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Récapitulatif factuel

Lors d’une récente intervention, Sam Altman, PDG d’OpenAI, a déclaré que la base d’utilisateurs de l’entreprise aurait doublé en quelques semaines seulement, atteignant désormais environ 10% de la population mondiale. Cela représenterait environ 800 millions d’utilisateurs actifs hebdomadaires.

Ces chiffres s’inscrivent dans une tendance de croissance rapide pour OpenAI. En août dernier, l’entreprise rapportait 280 millions d’utilisateurs actifs hebdomadaires, puis 400 millions en janvier, et maintenant possiblement 500 millions ou plus selon cette nouvelle déclaration. Il est important de noter que ces statistiques concernent les utilisateurs actifs hebdomadaires et non le nombre total de comptes créés.

Cette croissance coïncide avec plusieurs développements récents chez OpenAI, notamment des améliorations de leurs modèles d’IA et l’expansion de leurs services comme la génération d’images et les capacités vocales. La plateforme attire particulièrement les développeurs, les étudiants et les créateurs de contenu, qui constituent une part importante de sa base d’utilisateurs.

Il convient de préciser qu’un “utilisateur actif” dans ce contexte fait référence à un compte utilisé au moins une fois par semaine, et non nécessairement à une personne unique, puisque certains individus peuvent posséder et utiliser plusieurs comptes.

Point de vue neutre

L’annonce spectaculaire d’Altman mérite d’être nuancée. Si OpenAI connaît indéniablement une croissance impressionnante, les chiffres avancés doivent être interprétés avec prudence. La distinction entre “comptes” et “utilisateurs uniques” est cruciale dans cette analyse.

De nombreux utilisateurs maintiennent plusieurs comptes pour contourner les limitations des versions gratuites, ce qui gonfle artificiellement les statistiques. Par ailleurs, une utilisation ponctuelle pour générer une image ou poser une question simple compte autant qu’un usage professionnel quotidien dans ces métriques.

La réalité se situe probablement entre l’enthousiasme d’Altman et le scepticisme des critiques. OpenAI connaît une adoption massive, mais la profondeur et la pérennité de cet engagement restent à démontrer. Le taux de conversion vers des abonnements payants (estimé à environ 2% selon certains commentaires) constitue un indicateur plus pertinent de la valeur perçue que le simple nombre d’utilisateurs.

La croissance actuelle reflète davantage un phénomène d’exploration collective qu’une intégration définitive dans nos habitudes quotidiennes. Nous sommes dans une phase d’expérimentation où chacun teste les possibilités de ces outils, sans que leur place dans notre écosystème numérique soit encore clairement définie.

Exemple

Imaginez un nouveau restaurant qui ouvre dans votre quartier avec un concept révolutionnaire : vous pouvez commander n’importe quel plat que vous imaginez, et leurs cuisiniers tentent de le créer instantanément. Le bouche-à-oreille fonctionne à merveille et le propriétaire annonce fièrement : “10% des habitants de la ville sont déjà venus chez nous !”

Ce que le propriétaire ne précise pas, c’est que dans ce décompte :

• Votre voisin y est allé quatre fois avec quatre identités différentes pour profiter des offres de bienvenue
• Votre collègue y est passé juste pour prendre un café et voir l’ambiance
• Plusieurs curieux ont simplement ouvert la porte, regardé le menu et sont repartis
• Beaucoup sont venus une fois par curiosité mais ne sont jamais revenus

Et quand on demande combien de ces visiteurs sont devenus des clients réguliers payant le prix fort (au lieu du menu dégustation gratuit), le chiffre tombe soudainement à 2%.

Le restaurant est-il vraiment populaire? Oui, incontestablement. A-t-il révolutionné la gastronomie locale? Pas encore. Est-ce que 10% des habitants sont réellement des clients? C’est plus compliqué que ça…

Pendant ce temps, dans la cuisine, les chefs s’inquiètent de pouvoir maintenir la qualité face à l’afflux de demandes, tandis que les investisseurs se demandent quand le restaurant commencera à être rentable malgré la file d’attente à l’entrée.

Point de vue optimiste

Ces chiffres vertigineux témoignent d’une révolution technologique sans précédent dans l’histoire de l’humanité! Jamais une technologie n’a connu une adoption aussi rapide et massive. Pour mettre cela en perspective, il a fallu 16 ans à Facebook pour atteindre 2 milliards d’utilisateurs, alors qu’OpenAI pourrait atteindre le milliard en moins de deux ans d’existence publique.

Cette croissance exponentielle illustre parfaitement la valeur transformative de l’IA générative dans notre quotidien. Les gens adoptent ChatGPT et les autres services d’OpenAI parce qu’ils y trouvent une utilité concrète et immédiate, que ce soit pour la productivité professionnelle, l’éducation, la créativité ou simplement pour faciliter leur vie quotidienne.

Nous assistons à la démocratisation de l’intelligence artificielle, qui devient accessible à tous, indépendamment des compétences techniques. Cette adoption massive accélère l’innovation par effet de réseau : plus les utilisateurs sont nombreux, plus les cas d’usage se diversifient, et plus les modèles s’améliorent grâce aux retours d’expérience.

Le faible taux de conversion actuel vers les abonnements payants n’est qu’une étape transitoire. À mesure que les cas d’usage professionnels se développent et que la valeur ajoutée devient évidente, la monétisation suivra naturellement. Nous sommes au début d’une nouvelle ère technologique qui transformera profondément notre économie, notre travail et notre façon d’interagir avec la technologie.

Point de vue pessimiste

Derrière ces chiffres mirobolants se cache une réalité bien moins reluisante. La course effrénée aux métriques de croissance rappelle dangereusement la bulle internet des années 2000 ou celle des cryptomonnaies. On valorise le nombre d’utilisateurs sans se préoccuper de la viabilité économique ou de l’utilité réelle.

Le modèle économique d’OpenAI reste précaire, avec des pertes estimées à plusieurs milliards de dollars par an. La conversion des utilisateurs gratuits en abonnés payants stagne à des niveaux inquiétants. Comment justifier des valorisations astronomiques avec un taux de conversion de seulement 2%?

Par ailleurs, cette croissance s’accompagne d’une centralisation inquiétante du pouvoir technologique. Quelques entreprises américaines contrôlent désormais des outils qui influencent la manière dont des centaines de millions de personnes s’informent, travaillent et créent. Les implications pour la vie privée, l’autonomie intellectuelle et la diversité culturelle sont préoccupantes.

On observe également un phénomène de restriction croissante des capacités de ces systèmes. La génération d’images devient paradoxalement plus limitée qu’à ses débuts, avec des blocages inexpliqués et des contraintes accrues. Cette tendance suggère que le contrôle et la censure pourraient s’intensifier à mesure que ces plateformes gagnent en influence.

Enfin, l’empreinte environnementale de cette croissance explosive reste largement ignorée. Les centres de données nécessaires pour entraîner et faire fonctionner ces modèles consomment des quantités astronomiques d’énergie et d’eau, posant la question de la durabilité de ce modèle à l’échelle annoncée par Altman.