Patrick Bélanger
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Le débat sur le revenu de base universel (RBU) vient de prendre une tournure décisive avec les déclarations de David Sacks, le nouveau “tsar de l’IA” de Trump, qui qualifie cette mesure de “fantaisie” vouée à l’échec. Cette position tranche avec celle de Bernie Sanders, qui propose plutôt une “taxe sur les robots” pour redistribuer les gains de productivité de l’intelligence artificielle.
Le RBU consiste à verser un montant fixe à tous les citoyens, sans condition de travail ou de ressources. L’idée gagne en popularité face aux prédictions d’automatisation massive des emplois par l’IA. Selon certaines projections détaillées dans les discussions, nous pourrions voir une transition graduelle : 300$ par mois en 2029, 1000$ en 2035, jusqu’à 3000$ en 2040, avec une réduction correspondante des revenus de travail.
Les défis économiques sont considérables. Avec des revenus fédéraux américains de 5,1 billions de dollars pour 340 millions d’habitants, un RBU complet représenterait environ 15 000$ par personne par année - soit la moitié d’un salaire à 15$ de l’heure. Cette arithmétique simple révèle l’ampleur du défi de financement.
Les commentaires révèlent une polarisation extrême : d’un côté, ceux qui voient dans l’IA une menace existentielle nécessitant une réponse sociale urgente; de l’autre, ceux qui considèrent ces craintes comme exagérées et le RBU comme économiquement irréalisable.
La réalité se situe probablement quelque part entre l’utopie technologique et l’apocalypse économique. L’histoire nous enseigne que les révolutions technologiques créent autant d’emplois qu’elles en détruisent, mais avec un décalage temporel qui peut être douloureux pour une génération entière.
L’IA actuelle excelle dans des tâches spécifiques mais reste loin de l’intelligence générale. Les emplois les plus vulnérables sont ceux impliquant des tâches répétitives et prévisibles, tandis que ceux nécessitant créativité, empathie et résolution de problèmes complexes résisteront plus longtemps.
Le véritable enjeu n’est peut-être pas de savoir si le RBU sera nécessaire, mais plutôt comment gérer la transition. Les pays qui s’adapteront le mieux seront ceux qui investiront massivement dans la formation continue, qui expérimenteront avec des programmes pilotes et qui développeront des mécanismes de redistribution innovants.
La résistance politique au RBU reflète des préoccupations légitimes sur l’incitation au travail et la viabilité fiscale. Cependant, ignorer complètement la question revient à jouer à la roulette russe avec la stabilité sociale. Une approche pragmatique pourrait inclure des programmes ciblés, des crédits d’impôt élargis et des investissements dans les secteurs résistants à l’automatisation.
Imaginez que vous dirigez une boulangerie familiale depuis trois générations. Votre grand-père pétrissait à la main, votre père a introduit les premiers pétrins mécaniques, et maintenant vous installez des fours programmables. Chaque innovation a éliminé certaines tâches tout en en créant de nouvelles.
Maintenant, une entreprise technologique vous propose un robot-boulanger qui peut produire 1000 croissants parfaits à l’heure, 24h/24, sans pause café ni congés payés. Formidable ! Mais que faites-vous de vos trois employés ? Et surtout, qui va acheter vos croissants si tout le quartier automatise et que personne n’a plus de salaire ?
C’est exactement le paradoxe du RBU. D’un côté, vous avez David Sacks qui dit : “Écoutez, les boulangers ont toujours trouvé du travail, ils vont s’adapter !” De l’autre, Bernie Sanders répond : “Taxons les robots-boulangers pour que tout le monde puisse s’acheter des croissants !”
Pendant ce temps, vos clients regardent leurs comptes en banque vides et se demandent s’ils ne devraient pas apprendre à faire leur pain eux-mêmes. Ou peut-être investir dans des actions de robots-boulangers. Ou encore, organiser une coopérative de quartier où chacun contribue selon ses moyens et reçoit selon ses besoins.
La vraie question n’est pas de savoir qui a raison, mais comment éviter que la boulangerie du futur ne serve que des robots à d’autres robots.
L’avenir s’annonce extraordinaire ! Nous vivons à l’aube d’une révolution qui pourrait libérer l’humanité du travail pénible pour la première fois de son histoire. L’IA et l’automatisation ne sont pas des menaces, mais des outils de libération massive.
Pensez-y : dans 20 ans, nous pourrions tous avoir des assistants IA personnels capables de gérer nos finances, optimiser notre santé, et même créer du contenu personnalisé. Les robots s’occuperont de la production, de la logistique et de la maintenance. L’abondance matérielle sera telle que les notions actuelles de rareté deviendront obsolètes.
Le RBU n’est qu’une étape transitoire. Nous nous dirigeons vers une société post-rareté où chacun pourra poursuivre ses passions : art, science, exploration spatiale, relations humaines profondes. Les entrepreneurs créeront des expériences inimaginables, les artistes repousseront les limites de la créativité, et les scientifiques résoudront les grands mystères de l’univers.
Les inquiétudes actuelles rappellent celles des tisserands face aux métiers à tisser mécaniques. Oui, certains emplois disparaîtront, mais de nouveaux secteurs émergeront : coaching en bien-être IA, design d’expériences virtuelles, éthique algorithmique, exploration de réalités alternatives.
L’humanité a toujours été remarquablement adaptable. Cette fois ne sera pas différente, sauf que nous aurons des outils infiniment plus puissants pour créer un monde meilleur. L’abondance technologique permettra enfin de réaliser le rêve de prospérité universelle.
La naïveté technologique risque de nous mener droit dans le mur. L’histoire du RBU ressemble dangereusement à une carotte agitée devant les masses pendant que les élites préparent un monde où elles n’auront plus besoin de nous.
Réfléchissons froidement : pourquoi les mêmes personnes qui refusent d’augmenter le salaire minimum accepteraient-elles soudainement de financer un revenu universel ? La réponse est simple : elles ne le feront pas. Le RBU sert de narratif rassurant pour justifier l’automatisation massive sans avoir à assumer les conséquences sociales.
L’IA progresse exponentiellement, mais nos institutions politiques et économiques évoluent à la vitesse d’un escargot. Pendant que nous débattons de solutions utopiques, des millions d’emplois disparaissent déjà. Les camionneurs, caissiers, comptables et même programmeurs voient leurs métiers menacés sans filet de sécurité.
Le véritable danger n’est pas l’IA elle-même, mais la concentration de pouvoir qu’elle permet. Une poignée de géants technologiques contrôlera bientôt l’essentiel de la production économique. Dans ce contexte, le RBU devient un mécanisme de contrôle social : juste assez pour éviter les émeutes, pas assez pour permettre une véritable autonomie.
Sans changements structurels profonds - redistribution massive des richesses, propriété collective des moyens de production automatisés, démocratie économique - nous nous dirigeons vers une société à deux vitesses : une élite technologique ultra-riche et une masse dépendante de subsides gouvernementaux. L’automatisation pourrait devenir l’outil ultime d’oppression plutôt que de libération.
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