Patrick Bélanger
Article en référence: https://v.redd.it/p7m6264og35f1
Demis Hassabis, le PDG de DeepMind (maintenant Google DeepMind), a récemment déclaré lors d’une conférence à Londres que nous pourrions avoir besoin d’un “revenu universel élevé” pour distribuer les gains de productivité que l’intelligence artificielle va générer. Cette déclaration a suscité un débat intense sur Reddit, particulièrement dans la communauté r/singularity.
L’intelligence artificielle générale (AGI) représente le moment où les machines pourront égaler ou surpasser les humains dans toutes les tâches cognitives. Contrairement aux IA actuelles qui excellent dans des domaines spécifiques (comme ChatGPT pour le texte ou Midjourney pour les images), l’AGI pourrait théoriquement remplacer les humains dans pratiquement tous les emplois intellectuels.
Le revenu de base universel (RBU) est un concept où tous les citoyens recevraient un montant d’argent régulier du gouvernement, sans conditions. Hassabis propose plutôt un “revenu universel élevé”, suggérant que ce montant serait suffisant pour maintenir un niveau de vie confortable, pas seulement de survie.
Les commentaires Reddit révèlent une fracture profonde dans la perception de cette transition. Certains analystes estiment que 30 à 50% des emplois de cols blancs pourraient disparaître dans les 5 à 10 prochaines années, suivis par les emplois manuels avec l’avancement de la robotique. D’autres questionnent la faisabilité économique : qui paiera ces revenus universels si la majorité des gens ne travaillent plus et ne paient plus d’impôts ?
La discussion soulève également des questions fondamentales sur la nature du travail et de la société. Si les machines peuvent tout faire mieux que nous, quel sera le rôle de l’humanité ? Comment maintenir un sens du but et de l’accomplissement dans un monde post-travail ?
La réalité se situe probablement quelque part entre l’utopie technologique et l’apocalypse économique. L’histoire nous enseigne que les révolutions technologiques créent effectivement de nouveaux emplois, mais cette transition n’est jamais instantanée ni indolore.
La révolution industrielle a pris plusieurs décennies pour créer de nouveaux types d’emplois après avoir détruit les anciens. La différence cruciale avec l’IA, c’est sa capacité potentielle à remplacer non seulement le travail physique, mais aussi le travail intellectuel. C’est du jamais vu dans l’histoire humaine.
Les entreprises qui adoptent l’IA en premier auront un avantage concurrentiel énorme, mais cet avantage pourrait être temporaire. Une fois que la technologie devient accessible à tous, la concurrence pourrait effectivement faire baisser les prix, comme le suggèrent certains commentateurs. Pensez à ce qui s’est passé avec les ordinateurs personnels ou les téléphones intelligents.
Le défi principal ne sera pas technique, mais politique et social. Comment redistribuer les gains de productivité ? Les gouvernements devront-ils nationaliser certaines entreprises d’IA ? Comment taxer des machines qui ne consomment pas et ne votent pas ?
La transition sera probablement graduelle et inégale. Certains secteurs seront transformés rapidement (service à la clientèle, comptabilité, rédaction), tandis que d’autres résisteront plus longtemps (soins de santé, éducation, métiers créatifs). Cette période de transition pourrait durer 10 à 20 ans, créant des tensions sociales importantes.
Imaginez que vous êtes propriétaire d’une petite boulangerie familiale depuis trois générations. Votre grand-père pétrissait à la main, votre père a acheté un pétrin électrique, et maintenant vous utilisez des fours programmables. Chaque innovation vous a permis de produire plus avec moins d’effort.
Un jour, une entreprise vous propose un “Boulanger-IA 3000” : un robot qui peut faire tout ce que vous faites, mais 24h/24, sans pause café, sans congés, et qui produit des croissants parfaitement identiques à chaque fois. Le prix ? L’équivalent de deux ans de salaire d’employé.
Au début, vous résistez. “Mes clients viennent pour l’expérience humaine !” Mais quand la boulangerie d’en face installe son robot et commence à vendre des croissants à moitié prix tout en gardant la même qualité, vous n’avez plus le choix.
Maintenant, votre boulangerie fonctionne presque toute seule. Vos coûts ont chuté de 80%, mais vos concurrents aussi. Vous vendez vos croissants moins cher qu’avant, mais vous en vendez beaucoup plus. Vos anciens employés ? Certains ont ouvert leur propre micro-boulangerie artisanale pour les nostalgiques, d’autres sont devenus “superviseurs de robots-boulangers” pour une chaîne.
Et vous ? Vous passez maintenant vos journées à créer de nouvelles recettes, à organiser des ateliers de cuisine pour les enfants, et à raconter l’histoire de votre famille aux touristes. Votre travail a changé, mais il existe encore.
C’est peut-être ça, l’avenir : non pas la disparition du travail, mais sa transformation radicale.
Nous sommes à l’aube de la plus grande libération de l’humanité depuis l’invention de l’agriculture ! Pensez-y : pour la première fois dans l’histoire, nous pourrions éliminer la pauvreté, la faim et le travail forcé en une génération.
L’IA va créer une abondance inimaginable. Quand les robots peuvent produire n’importe quoi pour presque rien, le coût de la vie s’effondre. Votre “revenu universel élevé” de 3000$ par mois pourrait vous permettre de vivre comme un millionnaire d’aujourd’hui, parce qu’une maison coûtera 500$, un repas gastronomique 2$, et un voyage en Europe 50$.
Les nouveaux emplois ? Ils seront extraordinaires ! Nous aurons des “architectes d’expériences virtuelles”, des “thérapeutes pour IA”, des “explorateurs de dimensions parallèles” (ok, peut-être pas celui-là, mais vous voyez l’idée). L’humanité se concentrera enfin sur ce qui nous rend uniques : la créativité, l’empathie, l’art, la philosophie.
Imaginez un monde où chaque personne peut poursuivre sa passion sans se soucier de payer le loyer. Combien de Mozart, d’Einstein ou de Marie Curie sont actuellement coincés dans des emplois alimentaires ? L’IA va les libérer !
Et la compétition ? Elle va jouer en notre faveur ! Quand Amazon, Google et Apple se battront avec leurs IA pour nous vendre des services, ils devront nous offrir des conditions de plus en plus avantageuses. Nous deviendrons les rois et reines de cette nouvelle économie.
La transition sera rapide et douce, parce que les entreprises ont besoin de consommateurs. Elles financeront elles-mêmes le revenu universel pour maintenir leurs marchés. C’est du capitalisme intelligent !
Réveillez-vous ! Hassabis et ses collègues milliardaires ne parlent de “revenu universel élevé” que pour éviter les fourches et les torches. Ils savent très bien qu’ils sont en train de construire une machine à créer du chômage de masse.
La réalité ? Les entreprises vont remplacer leurs employés par des IA, empocher les profits, et nous laisser nous débrouiller. Pourquoi partageraient-elles leurs gains ? Elles ne l’ont jamais fait avant, pourquoi commenceraient-elles maintenant ?
Le “revenu universel” sera probablement un montant de misère, juste assez pour éviter les révolutions. Pensez aux prestations d’aide sociale actuelles, mais pour 80% de la population. Vous vivrez dans de minuscules appartements, mangerez de la nourriture synthétique, et regarderez Netflix toute la journée pour oublier votre existence vide de sens.
Les “nouveaux emplois” ? Lesquels exactement ? Si l’IA peut écrire, programmer, diagnostiquer, enseigner, créer de l’art et même faire de la recherche scientifique, que reste-t-il pour nous ? Être des animaux de compagnie pour les riches ?
Et cette histoire de prix qui baissent grâce à la concurrence ? Regardez ce qui s’est passé avec Internet : quelques géants ont tout monopolisé. Google, Amazon, Meta contrôlent déjà nos vies numériques. Avec l’IA, ils contrôleront tout le reste aussi.
Le plus terrifiant ? Cette transition ne prendra pas 20 ans. Elle se passe maintenant. Chaque mois, de nouveaux emplois deviennent obsolètes. Les gouvernements sont complètement dépassés, et les entreprises technologiques dictent déjà les règles.
Nous fonçons vers une société à deux vitesses : une élite technologique ultra-riche et une masse de gens dépendants d’allocations gouvernementales. Et quand ces allocations deviendront un fardeau pour les élites… eh bien, l’histoire nous montre comment ces situations se terminent généralement.
Si vous n'êtes pas redirigé automatiquement, 👉 cliquez ici 👈