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Récapitulatif factuel

Midjourney, l’entreprise derrière l’un des générateurs d’images par intelligence artificielle les plus populaires, vient de dévoiler son premier modèle de génération vidéo. Cette annonce marque une étape importante dans l’évolution des outils créatifs alimentés par l’IA, particulièrement dans un contexte où la concurrence s’intensifie avec des modèles comme Veo 3 de Google et Kling 2.1.

Les vidéos présentées montrent une qualité visuelle impressionnante : des personnes mangeant des sushis, une femme montant des escaliers avec des fleurs, un enfant qui court, un violoniste en action, et même des scènes d’action avec des hélicoptères. La durée des clips reste limitée à quelques secondes, comme c’est généralement le cas pour ce type de technologie.

Techniquement, ces modèles fonctionnent par diffusion vidéo, une méthode qui génère des séquences d’images en se basant sur les images précédentes. Cependant, cette approche présente des défis importants : absence de suivi d’objets, manque de conscience spatiale et physique, et difficultés à maintenir la cohérence temporelle. Les utilisateurs ont d’ailleurs relevé plusieurs anomalies, comme des fleurs qui “téléportent” d’une main à l’autre ou des mouvements qui semblent inversés.

Le modèle n’est pas encore disponible au public. Midjourney mène actuellement une phase de test appelée “rating party” - un processus d’apprentissage par renforcement où les utilisateurs évaluent les résultats pour améliorer le modèle. L’entreprise sonde également les prix via un sondage, suggérant que l’outil sera probablement payant, suivant le modèle d’affaires habituel de Midjourney.

Point de vue neutre

Cette annonce s’inscrit dans une course technologique où chaque acteur tente de prouver sa capacité d’innovation. Midjourney rattrape ses concurrents plutôt qu’elle ne les devance - Veo 3 et d’autres modèles offrent déjà des capacités similaires, voire supérieures dans certains cas, notamment avec la génération audio intégrée.

La réalité technique demeure complexe. Malgré les progrès visuels impressionnants, les limitations fondamentales persistent : cohérence temporelle fragile, physique approximative, et durée limitée des clips. Ces contraintes suggèrent que nous sommes encore loin d’une révolution immédiate dans la production audiovisuelle professionnelle.

L’impact économique sera probablement graduel et sectoriel. Les industries publicitaires et de contenu marketing seront les premières touchées, particulièrement pour la création de matériel promotionnel court. Les secteurs nécessitant une narration complexe ou une cohérence à long terme resteront probablement dominés par la production traditionnelle pendant encore plusieurs années.

La question du prix sera déterminante pour l’adoption. Si Midjourney suit sa stratégie habituelle de tarification premium, l’outil restera accessible principalement aux professionnels et aux créateurs établis, limitant son impact disruptif à court terme. L’accessibilité démocratique dépendra largement de l’émergence d’alternatives open source ou de modèles de prix plus abordables.

Exemple

Imaginez que vous essayez d’apprendre à un enfant à dessiner en lui montrant des milliers de photos, mais sans jamais lui expliquer comment les objets bougent dans la vraie vie. L’enfant devient très doué pour dessiner des images fixes magnifiques, mais quand il essaie de créer un flipbook animé, les objets apparaissent et disparaissent mystérieusement, les gens marchent bizarrement, et parfois tout semble se dérouler à l’envers.

C’est exactement ce qui se passe avec ces modèles de génération vidéo. Ils ont “regardé” des millions d’heures de vidéos, mais ils n’ont jamais vraiment compris que quand vous tenez des fleurs dans votre main droite et que vous voulez poser votre main gauche sur une rampe, les fleurs ne peuvent pas magiquement téléporter dans votre autre main !

C’est comme si vous demandiez à quelqu’un qui n’a jamais vu de chat de dessiner un chat qui court. Il pourrait créer quelque chose de visuellement convaincant, mais le mouvement aurait quelque chose de… bizarre. Pas assez bizarre pour que vous puissiez dire “ça, c’est clairement faux”, mais suffisamment pour que votre cerveau vous chuchote “quelque chose cloche ici”.

Et tout comme cet enfant qui apprend à dessiner, plus il pratique, plus il s’améliore. La différence, c’est que cet “enfant” apprend à la vitesse de l’ordinateur, pas à la vitesse humaine !

Point de vue optimiste

Nous assistons à un moment historique ! Midjourney vient de franchir une barrière technologique majeure qui va démocratiser la création audiovisuelle comme jamais auparavant. Ces premières vidéos ne sont que le début - dans 12 à 18 mois, nous aurons des outils capables de générer des courts-métrages entiers à partir de simples descriptions textuelles.

L’impact créatif sera révolutionnaire. Les petites entreprises québécoises pourront enfin créer du contenu publicitaire de qualité Hollywood sans budget pharaonique. Les créateurs indépendants, les artistes, les éducateurs - tous auront accès à des outils de production qui étaient réservés aux grands studios il y a encore quelques années.

Imaginez les possibilités pédagogiques ! Les enseignants pourront créer des vidéos explicatives personnalisées, les formateurs d’entreprise généreront du contenu de formation sur mesure, et les entrepreneurs pourront tester leurs idées créatives sans investissement massif. C’est la démocratisation ultime de la narration visuelle.

Les défauts actuels ? Ils seront résolus rapidement. L’IA progresse de manière exponentielle, et chaque itération apporte des améliorations substantielles. Les problèmes de cohérence temporelle et de physique approximative ne sont que des obstacles temporaires. Dans deux ans, nous rirons de ces limitations comme nous rions aujourd’hui des premiers téléphones portables.

Cette technologie va libérer une vague de créativité sans précédent. Nous entrons dans une ère où l’imagination sera la seule limite à la création audiovisuelle !

Point de vue pessimiste

Cette annonce soulève des préoccupations majeures qui dépassent largement les considérations techniques. Nous nous dirigeons vers une crise de confiance généralisée où distinguer le vrai du faux deviendra un défi quotidien pour le citoyen moyen.

L’impact sur l’emploi sera brutal et immédiat. Les acteurs de publicité, les figurants, les techniciens de plateau pour les productions courtes - tous ces métiers sont directement menacés. Au Québec, où l’industrie audiovisuelle représente des milliers d’emplois, cette transition pourrait créer des bouleversements économiques significatifs sans plan d’accompagnement adéquat.

La question de la désinformation devient critique. Avec des outils aussi accessibles et convaincants, la création de fausses vidéos à des fins malveillantes va exploser. Campagnes de désinformation politique, chantage, usurpation d’identité - les applications néfastes sont nombreuses et les garde-fous inexistants.

Le modèle économique de Midjourney pose problème : une technologie si puissante concentrée entre les mains d’une entreprise privée qui peut fixer les prix et contrôler l’accès selon ses intérêts commerciaux. Cette centralisation du pouvoir créatif est dangereuse pour la diversité culturelle et l’indépendance artistique.

Enfin, nous créons une société où la réalité devient négociable. Quand tout peut être généré artificiellement, la valeur de l’authenticité s’effrite. Nous risquons de perdre notre capacité collective à faire confiance à ce que nous voyons, créant un terreau fertile pour le cynisme et la manipulation.