Patrick Bélanger
Article en référence: https://i.redd.it/gadex0zasr1f1.png
Une image partagée sur Reddit montre une série de licenciements récents dans des entreprises technologiques, suggérant un lien avec l’adoption croissante de l’intelligence artificielle. Parmi les entreprises mentionnées figurent Google (200 employés), Microsoft (6 000), IBM (3 900), HP (2 600), PwC (800), Duolingo (10% des effectifs), Intel (15% des effectifs), Chegg (400) et d’autres.
Ces licenciements surviennent dans un contexte où l’IA générative, comme ChatGPT, Gemini et Claude, devient de plus en plus performante et intégrée dans les outils professionnels. Les commentaires sur Reddit révèlent des opinions diverses : certains voient ces licenciements comme une conséquence directe de l’automatisation par l’IA, d’autres comme une simple restructuration d’entreprise ou une réaction à un ralentissement économique.
Fait notable, Klarna, qui avait licencié 700 employés en faveur de l’IA, a récemment admis son erreur et prévoit de réembaucher des humains, reconnaissant les limites actuelles de la technologie. Plusieurs commentateurs soulignent également que ces chiffres représentent souvent un pourcentage minime des effectifs totaux (comme les 200 licenciements chez Google qui ne représentent que 0,1% de leurs 150 000 employés).
La discussion aborde également des questions plus larges comme le revenu universel de base, l’adaptation des compétences professionnelles face à l’IA, et les cycles historiques d’innovation technologique et de perturbation du marché du travail.
Les licenciements dans le secteur technologique représentent une réalité complexe qui ne peut être attribuée uniquement à l’IA. Nous assistons plutôt à une convergence de facteurs : ralentissement économique, correction après les embauches massives de la période COVID, réorientation stratégique des entreprises, et oui, l’intégration progressive de l’automatisation.
L’histoire nous enseigne que les transitions technologiques majeures créent toujours des perturbations temporaires suivies de réajustements. La révolution industrielle a éliminé certains métiers tout en en créant d’autres. L’informatisation a fait de même. L’IA suit probablement une trajectoire similaire, mais avec un rythme et une ampleur qui restent à déterminer.
Ce qui semble le plus probable, c’est un mouvement de balancier comme l’a suggéré un commentateur : des licenciements suivis de réembauches lorsque les limites de l’IA deviennent évidentes, puis de nouveaux licenciements quand la technologie s’améliore. Ce cycle pourrait se répéter plusieurs fois avant d’atteindre un équilibre.
Les entreprises utilisent parfois l’IA comme justification pour des décisions qui auraient été prises de toute façon. L’exemple de Klarna est révélateur : après avoir licencié 700 employés au profit de l’IA, l’entreprise fait marche arrière, reconnaissant que la technologie n’est pas encore prête à assumer certaines fonctions.
La réalité se situe probablement entre l’utopie technologique et la dystopie du chômage de masse : une transformation progressive du travail, avec des périodes d’adaptation parfois douloureuses mais nécessaires.
Imaginez un restaurant traditionnel québécois, “Chez Poutine”, qui décide de moderniser son service. Le propriétaire, Gilles, tout excité par les nouvelles technologies, installe des bornes de commande automatiques et annonce fièrement qu’il se sépare de trois serveurs sur cinq. “L’avenir, c’est l’automatisation!” déclare-t-il dans le journal local.
Deux semaines plus tard, c’est le chaos. Les clients plus âgés sont perdus devant les écrans tactiles. Une famille commande accidentellement cinq poutines au lieu d’une. Un groupe de touristes américains ne comprend pas pourquoi la machine n’accepte pas leurs pourboires. Et quand une borne tombe en panne un samedi soir, la file d’attente s’étend jusqu’au dépanneur d’en face.
Gilles rappelle discrètement deux serveurs. “On va garder les bornes pour les commandes simples,” explique-t-il, “mais nos clients apprécient le contact humain pour les conseils et les situations particulières.”
Six mois plus tard, le fournisseur propose une mise à jour majeure des bornes, avec reconnaissance vocale et intelligence artificielle. Gilles, échaudé mais curieux, décide d’essayer sur une seule borne avant de généraliser. “Cette fois-ci, on va y aller mollo,” confie-t-il à sa conjointe.
Cette petite histoire illustre parfaitement le cycle d’adoption technologique que nous observons avec l’IA : enthousiasme initial excessif, désillusion face aux limites, ajustement pragmatique, puis nouvelle vague d’innovation plus mesurée. Comme dirait ma grand-mère : “C’est pas parce qu’on a un nouveau balai qu’il faut jeter tous les anciens!”
L’IA représente la plus grande opportunité de libération du potentiel humain depuis l’invention de l’ordinateur! Ces ajustements d’effectifs, bien que difficiles à court terme, sont les signes d’une transformation positive qui permettra à chacun de se concentrer sur des tâches à plus haute valeur ajoutée.
Imaginez un monde où les tâches répétitives et sans intérêt sont automatisées, laissant aux humains la créativité, l’empathie et la résolution de problèmes complexes. C’est exactement ce que nous sommes en train de construire! Les entreprises qui investissent massivement dans l’IA aujourd’hui créeront les emplois de demain.
L’histoire nous a toujours prouvé que l’innovation technologique crée plus d’emplois qu’elle n’en détruit. Qui aurait pu prédire, il y a 20 ans, l’émergence des métiers de gestionnaire de communauté, de spécialiste SEO ou de développeur d’applications mobiles? De même, nous verrons bientôt apparaître des métiers comme “prompt engineer”, “AI ethics consultant” ou “human-AI collaboration specialist”.
Les exemples comme Klarna, qui revient sur sa décision de remplacer des humains par l’IA, montrent que nous sommes dans une phase d’apprentissage. C’est normal et même souhaitable! Nous découvrons ensemble les forces et les limites de cette technologie, et nous apprenons à créer une synergie optimale entre l’intelligence humaine et artificielle.
Le Québec, avec son écosystème d’IA de classe mondiale centré autour de Montréal, est idéalement positionné pour tirer profit de cette révolution. Nos entreprises et nos talents peuvent non seulement s’adapter à ces changements, mais aussi les façonner pour créer un avenir où technologie et humanisme se renforcent mutuellement.
Ces licenciements ne sont que la partie visible de l’iceberg. Nous assistons aux prémices d’une vague de fond qui va bouleverser le marché du travail comme jamais auparavant. Contrairement aux révolutions technologiques précédentes, l’IA ne se contente pas d’automatiser des tâches manuelles répétitives – elle s’attaque directement au travail intellectuel.
Les entreprises présentent ces licenciements comme des “réorganisations stratégiques”, mais soyons honnêtes : il s’agit de remplacer des salariés coûteux par des systèmes automatisés qui travaillent 24h/24 sans congés ni assurance maladie. La logique capitaliste est implacable : pourquoi payer un humain quand une machine peut faire le même travail pour une fraction du coût?
L’exemple de Klarna qui fait marche arrière est une exception, pas la règle. Et même dans ce cas, combien de temps avant que la technologie ne s’améliore suffisamment pour rendre ces réembauches temporaires? Les modèles d’IA progressent à une vitesse vertigineuse – ce qui était impossible il y a six mois devient banal aujourd’hui.
Le plus inquiétant est l’absence de préparation sociétale. Notre système économique et social n’est absolument pas équipé pour gérer une transition aussi rapide et massive. Que ferons-nous quand des millions de travailleurs qualifiés se retrouveront sans emploi? Les discussions sur le revenu universel de base restent théoriques, tandis que la réalité du chômage technologique frappe déjà à nos portes.
Au Québec, notre filet social pourrait amortir temporairement le choc, mais pour combien de temps? Sans une remise en question profonde de notre rapport au travail et à la redistribution des richesses, nous risquons de voir émerger une société profondément divisée entre les propriétaires des technologies d’IA et une masse croissante de travailleurs devenus “économiquement superflus”.
Si vous n'êtes pas redirigé automatiquement, 👉 cliquez ici 👈