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Récapitulatif factuel

Une publicité controversée pour un produit nommé “Cluely” circule actuellement sur les réseaux sociaux, suscitant de vives réactions. Cette vidéo promotionnelle met en scène un homme portant des lunettes intelligentes lors d’un rendez-vous galant. Ces lunettes semblent lui fournir en temps réel des informations sur son interlocutrice et des suggestions de réponses pour l’aider à maintenir la conversation.

Le produit est présenté comme une technologie d’IA “invisible” permettant de “tricher sur tout”, notamment lors d’entretiens d’embauche, d’examens ou de rencontres sociales. Cependant, plusieurs éléments méritent d’être clarifiés :

1. Contrairement à ce que suggère la vidéo, le produit réel de Cluely n’est pas une paire de lunettes AR (réalité augmentée), mais une application pour ordinateur de bureau.

2. Le fondateur de Cluely, Roy Lee, a déjà fait l’objet de controverses. Selon les commentaires Reddit, il aurait été expulsé de l’université Columbia pour avoir falsifié son CV LinkedIn en y ajoutant des stages chez Tesla et d’autres entreprises.

3. La technologie montrée dans la publicité est largement exagérée par rapport aux capacités actuelles. Même des entreprises comme Meta, avec des milliards investis dans la réalité augmentée, ne disposent pas encore de lunettes aussi discrètes et performantes.

4. La vidéo a généré plus de 5 millions de vues en moins de 24 heures sur X (anciennement Twitter), démontrant une stratégie marketing efficace basée sur la controverse.

Cette publicité soulève d’importantes questions éthiques sur l’utilisation de l’IA comme outil de manipulation sociale et sur la frontière entre l’assistance technologique et la tromperie délibérée.

Point de vue neutre

Cette publicité pour Cluely représente parfaitement la tension actuelle entre nos capacités technologiques réelles et nos fantasmes futuristes. Elle joue habilement sur nos anxiétés sociales et notre fascination pour les solutions technologiques à des problèmes humains.

En réalité, nous nous trouvons à un carrefour où l’IA conversationnelle devient suffisamment performante pour nous assister dans nos interactions, sans pour autant atteindre le niveau de sophistication montré dans cette vidéo. Les assistants actuels comme ChatGPT ou Claude peuvent certainement nous aider à préparer un entretien ou à formuler des réponses, mais pas encore en temps réel et de manière aussi fluide.

Ce qui est probable, c’est que nous verrons dans les prochaines années une évolution graduelle vers des assistants plus discrets et intégrés à notre quotidien. Les lunettes connectées deviendront plus communes, mais leurs capacités resteront limitées par des contraintes techniques (autonomie, puissance de calcul, discrétion) et sociales (acceptabilité, normes éthiques).

La vraie question n’est pas tant de savoir si cette technologie spécifique va exister, mais plutôt comment nous, en tant que société, allons établir les règles d’utilisation de ces assistants IA. Quand l’assistance devient-elle de la triche? Comment préserver l’authenticité des interactions humaines tout en bénéficiant des avantages de l’IA?

Les établissements d’enseignement et les entreprises devront probablement adapter leurs méthodes d’évaluation et d’entretien pour tenir compte de ces nouvelles réalités, tout comme ils ont dû s’adapter à l’arrivée d’Internet et des smartphones.

Exemple

Imaginez que vous êtes au restaurant avec votre belle-mère, celle qui critique systématiquement vos choix de vie. Elle vous demande votre avis sur le dernier livre de son auteur préféré, un obscur philosophe norvégien dont vous n’avez jamais entendu parler.

Sans Cluely : “Euh… je ne l’ai pas lu, désolé.” Regard désapprobateur de belle-maman “Évidemment. Tu ne lis que des bandes dessinées, n’est-ce pas?”

Avec Cluely (version fantasmée) : Vos lunettes affichent discrètement : “Livre: ‘L’Éthique du Fjord’ par Sven Jorgensen. Thèmes: existentialisme nordique, rapport homme-nature. Citation clé: ‘Le silence des montagnes parle plus fort que nos cris intérieurs’”

Vous: “Ah, ‘L’Éthique du Fjord’! J’ai particulièrement apprécié sa réflexion sur l’existentialisme nordique. Comme il le dit si bien, ‘Le silence des montagnes parle plus fort que nos cris intérieurs’.”

Belle-maman: impressionnée “Exactement! Je ne savais pas que tu t’intéressais à la philosophie scandinave!”

Avec Cluely (version réaliste) : Vous regardez discrètement votre téléphone sous la table Google: “Sven Jorgensen philosophe norvégien” Vous trouvez quelques informations basiques

Vous: “J’en ai entendu parler, mais je ne l’ai pas encore lu. De quoi traite-t-il exactement?”

Belle-maman: “Je le savais! Tu ne t’intéresses qu’à tes gadgets électroniques!”

La morale? Même avec la technologie la plus avancée, vous n’échapperez pas aux jugements de votre belle-mère. Et si elle découvre un jour que vous utilisiez une IA pour faire semblant de connaître ses références culturelles, attendez-vous à un dîner de Noël encore plus glacial que les fjords norvégiens!

Point de vue optimiste

Cette technologie représente l’aube d’une nouvelle ère d’augmentation cognitive qui va démocratiser l’accès à l’intelligence et aux compétences sociales! Imaginez un monde où chacun peut accéder instantanément aux connaissances dont il a besoin, quand il en a besoin.

Pour les personnes neurodivergentes, comme celles atteintes d’autisme ou d’anxiété sociale, ces assistants IA pourraient être révolutionnaires. Comme le mentionne un commentateur sur Reddit: “Je suis autiste. Si j’avais accès à cela, je l’utiliserais. Cela rendrait tellement plus facile mes interactions avec les personnes neurotypiques.”

Au-delà des cas individuels, ces technologies vont niveler le terrain de jeu dans de nombreux domaines. Fini le temps où seuls ceux qui ont eu accès à une éducation privilégiée peuvent briller en entretien! L’IA va permettre à chacun de montrer son véritable potentiel en éliminant les barrières liées au stress, à la mémoire ou aux compétences de communication.

Dans le futur, ces assistants deviendront si communs que nous les considérerons comme une extension naturelle de notre cognition, tout comme nous considérons aujourd’hui les smartphones comme une extension de notre mémoire. Nous passerons d’une ère où l’on juge les gens sur leur capacité à mémoriser des informations à une ère où l’on valorise leur créativité, leur jugement et leur capacité à utiliser efficacement ces outils.

Les entreprises les plus innovantes l’ont déjà compris: ce n’est pas la connaissance brute qui compte, mais la capacité à poser les bonnes questions et à utiliser intelligemment les ressources disponibles. Ces lunettes IA ne sont qu’une étape vers un futur où l’humain et la machine collaboreront de façon harmonieuse pour atteindre notre plein potentiel collectif!

Point de vue pessimiste

Cette publicité pour Cluely représente tout ce qui va mal dans notre relation avec la technologie: nous créons des outils non pas pour nous améliorer, mais pour nous permettre de tricher et de manipuler les autres plus efficacement.

Imaginons un instant les conséquences si ce type de technologie se répandait. Les entretiens d’embauche deviendraient une farce, où les candidats ne seraient plus évalués sur leurs compétences réelles mais sur la qualité de leur assistant IA. Les examens scolaires perdraient tout sens, forçant les établissements à mettre en place des mesures de surveillance toujours plus intrusives.

Sur le plan relationnel, c’est encore plus inquiétant. Comment faire confiance à quelqu’un quand ses paroles pourraient être dictées par une IA? Les relations authentiques, déjà mises à mal par les réseaux sociaux et les applications de rencontre, seraient davantage fragilisées. Nous risquons de créer une génération incapable de communiquer sans assistance technologique, dépendante d’une béquille numérique pour les interactions les plus basiques.

Cette technologie exacerberait également les inégalités. Qui aura accès aux meilleurs assistants IA? Certainement pas les plus défavorisés. Nous créerions ainsi une nouvelle fracture sociale entre ceux qui peuvent se permettre d’être “augmentés” et les autres.

Plus fondamentalement, c’est notre humanité même qui est en jeu. Si nous déléguons nos pensées, nos émotions et nos interactions à des machines, que reste-t-il de notre identité? Nous risquons de devenir de simples marionnettes, répétant des phrases générées par des algorithmes, incapables de penser par nous-mêmes ou d’établir des connexions authentiques avec nos semblables.

Comme le dit si bien un commentateur sur Reddit: “Super, maintenant vous n’avez même plus besoin de vivre. Vous n’avez même plus besoin d’exister.” Est-ce vraiment le futur que nous voulons?