Patrick Bélanger
Article en référence: https://9to5mac.com/2025/03/30/apple-health-doctor-project-mulberry/
Apple travaille sur un projet ambitieux nommé “Project Mulberry” qui viserait à “répliquer” virtuellement votre médecin dès l’année prochaine. Selon un article de 9to5Mac, cette initiative s’inscrit dans la stratégie d’Apple d’étendre ses services de santé au-delà des fonctionnalités actuelles de l’Apple Watch et de l’application Santé.
Le projet s’appuierait sur l’intelligence artificielle pour offrir des consultations virtuelles, analyser les données de santé collectées par les appareils Apple, et potentiellement fournir des recommandations médicales personnalisées. Cette technologie pourrait représenter une évolution significative dans la façon dont nous interagissons avec les services de santé, en rendant les consultations médicales plus accessibles et immédiates.
Apple dispose déjà d’une base solide avec son écosystème de santé: l’Apple Watch qui mesure différents paramètres vitaux (fréquence cardiaque, oxygénation du sang, ECG), l’application Santé qui centralise ces données, et les partenariats existants avec des institutions médicales pour le partage sécurisé d’informations. Project Mulberry semble être la prochaine étape logique, utilisant l’IA pour interpréter ces données et offrir des conseils médicaux personnalisés.
Il est important de noter que ce projet s’inscrit dans un contexte où Apple vient de lancer “Apple Intelligence”, sa suite d’outils d’IA générative, dont les performances font l’objet de critiques mitigées selon les commentaires des utilisateurs sur Reddit.
La santé numérique se trouve à un carrefour fascinant, et le Project Mulberry d’Apple illustre parfaitement les promesses et les défis de cette évolution. D’un côté, nous avons un potentiel immense pour démocratiser l’accès aux soins, réduire les délais de consultation et offrir un suivi continu. De l’autre, nous faisons face à des questions légitimes sur la fiabilité de ces technologies et la protection des données sensibles.
La réalité est que nous nous dirigeons probablement vers un modèle hybride où l’IA jouera un rôle de complément, plutôt que de remplacement complet des médecins. Les algorithmes excelleront dans l’analyse de données, la détection de tendances et le triage initial, tandis que les médecins humains conserveront leur expertise pour les diagnostics complexes, les décisions thérapeutiques nuancées et le contact humain essentiel à la relation de soin.
Apple dispose certainement des ressources et de l’écosystème nécessaires pour faire avancer cette vision, mais le chemin sera progressif. Les premières versions de Project Mulberry seront vraisemblablement limitées à des fonctionnalités basiques comme l’interprétation des données de l’Apple Watch, des rappels de médicaments personnalisés ou des recommandations préventives générales.
La prudence s’impose également sur le calendrier annoncé. L’année prochaine semble un délai ambitieux pour un outil aussi complexe, surtout considérant les enjeux réglementaires dans le domaine médical et les performances actuelles d’Apple Intelligence qui, selon plusieurs utilisateurs, peine encore avec des tâches relativement simples.
Imaginez que vous ayez un ami nommé Pomme qui vous dit: “L’an prochain, je vais te présenter mon clone du Dr Tremblay!”
Vous êtes sceptique, et avec raison. Ce même ami Pomme a récemment créé un robot majordome qui devait révolutionner votre quotidien. En pratique, ce robot confond régulièrement “allumer la lumière du salon” avec “commander 12 lampes de jardin”, et quand vous lui demandez la météo, il vous récite parfois la recette de la poutine.
Maintenant, imaginez que ce même ami veuille créer un clone de votre médecin de famille. Ce Dr Pomme virtuel devrait non seulement comprendre vos symptômes, mais aussi interpréter votre historique médical, connaître les dernières recherches en médecine, et vous donner des conseils personnalisés sans jamais se tromper.
C’est un peu comme si votre ami, qui n’arrive pas à programmer correctement son magnétoscope (oui, il utilise encore ça), vous annonçait qu’il va construire une fusée pour aller sur Mars… l’année prochaine.
“Mais Pomme,” lui dites-vous, “ton robot ne sait même pas quelle date on est aujourd’hui!”
“Pas grave,” répond-il avec enthousiasme, “le Dr Pomme saura exactement quel médicament te prescrire pour ton hypertension!”
Vous vous demandez alors si ce Dr Pomme virtuel aura aussi l’habitude de vous faire attendre 45 minutes dans une salle d’attente virtuelle, ou s’il vous dira aussi de “prendre du Tylenol et rappeler si ça ne va pas mieux dans trois jours” pour absolument tout symptôme.
Project Mulberry pourrait véritablement révolutionner notre rapport à la santé! Imaginez un monde où l’expertise médicale devient accessible instantanément, où chaque Québécois dispose d’un médecin virtuel personnel disponible 24h/24, capable d’analyser en temps réel les données de santé collectées par nos appareils.
Cette technologie pourrait être particulièrement transformatrice pour notre système de santé québécois, où les délais d’attente et le manque de médecins de famille sont des problèmes persistants. Un assistant médical IA pourrait effectuer un premier triage efficace, réduisant la pression sur les urgences et permettant aux médecins de se concentrer sur les cas nécessitant véritablement leur expertise.
Pour les régions éloignées du Québec, comme la Côte-Nord ou l’Abitibi, cette technologie pourrait signifier un accès sans précédent à des conseils médicaux de qualité sans nécessiter de longs déplacements. Les personnes âgées ou à mobilité réduite bénéficieraient également d’un suivi médical continu depuis leur domicile.
Apple a toujours excellé dans la création d’interfaces intuitives et accessibles au grand public. Si une entreprise peut démocratiser l’IA médicale de manière sécurisée et conviviale, c’est bien Apple. Leur approche centrée sur la confidentialité des données est également rassurante pour un domaine aussi sensible que la santé.
Les premiers pas seront peut-être modestes, mais ils ouvriront la voie à une médecine préventive personnalisée, où nos appareils détecteront les signes avant-coureurs de problèmes de santé avant même que nous ne les ressentions. C’est le début d’une nouvelle ère où la technologie nous aide non seulement à vivre plus connectés, mais aussi en meilleure santé.
Le Project Mulberry d’Apple illustre parfaitement cette tendance inquiétante à vouloir remplacer l’expertise humaine par des algorithmes, particulièrement dans des domaines aussi critiques que la santé. Soyons réalistes: si Siri peine encore à comprendre des commandes simples après plus d’une décennie d’existence, comment pourrions-nous lui confier nos diagnostics médicaux?
Les commentaires sur Reddit sont révélateurs: l’intelligence artificielle d’Apple est loin d’être au point, même pour des tâches basiques. Certains utilisateurs rapportent que l’assistant ne peut même pas indiquer correctement la date du jour ou allumer les lumières du salon. Et nous devrions faire confiance à cette même technologie pour interpréter des symptômes complexes?
Au-delà des limitations techniques, ce projet soulève d’importantes questions éthiques. Qui sera responsable en cas d’erreur médicale? Comment seront protégées nos données de santé les plus intimes? Apple a beau vanter son engagement pour la confidentialité, l’histoire nous a montré que les promesses technologiques sont souvent compromises par des impératifs commerciaux ou des failles de sécurité.
Pour nous au Québec, où le système de santé fait déjà face à de nombreux défis, cette approche techno-solutionniste risque de créer une médecine à deux vitesses: ceux qui peuvent s’offrir les derniers gadgets Apple et ceux qui en sont exclus. Sans compter que la dépendance excessive à la technologie pourrait nous faire perdre des compétences médicales essentielles et le précieux contact humain qui est au cœur de la relation soignant-soigné.
Ne nous laissons pas séduire par ces promesses mirobolantes. La médecine est un art complexe qui nécessite empathie, intuition et jugement humain - des qualités qu’aucun algorithme ne peut véritablement reproduire, peu importe la puissance de calcul ou la quantité de données analysées.
Si vous n'êtes pas redirigé automatiquement, 👉 cliquez ici 👈