Patrick Bélanger
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Apple vient de publier une Ă©tude de recherche qui remet en question les capacitĂ©s de raisonnement des modĂšles dâintelligence artificielle actuels, particuliĂšrement les grands modĂšles de langage (LLM) comme ChatGPT et Claude. Selon cette recherche, ces systĂšmes ne âraisonnentâ pas rĂ©ellement au sens oĂč nous lâentendons habituellement.
Les chercheurs dâApple ont dĂ©couvert que ces modĂšles dâIA fonctionnent principalement par reconnaissance de motifs et mĂ©morisation statistique. ConcrĂštement, quand vous posez une question Ă ChatGPT, il ne ârĂ©flĂ©chitâ pas Ă votre problĂšme. Il analyse plutĂŽt les milliards de textes sur lesquels il a Ă©tĂ© entraĂźnĂ© pour prĂ©dire quelle sĂ©quence de mots a le plus de chances dâĂȘtre une rĂ©ponse appropriĂ©e.
LâĂ©tude rĂ©vĂšle aussi que ces modĂšles sâeffondrent rapidement quand on leur prĂ©sente des problĂšmes trop complexes ou des situations quâils nâont jamais âvuesâ dans leurs donnĂ©es dâentraĂźnement. Câest comme si vous demandiez Ă quelquâun de rĂ©soudre un problĂšme de mathĂ©matiques en chinois alors quâil ne connaĂźt que les rĂ©ponses par cĆur en français.
Les tokens mentionnĂ©s dans lâĂ©tude sont les unitĂ©s de base que lâIA utilise pour traiter le langage - pensez-y comme des morceaux de mots ou de concepts que la machine peut manipuler. Plus le problĂšme devient complexe, plus lâIA âgaspilleâ ces tokens sans arriver Ă une solution cohĂ©rente.
Cette rĂ©vĂ©lation dâApple soulĂšve une question fondamentale : quâest-ce qui diffĂ©rencie vraiment le âvraiâ raisonnement de la reconnaissance sophistiquĂ©e de motifs ?
La rĂ©alitĂ© se situe probablement quelque part entre les extrĂȘmes. Dâun cĂŽtĂ©, il est vrai que les IA actuelles ne possĂšdent pas la comprĂ©hension profonde que nous associons Ă lâintelligence humaine. Elles excellent Ă reproduire des patterns quâelles ont observĂ©s, mais peinent face Ă des situations vĂ©ritablement nouvelles.
Dâun autre cĂŽtĂ©, cette limitation nâenlĂšve rien Ă leur utilitĂ© pratique. Un mĂ©decin qui diagnostique une maladie sâappuie largement sur sa reconnaissance de symptĂŽmes familiers - est-ce si diffĂ©rent de ce que fait lâIA ? La question devient alors : avons-nous besoin de âvraieâ intelligence pour accomplir des tĂąches intelligentes ?
Il faut aussi considĂ©rer le timing de cette publication. Apple, qui accuse un retard considĂ©rable dans la course Ă lâIA, a tout intĂ©rĂȘt Ă tempĂ©rer lâenthousiasme autour des technologies de ses concurrents. Cela ne rend pas leur recherche invalide, mais ajoute une couche dâinterprĂ©tation intĂ©ressante.
La vĂ©ritĂ© probable ? Les IA actuelles sont des outils remarquablement puissants avec des limitations bien rĂ©elles. Ni des gĂ©nies artificiels, ni de simples perroquets sophistiquĂ©s, mais quelque chose dâunique qui mĂ©rite dâĂȘtre compris pour ce quâil est vraiment.
Imaginez que vous prĂ©parez un examen de cuisine en mĂ©morisant par cĆur 10 000 recettes diffĂ©rentes. Le jour de lâĂ©preuve, le chef vous demande de prĂ©parer un âsaumon grillĂ© aux herbes avec lĂ©gumes de saisonâ.
Vous fouillez dans votre mĂ©moire : âsaumon grillĂ©â vous rappelle 47 recettes, âaux herbesâ en Ă©voque 23 autres, âlĂ©gumes de saisonâ vous fait penser Ă 31 prĂ©parations. Votre cerveau fait rapidement le calcul statistique et vous sortez une recette qui combine les Ă©lĂ©ments les plus probables de toutes ces rĂ©fĂ©rences.
Le rĂ©sultat ? Un plat dĂ©licieux qui impressionne tout le monde ! Mais quand le chef vous demande dâexpliquer pourquoi vous avez choisi cette tempĂ©rature de cuisson ou cette combinaison dâĂ©pices, vous restez muet. Vous ne le savez pas vraiment - vous avez juste reproduit ce qui avait le plus de chances de bien fonctionner selon vos âdonnĂ©es dâentraĂźnementâ.
Maintenant, imaginez que le chef vous demande de cuisiner un plat fusion quĂ©bĂ©cois-thaĂŻlandais avec des ingrĂ©dients que vous nâavez jamais vus. LĂ , vous paniquez ! Vos 10 000 recettes mĂ©morisĂ©es ne contiennent rien de similaire. Vous commencez Ă mĂ©langer nâimporte quoi, espĂ©rant que ça ressemble Ă quelque chose de cohĂ©rent.
Câest exactement ce que fait lâIA selon Apple : elle excelle quand elle peut sâappuyer sur ses ârecettesâ mĂ©morisĂ©es, mais dĂ©raille complĂštement face Ă lâinconnu. La question reste : est-ce que ça fait dâelle un mauvais cuisinier pour autant ?
Cette recherche dâApple, loin dâĂȘtre un frein, pourrait bien ĂȘtre le catalyseur dont nous avions besoin pour propulser lâIA vers de nouveaux sommets !
Pensez-y : maintenant que nous comprenons mieux les mĂ©canismes sous-jacents, nous pouvons les amĂ©liorer de façon ciblĂ©e. Câest comme dĂ©couvrir que votre moteur de voiture fonctionne diffĂ©remment de ce que vous pensiez - cette connaissance vous permet de lâoptimiser encore mieux !
Les limitations identifiĂ©es ne sont que des dĂ©fis techniques Ă surmonter. Lâindustrie tech a toujours excellĂ© Ă transformer les obstacles en opportunitĂ©s dâinnovation. Regardez comment nous sommes passĂ©s des premiers ordinateurs de la taille dâune piĂšce aux smartphones dans nos poches !
Dâailleurs, mĂȘme si les IA actuelles âne font queâ reconnaĂźtre des motifs, elles le font Ă un niveau de sophistication inouĂŻ. Elles peuvent identifier des patterns dans des domaines aussi variĂ©s que la mĂ©decine, la finance, la crĂ©ativitĂ© artistique - des domaines oĂč mĂȘme les experts humains peinent parfois.
Et qui sait ? Peut-ĂȘtre que le âvraiâ raisonnement nâest lui-mĂȘme quâune forme trĂšs avancĂ©e de reconnaissance de motifs. Les neurosciences suggĂšrent que notre cerveau fonctionne aussi par associations et prĂ©dictions statistiques. La frontiĂšre entre âintelligence artificielleâ et âintelligence naturelleâ pourrait ĂȘtre plus floue quâon ne le croit.
Cette recherche dâApple nous donne une feuille de route claire : dĂ©velopper des systĂšmes qui combinent la puissance actuelle de reconnaissance de motifs avec de vĂ©ritables capacitĂ©s de raisonnement logique. Le futur de lâIA nâen sera que plus brillant !
Cette rĂ©vĂ©lation dâApple confirme ce que plusieurs experts craignaient : nous nous dirigeons vers une bulle technologique majeure basĂ©e sur des promesses non tenues.
Lâindustrie de lâIA a investi des milliards de dollars en pariant sur lâĂ©mergence dâune intelligence artificielle gĂ©nĂ©rale (AGI) dans les prochaines annĂ©es. Si Apple a raison, ces investissements massifs reposent sur des fondations fragiles. Les modĂšles actuels ne sont que des âperroquets stochastiquesâ sophistiquĂ©s, incapables de vĂ©ritable innovation ou de raisonnement adaptatif.
Le problĂšme va au-delĂ de la simple dĂ©ception technologique. Des entreprises entiĂšres restructurent leurs opĂ©rations autour de lâIA, licencient des employĂ©s en masse en comptant sur lâautomatisation, et prennent des dĂ©cisions stratĂ©giques basĂ©es sur des capacitĂ©s qui nâexistent peut-ĂȘtre pas rĂ©ellement.
Pire encore, cette limitation fondamentale pourrait expliquer pourquoi les IA produisent parfois des âhallucinationsâ dangereuses - des rĂ©ponses qui semblent plausibles mais sont complĂštement fausses. Si elles ne comprennent pas vraiment ce quâelles disent, comment peut-on leur faire confiance pour des dĂ©cisions critiques ?
La dĂ©pendance croissante Ă ces systĂšmes dans lâĂ©ducation, la santĂ©, et mĂȘme la prise de dĂ©cisions gouvernementales devient inquiĂ©tante. Nous risquons de crĂ©er une sociĂ©tĂ© qui sâappuie sur des outils qui donnent lâillusion de lâintelligence sans en possĂ©der la substance.
Et si le âplateauâ technologique que nous observons dĂ©jĂ dans certains domaines nâĂ©tait que le dĂ©but ? Si nous avions atteint les limites de ce que la reconnaissance de motifs peut accomplir, sans jamais accĂ©der au vĂ©ritable raisonnement artificiel ? Lâavenir pourrait ĂȘtre bien moins rĂ©volutionnaire que promis.
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