plus pertinentes et moins intrusives que les formats publicitaires traditionnels. Imaginez une IA qui, comprenant parfaitement votre contexte et vos besoins, vous suggère des produits ou services véritablement utiles au moment opportun. Cette forme de publicité contextuelle pourrait transformer notre rapport à la promotion commerciale.

Enfin, cette monétisation pourrait financer la recherche en IA responsable et durable. Les revenus générés permettraient d’investir dans le développement de modèles plus efficaces énergétiquement, réduisant ainsi l’empreinte carbone de l’IA tout en améliorant ses capacités. C’est peut-être le prix à payer pour continuer à bénéficier d’avancées technologiques qui transforment positivement notre quotidien.

Point de vue pessimiste

L’introduction de publicités dans les chatbots marque le début d’une pente glissante vers la dégradation de l’expérience utilisateur. Ce que nous voyons aujourd’hui n’est que la première étape d’un processus d’« enshittification » (détérioration progressive) qui a déjà touché la plupart des plateformes numériques populaires.

D’abord, ce seront des publicités discrètes dans les réponses basées sur les recherches web. Puis, progressivement, les annonces s’infiltreront dans toutes les interactions, devenant de plus en plus difficiles à distinguer du contenu généré. Les modèles seront subtilement orientés pour favoriser certaines marques ou produits, sans que l’utilisateur en soit clairement informé.

Cette évolution soulève des questions éthiques préoccupantes. Les chatbots établissent souvent une relation de confiance avec leurs utilisateurs, particulièrement les personnes âgées ou vulnérables qui peuvent les percevoir comme des compagnons. Exploiter cette confiance pour diffuser des messages publicitaires ciblés s’apparente à une forme de manipulation particulièrement insidieuse.

Plus inquiétant encore, cette monétisation risque d’exacerber la fracture numérique. D’un côté, ceux qui pourront se permettre des versions premium sans publicité; de l’autre, la majorité qui devra se contenter d’assistants IA pollués par des messages commerciaux et potentiellement biaisés par les intérêts des annonceurs. L’IA, qui promettait d’être un outil d’émancipation, pourrait ainsi devenir un nouveau vecteur d’inégalités.

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