Patrick Bélanger
Article en référence: https://fortune.com/2025/03/17/byd-battery-system-charging-5-minutes-tesla-superchargers/
BYD, le plus grand fabricant mondial de véhicules électriques, vient d’annoncer une avancée majeure dans la technologie des batteries. Leur nouveau système est capable de fournir jusqu’à 470 kilomètres d’autonomie avec seulement 5 minutes de charge. Cette technologie, baptisée système de charge 10C, sera disponible dès avril 2025 sur deux nouveaux modèles : le Han L et le Tang L.
Ces véhicules seront commercialisés à partir de 270 000 yuans (environ 37 338 dollars américains), ce qui les positionne dans une gamme de prix similaire aux Tesla Model 3 et Model Y. Pour accompagner cette innovation, BYD prévoit la construction de plus de 4 000 stations de recharge compatibles avec cette nouvelle technologie.
Pour mettre en perspective cette avancée, il faut comprendre que la charge rapide actuelle des véhicules électriques tourne généralement autour de 150 à 350 kW. Le système de BYD nécessiterait théoriquement une puissance d’environ 1,2 MW pour charger une batterie de 100 kWh en 5 minutes, ce qui représente un défi considérable en termes d’infrastructure.
BYD n’est pas un nouveau venu dans l’industrie. Cette entreprise chinoise est verticalement intégrée : elle extrait le lithium, fabrique ses propres batteries et assemble ses véhicules. Elle produit également des composants pour d’autres grandes marques, comme des tablettes pour Apple. Les performances annoncées pour ces nouveaux véhicules sont impressionnantes : 0 à 100 km/h en 2,7 secondes, 100 à 200 km/h en 4,74 secondes, et une vitesse maximale de 305 km/h.
L’annonce de BYD marque une étape importante dans l’évolution des véhicules électriques, mais elle soulève aussi des questions pratiques. Si la technologie fonctionne comme annoncé, elle pourrait effectivement réduire considérablement l’un des principaux obstacles à l’adoption massive des véhicules électriques : le temps de recharge.
Cependant, il faut garder à l’esprit que cette technologie nécessite une infrastructure spécifique. Les 4 000 stations prévues par BYD seront principalement déployées en Chine dans un premier temps. L’expansion internationale dépendra de nombreux facteurs, notamment des politiques commerciales des différents pays. Les récentes tensions commerciales et les tarifs douaniers imposés sur les véhicules électriques chinois dans certains marchés occidentaux pourraient limiter l’accès à cette technologie.
Par ailleurs, comme le soulignent certains commentaires dans la discussion, la charge ultra-rapide pourrait avoir un impact sur la durée de vie des batteries. Il est probable que cette fonctionnalité soit conçue pour une utilisation occasionnelle, lors de longs trajets par exemple, plutôt que pour une utilisation quotidienne.
L’écart entre l’annonce d’une technologie et sa disponibilité généralisée est souvent important. Même si BYD a prouvé sa capacité à commercialiser rapidement ses innovations, il faudra du temps avant que cette technologie ne devienne la norme, si elle le devient.
Imaginez que vous êtes en route pour un road trip entre Montréal et Gaspé. Avec votre véhicule électrique actuel, vous planifiez soigneusement vos arrêts, calculant où vous pourrez recharger pendant que vous mangez ou vous reposez. C’est un peu comme préparer une expédition en territoire inconnu, avec votre carte des bornes de recharge comme boussole indispensable.
Maintenant, imaginez le même voyage avec la technologie de BYD. Vous roulez tranquillement sur la 132, admirant le fleuve Saint-Laurent. Votre batterie commence à faiblir aux alentours de Rimouski. Pas de panique ! Vous vous arrêtez à une station de recharge, le temps d’aller chercher un café et un beigne à la cantine du coin. Cinq minutes plus tard, vous êtes de retour sur la route avec assez d’autonomie pour atteindre Percé sans vous soucier de rien.
C’est un peu comme si on passait du temps où il fallait attendre 30 minutes pour télécharger une chanson sur Napster avec notre connexion dial-up, à l’ère du streaming instantané sur Spotify. La différence ? Au lieu de patienter en écoutant les bruits étranges de votre modem qui se connecte, vous attendez en sirotant un café pendant que votre voiture fait le plein d’électrons à la vitesse de l’éclair.
Bien sûr, comme dirait ma grand-mère de Chicoutimi : “C’est ben beau tout ça, mais est-ce que ça va marcher quand il fait -30°C en janvier ?” Une question pertinente que même les ingénieurs de BYD n’ont peut-être pas encore testée dans nos conditions hivernales québécoises !
Cette avancée de BYD pourrait bien représenter le tournant décisif pour l’adoption massive des véhicules électriques ! Imaginez un monde où la recharge d’une voiture électrique prend à peine plus de temps que de faire le plein d’essence. C’est la fin de l’angoisse d’autonomie qui freine encore tant de consommateurs.
Avec cette technologie, nous entrons dans une nouvelle ère de la mobilité électrique. Les constructeurs automobiles traditionnels vont devoir accélérer leurs efforts d’innovation s’ils ne veulent pas se faire complètement distancer. Cette saine compétition va propulser l’ensemble de l’industrie vers l’avant, au bénéfice des consommateurs et de l’environnement.
La démocratisation de cette technologie pourrait avoir un impact considérable sur notre transition énergétique. Au Québec, où notre électricité est déjà propre et abondante, nous sommes idéalement positionnés pour tirer profit de cette révolution. Hydro-Québec pourrait devenir un partenaire de choix pour déployer des infrastructures de recharge ultra-rapide à travers la province.
À terme, cette innovation pourrait même transformer notre rapport à l’énergie et à la mobilité. Imaginez des véhicules qui servent non seulement de moyens de transport, mais aussi de batteries mobiles capables de stocker et de redistribuer l’énergie selon les besoins. Les possibilités sont infinies !
La vitesse à laquelle BYD passe de l’annonce à la commercialisation démontre que nous sous-estimons souvent la rapidité des avancées technologiques. Ce qui semblait impossible hier devient réalité aujourd’hui, et sera banal demain. C’est exactement ce type d’innovation qui nous permettra de relever les défis environnementaux tout en améliorant notre qualité de vie.
Encore une annonce spectaculaire qui risque de se heurter à la dure réalité. Certes, BYD est un acteur sérieux, mais il y a un monde entre une démonstration contrôlée et un déploiement à grande échelle. Plusieurs questions restent sans réponse.
D’abord, qu’en est-il de la durabilité de ces batteries ? Une charge aussi rapide génère inévitablement beaucoup de chaleur, ce qui est l’ennemi numéro un des batteries lithium-ion. Combien de cycles de charge ultra-rapide ces batteries peuvent-elles supporter avant de se dégrader significativement ? BYD reste étrangement silencieux sur ce point.
Ensuite, parlons infrastructure. Une puissance de charge de 1,2 MW représente un défi colossal pour les réseaux électriques. Même au Québec, avec notre production hydroélectrique abondante, imaginez l’impact sur le réseau si plusieurs véhicules se rechargent simultanément à cette puissance. Les pointes de consommation pourraient devenir ingérables, surtout en hiver quand notre réseau est déjà sollicité au maximum.
Il y a aussi la question de l’accessibilité. Avec les tensions géopolitiques actuelles et les barrières commerciales qui se dressent, combien de temps faudra-t-il avant que cette technologie ne soit disponible chez nous ? Les tarifs douaniers imposés sur les véhicules électriques chinois pourraient rendre ces voitures prohibitives, même si elles arrivent un jour sur notre marché.
Et n’oublions pas que cette technologie, aussi impressionnante soit-elle, ne résout pas tous les problèmes liés aux véhicules électriques. L’extraction des matériaux nécessaires aux batteries reste problématique d’un point de vue environnemental et social. Remplacer une dépendance aux combustibles fossiles par une dépendance aux terres rares et au lithium n’est pas nécessairement un progrès sur le long terme.
Enfin, cette course à l’innovation technologique nous détourne peut-être des questions plus fondamentales sur notre modèle de mobilité. Ne devrions-nous pas plutôt repenser nos villes et nos habitudes de déplacement, plutôt que de chercher à remplacer une voiture par une autre, fût-elle électrique ?
Si vous n'êtes pas redirigé automatiquement, 👉 cliquez ici 👈